Justin Trudeau : Le Canada a écouté les enregistrements du meurtre de Jamal Khashoggi !
Le Premier ministre canadien est le premier dirigeant occidental à confirmer que les services de renseignement de son pays ont entendu les enregistrements relatant ce qui est arrivé au journaliste saoudien assassiné à Istanbul.
Alors que la Turquie affirme avoir transmis les cassettes « à tout le monde », la France comme les États-Unis nient avoir écouté les enregistrements en question.
Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré ce lundi lors d’une conférence de presse à Paris, que les services de renseignement de son pays avaient écouté les enregistrements relatant ce qui était arrivé au journaliste saoudien Jamal Khashoggi, au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre dernier. « Oui, les agents canadiens ont entendu ces enregistrements » a affirmé le Premier ministre canadien, qui a précisé qu'il n'avait pas entendu le contenu des cassettes.
« Les agents de renseignement du Canada travaillent très étroitement sur cette question avec les services de renseignement turcs », a-t-il déclaré. « Le Canada a été pleinement informé de ce que la Turquie a dû partager ». En revanche, Justin Trudeau n'a pas précisé ce qu'il y avait sur les enregistrements ni s'ils provenaient bien du consulat saoudien le jour de l'assassinat du journaliste. Il est à noter que ces transcriptions ont été transmises par les autorités turques à l’Arabie Saoudite, au Canada, aux États-Unis, à la France, à l’Allemagne et à la Grande-Bretagne, comme l’a affirmé samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Une information néanmoins démentie par Paris et Washington.
Les Français et les Américains nient avoir reçu les enregistrements
Avec ses déclarations, Justin Trudeau est le premier dirigeant occidental à admettre très officiellement que les renseignements de son pays ont entendu les enregistrements relatifs à la mort de Jamal Khashoggi. Il a d’ailleurs ajouté que le Canada continuait à collaborer avec ses alliés dans le cadre de l’enquête sur la responsabilité du meurtre de l’éditorialiste et qu’il discutait actuellement avec eux sur les mesures à prendre en ce qui concerne les prochaines étapes avec l'Arabie Saoudite.
Les propos du Premier ministre canadien interviennent après que le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré samedi que la Turquie avait enregistré ce qui était arrivé à Jamal Khashoggi et avait transmis les bandes à l'Arabie Saoudite, aux États-Unis, à l'Allemagne, à la France, à la Grande-Bretagne et à tout le monde. « Nous avons donné les cassettes. Ils ont écouté toutes les conversations. Ils sont au courant », a affirmé le président turc. Pourtant, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a affirmé lundi qu'il ne disposait d'aucune information sur les enregistrements liés au décès du journaliste saoudien. « Si le président turc a des informations à nous communiquer, il devrait nous les donner », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision française France 2. « À ma connaissance, le gouvernement turc n’a encore rien partagé avec Paris », a-t-il ajouté.
Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, s’est quant à lui entretenu dimanche avec le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane et a rappelé que les États-Unis tiendraient les auteurs du meurtre de Jamal Khashoggi pour responsables, sans jamais faire mention des bandes. Bien au contraire, Mike Pompeo a nié à plusieurs reprises avoir entendu ou reçu les cassettes.
Pour rappel, les relations canado-saoudiennes sont tendues depuis le mois d’août après qu'Ottawa a critiqué le traitement réservé aux activistes des droits des femmes par Riyad. L’Arabie Saoudite avait alors riposté en expulsant l’ambassadeur du Canada tout en rappelant son ambassadeur à Ottawa et en appliquant d’autres mesures punitives.
Le prince héritier saoudien avait attiré l’attention de la communauté internationale pour avoir ordonné la répression des opposants au régime saoudien, notamment en condamnant à mort trois personnalités religieuses - une initiative sans précédent - et en procédant à l’arrestation de militantes des droits des femmes.
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