Face à 50 accusés, une femme droguée par son mari et victime de viols refuse le huis clos.

Publié le : 07/09/2024 

Le palais de justice à Avignon, le 2 septembre 2024. © Christophe Simon, AFP

Le huis clos a été refusé lundi au procès d'un retraité jugé à Avignon pour avoir drogué son épouse et recruté plusieurs dizaines d'inconnus sur internet pour la violer pendant dix ans dans leur domicile, en région parisienne puis à Mazan, dans le Vaucluse. Ce procès rarissime par le nombre total d'accusés va se dérouler jusqu'au 20 décembre.

"La honte doit changer de camp" : conformément au souhait de la victime, le huis clos a été refusé, lundi 2 septembre, au procès de Dominique P., retraité jugé à Avignon pour avoir drogué son épouse et recruté des dizaines d'inconnus sur internet pour la violer, pendant dix ans. "Les débats seront publics", a tranché Roger Arata, président de la cour criminelle de Vaucluse, composée de cinq magistrats professionnels, après une courte suspension de séance lundi matin.

Le ministère public avait défendu sa demande de huis clos en rappelant que des vidéos des faits, filmées par le mari, seraient "nécessairement visionnées" et que "non seulement la publicité des débats serait dangereuse mais (elle) porterait aussi atteinte à la dignité des personnes".

"Il ne faut pas que ce soit un spectacle", avaient également demandé certains avocats des coaccusés, au nombre de 50.

Croquis d'audience réalisé le 2 septembre 2024 montrant Dominique P., soupçonné d'avoir drogué son épouse et recruté des inconnus pour la violer, lors de son procès à Avignon © Benoit PEYRUCQ / AFP

Avant même la décision de la cour, Gisèle P., très digne à son arrivée et durant toute cette première journée d'audience, avait fait savoir qu'elle souhaitait "une publicité complète" de ce dossier, une publicité "totale, jusqu'au bout". Une position partagée par les trois enfants du couple, tous parties civiles, dont l'AFP a décidé de préserver l'anonymat, afin de protéger leur vie privée et celle de leurs six enfants respectifs.

Débutée lundi vers 9 h 40, en retard, en raison notamment de la pression médiatique autour de ce dossier mais aussi du nombre conséquent d'accusés, l'audience a été suspendue peu avant 15 h.

Les débats reprendront mardi matin avec la lecture du long et très cru rapport d'enquête par le président de la cour. Lundi matin déjà, Caroline, la fille de la victime, a dû quitter l'audience, en pleurs.
"Un procès hors norme"

Ce procès, rarissime par le nombre total d'accusés, 51 — dont un, en fuite, sera jugé par défaut —, va se dérouler jusqu'au 20 décembre prochain. Pour le quotidien Libération, il s'agit du "procès de l'impensable".

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