Des employées musulmanes de l'AP-HP radiées pour le port de charlottes, le Défenseur des droits saisi.

Des employées musulmanes de l'AP-HP radiées pour le port de charlottes, le Défenseur des droits saisi.

Le Conseil français du culte musulman dénonce ces radiations en raison du port d’une charlotte, "assimilée" par la hiérarchie à un "signe religieux par destination".

Plusieurs infirmières ont été radiées de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) pour non-respect du règlement du Guide la Laïcité publié par l’institution sur le port de couvre-chefs, des décisions dénoncées par le Conseil français du culte musulman. (©Illustration – AdobeStock – WavebreakMediaMicro)

Publié le 19 décembre 2025

Application du principe de laïcité ou pratiques potentiellement discriminatoires ?

L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) fait l’objet d’intenses critiques formulées jeudi 18 décembre 2025 par le Conseil français du culte musulman (CFCM), le représentant officiel des musulmans auprès de l’État français, après la radiation de plusieurs employées musulmanes, « ou supposées comme telles », « en raison du port d’une charlotte, assimilée par leur autorité hiérarchique à un ‘signe religieux par destination’». L’AP-HP assure qu’elle applique simplement le principe de laïcité.

« Stupéfaction et sidération » du Conseil français du culte musulman

Cette prise de parole du CFCM par voie de communiqué de presse intervient après des articles publiés par Mediapart et Politis qui relatent les situations de femmes employées par l’AP-HP, notamment des soignantes, qui ont été licenciées et radiées car elles avaient, selon leur hiérarchie, enfreint le règlement en matière de laïcité en refusant d’ôter leur couvre-chef. 

Mediapart évoque notamment le cas d’une soignante de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière dans le 13e arrondissement de Paris.

Le CFCM dit avoir pris connaissance de ces situations « avec stupéfaction et sidération », estimant que les sanctions prises par les Hôpitaux de Paris apparaissent « comme étant à la fois disproportionnées et injustifiées ».
Il est rappelé que le règlement au sein de l’AP-HP prévoit, selon son Guide de la Laïcité publié en 2025, que « le port d’une charlotte de bloc opératoire, en dehors des situations dans lesquelles elle est requise pour les besoins du service, peut constituer l’expression d’une appartenance religieuse et, ainsi, un comportement professionnel fautif ».

« Un climat de suspicion inacceptable »

Mais pour le CFCM, « cette formulation est rédigée en des termes trop vagues pour pouvoir être appliquée sans encadrement précis » et, par conséquent, elle « engendre un climat de suspicion inacceptable » et un « double standard » entre les femmes musulmanes (ou perçues comme l’étant) et les autres.

Une femme musulmane « ne pourrait porter sereinement un calot – vêtement usuel et courant en milieu hospitalier – sans s’exposer à une sanction disciplinaire grave, tandis qu’une collègue perçue comme ‘non musulmane’ pourrait porter le même couvre-chef sans difficulté », sans faire « l’objet d’interrogation de la part de (sa) hiérarchie sur la raison » de ce port.

Une situation jugée « non seulement absurde mais également insupportable au regard des principes d’égalité et de non-discrimination » par l’institution. « Au regard du préjudice subi par les femmes concernées, le CFCM annonce qu’il saisira dès à présent le Défenseur des droits, afin de demander le retrait immédiat du passage litigieux du Guide de la laïcité de l’AP-HP » et exige aussi « l’ouverture d’une enquête administrative transparente, assortie de données chiffrées précises, portant sur le nombre de personnes concernées par ces radiations, ainsi que sur la nature des éléments .

Contacté par actu Paris, l’AP-HP explique qu’elle « n’a pas de commentaire à apporter en réponse à ce communiqué de presse. Elle rappelle qu’elle applique, comme l’ensemble des institutions publiques et des établissements hospitaliers en France, le principe de laïcité, auquel elle est légalement tenue ».

Par Glenn Gillet



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