GUERRES SALES ET GUERRES PROPRES

 

GUERRES SALES ET GUERRES PROPRES

Quand en mars 1999, lors de l’opération « Force alliée » en Yougoslavie l’OTAN violait le droit de la guerre en bombardant la République fédérale de Yougoslavie, faisant selon les sources de 400 à 600 victimes civiles, s’agissait-il d’une guerre propre ?

 
Léo Mira

Léo Mira

Dieu que la guerre est belle quand elle est faite par l’OTAN, et quelle est salle quand elle est faite par les Poutine ! Dans le climat de propagande entretenu par les chaînes d’information en continu, les propos tenus par Michel Taube interpellent notre faculté de penser, et interrogent sur nos capacités à résister à la pensée unique qui prédomine sur la guerre en Ukraine, qualifiée par le fondateur d’opinion internationale de « sale guerre ». 

Comme s’il y avait des guerres propres – la France et l’Angleterre en 2011 en Libye, les États-Unis en 1983 à la Grenade, en 2003 en Irak, l’OTAN en 1999 en Yougoslavie, les Occidentaux de 2001 à 2021 en Afghanistan –, et des guerres sales comme celle que mène aujourd’hui Poutine en Ukraine. 

En juin 2000, dans un document public publié à Londres et intitulé « INTERVENTION DE L’OTAN EN YOUGOSLAVIE - Dommages collatéraux ou homicides illégaux ? » Amnesty international dénonce les violations du droit de la guerre par l’OTAN lors de l’opération « Force alliée » en Yougoslavie. 

Dans ce document « Amnesty international estime que les pertes civiles occasionnées par l’Opération - Force alliée - auraient pu être sensiblement réduites si l’OTAN avait strictement respecté les lois de la guerre. » […] « Ce n’est pas parce que l’OTAN est une alliance qu’elle doit être dispensée de l’obligation de veiller, dans la pratique, à ce que les forces qui interviennent sous son égide respectent les normes les plus strictes en matière de droit international humanitaire, et notamment le Protocole I, outre les obligations conventionnelles des États et les législations nationales en vigueur » précise le document.

Aucune guerre n’est propre, pas plus qu’il n’y a de guerre juste. Celle menée par la Russie en Ukraine est aussi condamnable que celles menées ou pilotées de par le monde par les États-Unis (qui ont fait des milliers de morts) depuis la fin de la dernière guerre mondiale. 

Ce qui est aussi condamnable, c’est d’être les vassaux des Américains en maintenant cette organisation archaïque qu’est l’OTAN, dont sa raison d’être est de défendre les intérêts des puissants groupes financiers d’outre-Atlantique, souvent contraires à ceux de l’Europe. Pour mémoire, la vente pour 56 milliards d’euros de sous-marins par la France à l’Australie a été torpillée en septembre dernier par l’ami et allié Joe Biden. 

C’est grotesque que de nous présenter Poutine comme un dangereux dictateur menant une sale guerre contre l’Ukraine, tout en rendant la Russie et son peuple responsables de cette situation dangereuse pour la paix dans le monde, en excluant les artistes, les sportifs, et même les chats russes des rencontres et des compétitions internationales. 

C’est dire combien cette propagande de guerre – qui pour le coup n’a rien à envier à celle attribuée à Poutine – peut mener à l’absurde. Absurdité d’une présidente sans légitimité de la Commission européenne, qui annonce que l’Union européenne va acheter (à qui ?) des avions de combat pour l’Ukraine (pilotés par qui ?). De quelle légitimité peut se réclamer Ursula von der Leyen, épinglée par la médiatrice de l’UE après son refus de transmettre à la presse des textos qu’elle a échangés l’année dernière avec le PDG de Pfizer sur les achats de vaccins contre le Covid ? Le journal Libération écrit : « Ce 10 novembre 2021, lors d’une cérémonie de l’Atlantic Council à Washington, elle (Ursula von der Leyen) a remis le prix du meilleur dirigeant commercial au PDG de Pfizer. Choisi parmi d’autres par la Commission européenne pour fournir les vaccins contre le Covid-19 à l’Europe, empochant en passant des bénéfices financiers de plusieurs dizaines de milliards d’euros. » Grotesque aussi, que d’interdire les médias russes en Europe (quid de nos principes de liberté d’informer ?), tout en dénonçant l’absence de cette liberté en Russie. Ces mesures vont inévitablement aboutir à l’interdiction de nos médias en Russie (qui continuent à ce jour à effectuer leur travail), et vont nous priver de toute information vérifiée au pays de Poutine. 

La déclaration irresponsable de notre ministre des finances : « Les sanctions infligées à la Russie sont d’une efficacité redoutable. Nous livrons une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe » exprime les intentions guerrières qui animent nos gouvernants. L’escalade punitive des Européens contre la peuple russe, orchestrée par Washington, nous prépare-t-elle à ce « pire est à venir » annoncé par notre président Macron et son ministre Le Drian ?

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