Le Maroc, un modèle unique de stabilité et de croissance dans sa région.


Le Maroc, un modèle unique de stabilité et de croissance dans sa région.

Publié le dimanche 08 septembre 2024.


Dans une analyse approfondie pour Geopolitical Intelligence Services (GIS), l’experte en affaires africaines Teresa Nogueira Pinto examine les deux dernières décennies de réformes politiques et économiques qui ont permis au Maroc de consolider sa stabilité et d’affirmer son statut de puissance moyenne. Sous la direction du Roi Mohammed VI, le Royaume a su répondre aux défis régionaux et internationaux tout en développant un modèle de gouvernance unique dans la région. Toutefois, malgré des progrès notables, des vulnérabilités internes et des menaces régionales persistent.

Depuis deux décennies, le Maroc a réalisé des avancées significatives vers une stabilité politique et économique, grâce à une série de réformes stratégiques menées sous la direction du Roi Mohammed VI. Face aux défis posés par les mouvements de protestation du Printemps arabe, le Maroc a répondu par des réformes institutionnelles et économiques qui ont su consolider la paix sociale et renforcer son attractivité internationale.

Une gouvernance unique

Le système de gouvernance marocain, marqué par une monarchie enracinée et un pouvoir royal fort, a joué un rôle central dans la gestion des crises, notamment lors des manifestations de 2011, souligne Teresa Nogueira Pinto. Contrairement à d’autres pays de la région, le Maroc a réussi à éviter la violence généralisée, en choisissant d’introduire des réformes politiques plutôt que de réprimer les contestations. Dès mars 2011, le Roi Mohammed VI annonçait des changements importants, comme la révision constitutionnelle qui renforçait le rôle du Parlement et introduisait des garanties en faveur de la liberté d’expression et des droits de la femme.

Cette approche progressive et concertée des réformes a permis au Maroc d’établir une stabilité politique durable, même si des défis subsistent. Le Royaume a ainsi évité les bouleversements politiques qui ont marqué la Tunisie, l’Égypte ou encore la Libye, dont les transitions post-Printemps arabe ont été marquées par des troubles prolongés.

Croissance et diversification économique.

L’essor économique du Maroc s’est accompagné de politiques industrielles ambitieuses, telles que le Plan d’accélération industrielle (2014-2020), qui a dynamisé des secteurs clés comme l’automobile et l’aéronautique. Ces initiatives ont renforcé la compétitivité du pays sur le marché mondial et attiré des investissements directs étrangers (IDE), en particulier en provenance de l’Europe et de pays du Golfe.

En parallèle, le Maroc a diversifié ses partenariats économiques, se tournant vers l’Afrique subsaharienne, notamment depuis son retour à l’Union africaine en 2017. Cette réintégration a favorisé le développement de projets d’infrastructure, ainsi que des investissements dans les secteurs de l’énergie et des ressources naturelles dans plusieurs pays africains.

Le défi des réformes sociales et structurelles.

Malgré ces succès, le Maroc continue de faire face à des défis économiques importants, notamment en matière de croissance inclusive et de chômage des jeunes, qui atteint près de 23 %. Le Nouveau Modèle de développement lancé en 2021 ambitionne de répondre à ces défis structurels. Il propose des solutions ciblées pour améliorer la compétitivité économique, réformer le système judiciaire et décentraliser la gouvernance. La suppression progressive des subventions, notamment celles sur les produits énergétiques, constitue également une étape essentielle pour réorienter les ressources publiques vers des secteurs stratégiques.

Stabilité régionale et défis à venir.

Le Maroc demeure confronté, d’après l’experte en affaires africaines, à des menaces internes et externes, telles que la pression migratoire. Les aléas climatiques, comme la sécheresse récurrente, fragilisent également l’agriculture, un secteur vital pour l’économie nationale. Toutefois, le Royaume est bien placé pour poursuivre sa trajectoire de croissance. L’organisation conjointe de la Coupe du monde de football en 2030, la mise en œuvre de la Stratégie numérique 2030 et les investissements dans les technologies émergentes devraient contribuer à maintenir l’élan de réformes et renforcer la position du Maroc en tant que puissance moyenne.

Un modèle difficilement réplicable

Bien que les réformes marocaines offrent un exemple de stabilité et de transformation dans la région du Maghreb, elles sont difficilement transposables dans le voisinage, d’après Teresa Nogueira Pinto. 

La combinaison d’un leadership fort et d’une monarchie stable permet au Maroc de naviguer habilement dans les turbulences géopolitiques. 

Les autres pays du Maghreb, confrontés à des transitions politiques incertaines et à des défis économiques structurels, peinent à reproduire ce modèle, affirme l’experte.

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