Le dérèglement climatique rend l’eau de plus en plus rare et de qualité dégradée

 Avis d’expert … 

Le dérèglement climatique rend l’eau de plus en plus rare et de qualité dégradée

Le 30 août 2024



Fouad Amraoui Président Association de Recherche Action pour le Développement Durable.

La crise de l’eau au Maroc est sans précédent
en termes d’ampleur et de durée. Depuis 2019, six années consécutives de sécheresse ont épuisé les réserves d’eau du pays, incapables de répondre à une demande toujours croissante.

Les changements climatiques, marqués par une tendance accrue à l’aridité et une réduction des apports en eau, aggravent la situation. Actuellement,

les barrages ne sont remplis qu’à hauteur de 29,8 % en moyenne, avec des disparités régionales importantes. Les efforts du gouvernement, incluant le plan national de l’eau 2020-2027, visent à s’adapter aux sécheresses répétitives en construisant de nouveaux barrages, en transférant de l’eau entre bassins, en dessalant l’eau de mer et en réutilisant les eaux usées traitées. 

La stratégie nationale de l’eau à l’horizon 2050, en cours d’actualisation, cherche à intégrer les eaux non conventionnelles et à renforcer la connexion entre les bassins.

Le dérèglement climatique rend l’eau de plus en plus rare et de qualité dégradée, ce qui impose
une vision globale pour une répartition équitable et la préservation de cette ressource essentielle.

La crise favorise l’exode rural et l’urbanisation rapide, entraînant des dysfonctionnements urbains tels que la pression sur les ressources, l’habitat insalubre et la pollution. Elle s’accompagne également de phénomènes météorologiques extrêmes et d’une concurrence accrue entre les utilisateurs de l’eau, affectant la sécurité alimentaire et la stabilité géopolitique du pays.

Les citoyens et les communautés locales ont un rôle crucial à jouer en adoptant des gestes écocitoyens et en contrôlant l’exploitation de l’eau. Il est essentiel d’instaurer des rencontres régulières à l’échelle régionale pour dialoguer et mettre en oeuvre des plans d’action adaptés. La recherche scientifique doit être encouragée et orientée vers la résolution des problématiques régionales de l’eau, avec une meilleure collaboration entre la sphère politique et les institutions académiques.
La sensibilisation de tous les acteurs, notamment
par l’éducation à l’environnement dans les programmes scolaires, est primordiale.

Enfin, les décideurs politiques et les entreprises doivent adopter une approche sérieuse et collaborative pour préserver l’eau en quantité et en qualité. Une gestion de l’eau adaptée aux disponibilités actuelles et futures, combinée à l’utilisation de technologies économes et à la mise en place de plans d’urgence, est nécessaire pour assurer la stabilité, la paix sociale et la prospérité future du pays.



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