Ce mardi 26 septembre se tenait à Rabat le troisième conseil trimestriel de Bank Al Maghrib (BAM). A l’issue de ce conseil, le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri, a décidé de maintenir le taux directeur à son niveau de 3%.
Le Wali a livré sa présentation suite au Conseil et s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les journalistes, comme il en a l’habitude. Voici les faits saillants à retenir.
Verbatim.
Les raisons d'un maintien
"Nous avons gardé le TD inchangé. Nous avons estimé que le pic est derrière nous. Nous voyons également le même mouvement du côté extérieur. Nous voyons aussi que la crise de l'offre est en train de s’atténuer. Nous avons pris en compte l’impact du séisme, qui est une situation exceptionnelle. Mais nous n’avons pas le recul nécessaire pour analyser la totalité de cet impact.
"Concernant l’inflation, le niveau attendu en 2024 se rapproche de la cible de BAM, mais il y a des risques qui entourent cela. Regardez ce qui se passe à l’extérieur avec la Russie qui bloque les sorties de céréales. Il y a des moyens de contournement, puis des menaces d’attaques de bateaux… Tout cela pour dire que le politique prime encore, et quand c’est le cas, les incertitudes sont là. De la même manière, en ce qui concerne le prix à la pompe, là aussi, nous avons vu une hausse des prix, qui vient de la hausse de l’activité économique et aussi de l’amenuisement de l’offre des membres de l’OPEP+.
"Ce sont ces évaluations avec les risques qu’elles comprennent, qui nous ont amené à laisser le taux directeur inchangé.
"Dans cette situation, nous sommes en relation avec les organisations internationales, comme le FMI, qui travaillent actuellement sur l’impact du séisme. Le gouvernement a mis en place un soutien de 120 MMDH sur 5 ans, soit près de 10% du PIB. Là aussi, nous verrons comment les choses devront être financées. C’est un élément global qui doit être revu en fonction du chiffrage.
"Il faut prendre en compte le fait qu'il y a des lignes de tirage spécifiques. Nous avons la LCM de 5 milliards de dollars et si l’on veut tirer, on peut le faire. Mais il faut avoir le recul et voir quelle est la composante de financement la mieux adaptée, dans l’intérêt du pays."
Concernant le contexte économique global et la crise de la dette, cette dernière est internationale : "C’est un des points qui sera évoqué lors des assemblées de Marrakech, particulièrement pour le continent africain. C’est pour cela que nous appuyons ce qu’essaie de faire le FMI et la BM, de réunir tous les créanciers d’un pays pour pouvoir essayer de donner une solution viable à l’ensemble de la dette."
L'impact du séisme sur le PIB encore trop difficile à estimer
"Nous avons jaugé les impacts sur les secteurs qui pouvaient être touchés. La région touchée est à vocation principalement agricole. Nous avons fait tout un travail de détail. Cependant, il faut rappeler un point. C’est que l’impact sur la croissance, l’impact budgétaire, sur la balance des paiements, l’impact macro-économique ne peut pas être évalué maintenant. Il est nécessaire d’avoir du recul pour faire des choses valables.
"On a 55.000 logements à reconstruire, on parle d’aide de 140.000 dirhams pour les destructions totales, 80.000 dirhams pour les destructions partielles, etc.. Mais quel est le pourcentage de ce qui est totalement ou partiellement détruit ? C’est difficile de jauger les choses maintenant. Il y a des gens qui ne font pas de dons, mais participeront au fonds de Pupilles de la nation par exemple. D’ici décembre, nous y verrons plus clair avec des données plus complètes et le premier travail fort sur le sujet se fera en 2024.
"Mais il faut noter que dans tous les pays qui ont connu une catastrophe naturelle, nous assistons à une reprise de l’activité économique. Il y a une hausse de la croissance qui sera engendrée. C’est normal, car vous êtes dans une période de reconstruction. Il y a un tas de secteurs qui vont se mettre au pas. Le tourisme repartira, la construction repartira…
"Concernant les dons en lien avec le séisme, nous suivons ces évolutions chaque jour et globalement, c’est-à-dire avec les entreprises et les particuliers, nous approchons les 10 MMDH au niveau du fonds 126 en deux semaines."
La transmission du taux directeur s'observe progressivement sur les adjudications et les taux débiteurs
"D’abord, il y a quelques résultats. Quand on voit que les taux débiteurs ont progressé de 102 pbs et que le taux directeur affiche une hausse de 150 pbs, je pense que le régulateur a fait son travail en tapant du poing sur la table. Que l’examen se fasse selon le risque d’appréciation dossier par dossier, je peux le comprendre.
"L’autre résultat, nous le voyons, et il ne concerne pas que les taux débiteurs, mais il y a aussi le taux des adjudications du Trésor sur le marché des adjudications. Là aussi, le taux cumulé d’augmentation n’est pas à 150 mais 118 pbs.
"Ce que nous essayons de voir, c’est que la concurrence soit de mise, qu’il n’y ait pas d’entente. Quand vous prenez les crédits par objet économique, les crédits de trésorerie ont augmenté et ceux d'équipement ont baissé au cours du T-2. Pour moi, les banques se conforment aux recommandations de la banque centrale. Quand nous observons la donne banque par banque, nous voyons que la concurrence joue.
"Je vous donne d’ailleurs un exemple, avec le virement instantané. Il a été gratuit pendant 3 mois. Nous avons suivi la tarification et avons observé que cela passait du simple au double, ce qui est une bonne nouvelle car la concurrence joue."
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de commenter nos articles