Sommet Arabe : L'Algérie tente-t-elle de pousser le Maroc au boycott ?
A 1 mois du sommet de la Ligue arabe prévu les 1er et 2 novembre et dont le pays hôte est l’Algérie, les invitations des pays membres n’ont pas toutes été remises. Celle du Maroc traine et ce retard n’est pas anodin.
Selon un article du média algérien Echourouk daté du 19 septembre, déjà 16 des dirigeants arabes avaient reçu leur invitation pour le sommet d’Alger.
Les monarchies arabes ont été citées en premier: Arabie saoudite, Sultanat d’Oman, Jordanie, Koweït, Émirats arabes unis, Bahreïn et Qatar.
Et les chefs d’Etat tunisien, égyptien, palestinien, mauritanien, irakien, djiboutien, soudanais, libanais et libyen ont également reçu leur invitation selon le site.
Plusieurs observateurs de la scène internationale et spécialistes du monde arabe ont affirmé que le principal enjeu et facteur de réussite de ce sommet sera la participation du Maroc. Ce sommet ne sera suivi que si le Maroc y participe.
Et pour cause, l’Algérie a unilatéralement rompu ses relations diplomatiques avec le Royaume, son voisin, en août 2021, et a multiplié les gestes d’inimitié, de provocation depuis la montée au pouvoir en 2019 de l’actuel président algérien, Abdelmadjid Tebboune.
Le Maroc de son côté, s’est gardé de commenter ou de s’ingérer dans les affaires internes algériennes. Le Roi Mohammed VI a continué, dans ses discours, de lancer des invitations au dialogue franc et à faire table rase du passé. Ses appels et mains tendues n’ont pas trouvé écho chez les dirigeants algériens.
Nul doute que la trame de fond de cette mésentente entre les deux voisins et poids lourds maghrébins n’est autre que le dossier du Sahara où l’Algérie et le Maroc sont les deux principales parties, même si officiellement Alger n’assume plus son rôle devant les Nations Unies depuis la dernière résolution du Conseil de sécurité.
La réunion de la Ligue arabe a été depuis le tout début d’une grande difficulté à organiser pour l’Algérie. Les monarchies arabes du Golfe ont été toutes réticentes voyant les implications d’une rencontre pareille organisée en Algérie.
Les réticences et les craintes légitimes des pays arabes tournaient autour de la manipulation de la cause palestinienne et de la récente vague de normalisation avec Israël, mais aussi de l’envie chez Alger de refaire admettre le régime syrien de Bachar Al Assad, et enfin le Sahara, une affaire dans laquelle toutes les nations arabes soutiennent l’intégrité territoriale et la souveraineté du Maroc, à l’exception de l’Algérie.
Si Alger a réussi à amadouer la plupart des pays invités, même l’Egypte, en annulant ses prétentions et velléités, la dualité avec le Maroc reste entière.
Parmi les pays qui n’ont toujours pas annoncé avoir reçu l’invitation signée par Abdelmadjid Tebboune, figurent le Yémen, le Maroc, les iles Comores et la Somalie.
A noter que l’invitation du Maroc doit être adressée au Roi Mohammed VI et le fait que le Maroc soit la seule monarchie arabe à ne pas avoir reçu d’invitation, est une grave faute protocolaire.
L’Algérie a chargé son ministre de la Justice de remettre des invitations à 3 pays, à savoir l’Arabie Saoudite, le Maroc et la Jordanie. Le ministre a commencé par Ryad et déjà remis l’invitation à l’Arabie saoudite en premier la semaine dernière et s’est ensuite rendu à Amman pour inviter le Roi Abdallah II. L’invitation du Maroc traine alors que les deux pays sont mitoyens.
Et au moment où tous les pays membres de la Ligue arabe n’ont pas encore reçu leur invitation comme le veut la tradition et le protocole, le président Abdelmadjid Tebboune a commencé à envoyer des invitations aux invités d’honneur, là encore une autre « bourde » de protocole.
Ainsi, le président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall, a été invité ce week-end alors qu’aucune nouvelle sur l’invitation du Maroc n’a filtré, ni du côté marocain ni de celui algérien.
Ce retard accusé pour inviter le Maroc n’est pas anodin venant de l’Algérie. Déjà, la semaine dernière, un journaliste algérien exilé en France annonçait que le régime algérien avait commencé une campagne médiatiques féroce contre la personne du Roi Mohammed VI afin de lui envoyer le message que, supposément, « il ne serait pas le bienvenu en Algérie s’il décidait de venir ».
Le régime algérien a été pris de court par l’annonce (non confirmée) par un média français, de la participation en personne du Roi Mohammed VI au Sommet arabe alors qu’Alger misait sur sa non participation étant donné que la dernière réunion de la Ligue arabe à laquelle le Souverain a participé remonte à 2005.
Face à l’absence de réponse de Rabat, l’Algérie serait entrée dans la deuxième étape de son plan visant à écarter le Maroc de cette réunion, ont indiqué des opposants algériens exilés.
« L’Algérie veut un sommet arabe pour unir les Arabes, et elle tarde à inviter son voisin arabe comme l’impose le protocole, relève le niveau de l’hostilité contre les Marocains et pousse le polisario à mener des opérations militaires avec des armes algériennes, le tout dans le but de provoquer Rabat pour le pousser à boycotter le sommet et que le lobby du régime atteigne l’objectif de tenir un sommet sans la présence du Maroc. Un plan trop évident! », a tweeté l’Algérien Anwar Malek, le juriste et spécialiste en affaires internationales.
De son côté, le bloggeur et opposant algérien, Oualid Kebir, a relevé l’erreur de protocole d’Abdelmadjid Tebboune qui a envoyé une invitation au président de l’Union africaine avant celle du Maroc.
« Monsieur Abdelmadjid Tebboue, tu devais envoyer une invitation officielle au Roi du Maroc en tant que représentant d’un pays membre de la Ligue des États arabes avant d’adresser les invitations aux invités d’honneur (non membres). Mais les atermoiements de votre régime sont faits exprès et le but est de pousser le Maroc à boycotter le sommet ! », a-t-il écrit.
« Le complexe marocain continue », a indiqué le journaliste marocain Mustapha Elasri qui a écrit:
« Les invitations à assister au sommet arabe sont adressées à tous les
pays arabes, à l’exception du Maroc jusqu’à présent. Le ministre de la
Justice chargé de remettre les invitations à l’Arabie Saoudite et à la
Jordanie et au Maroc les a remis il y a une semaine à Ryad et Amman..
sans aucune trace de lui à Rabat ».