Guerre en Ukraine : Comment des internautes analystes en sources ouvertes décryptent la propagande sur les réseaux sociaux !
Guerre en Ukraine : Comment des internautes analystes en sources ouvertes décryptent la propagande sur les réseaux sociaux !
Entre information et désinformation, la guerre entre la Russie et l’Ukraine se joue aussi en direct sur les réseaux sociaux. Des civils analysent les images qui circulent, mettant parfois au jour des opérations d'intox. Leurs décryptages sont même appréciés par les militaires…
Extrait du magazine "18h15 le dimanche" du 3 avril 2022.
La Russie a préparé l’opinion sur les réseaux sociaux avant l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022 à l’aube. Elle a construit un récit dans lequel les russophones du Donbass apparaissent en victimes du régime ukrainien. Trois jours avant l’entrée de l’armée russe est publiée une vidéo signée par un groupe pro-russe dans laquelle il est dit que "les miliciens ukrainiens continuent d’effectuer des attaques terroristes qui visent directement la population civile des Républiques du Donbass". Ce commentaire illustre des images montrant un homme à terre de 34 ans qui "a été blessé par des éclats" de mortier de 120 millimètres.
Cette scène des conséquences de l’attaque semble filmée dans la panique avec un téléphone portable. On y voit une victime blessée en train d’être soignée. La voix du commentaire explique qu’une enquête est menée aussitôt après l’attaque par un militaire pro-russe en uniforme qui affirme face caméra : "Aujourd’hui lundi 21 février, des formations militaires ukrainiennes ont de nouveau bombardé le territoire de la République de Louhansk.
Suite aux tirs, un habitant a perdu sa jambe gauche. Il a reçu les premiers soins sur place et a été transféré immédiatement à l’hôpital." Et la victime est ensuite présentée sur son lit d’hôpital comme si elle venait tout juste d’être opérée…
"Oui, on participe à la guerre de l’information"
Une membre du personnel médical de l’hôpital précise que l’homme allongé sur le lit, amputé d’une partie de la jambe gauche et avec un bandage sanguinolent, se trouve dans "un état critique". Des internautes analystes de sources ouvertes ont retrouvé la vidéo en question… et tout est faux. C’est une mise en scène. L’homme qui aurait perdu sa jambe était en fait déjà amputé avant la soi-disant attaque ukrainienne : la fixation métallique de sa prothèse est en effet visible sur les images. Ces décrypteurs ont déjà trouvé huit autres vidéos de propagande pro-russe destinées à alimenter les réseaux sociaux.
"On a pu observer que les Russes voulaient faire croire que les Ukrainiens étaient les agresseurs et les troupes russes des forces de maintien de la paix positionnées près de la frontière, explique l’analyste en sources ouvertes Benjamin Strick au magazine '13h15 le dimanche' (replay). Sous le pseudonyme "Coupsure", l’analyste en sources ouvertes Benjamin Pittet est suivi de son côté par 170 000 abonnés.
Ses contributions sur ce conflit sont prises très au sérieux par les militaires : "On a la chance d’avoir des réseaux comme ça qui se sont constitués au fil du temps et qui nous amènent l’information. Je n’imagine même pas de nous priver de ces sources très précieuses.
C’est très puissant", reconnaît Jean-Paul Paloméros, ex-chef d’état-major de l’Armée de l’air. Le jeune analyste OSINT (Open Source Intelligence) précise : "Mon travail est en direct, tout le monde peut le voir. Oui, on participe à la guerre de l’information.
On peut avoir un rôle positif et donner les faits véridiques." Quelle différence entre lui et un service de renseignement ? "Je fais ça depuis mon canapé…"
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