Subventions aux associations : La mise à jour juridique plus nécessaire que jamais !
La Cour des comptes a scruté le système d’aide publique aux associations et la gestion des subventions accordées aux fondations des œuvres sociales. Le verdict est sans appel : manque d’encadrement juridique et multiples lacunes en termes de gestion. Détails.
Le soutien public aux
associations a été mis sous la loupe de la Cour des comptes qui vient de
publier son rapport sur la période 2019-2020. Ce sujet est si important
que la Constitution insiste sur le rôle des associations et des
organisations non-gouvernementales dans la promotion de la démocratie
participative. La mission et le financement de ces organismes devraient
s’accomplir dans le cadre de la loi. Ceci est loin d’être une réalité,
selon la Cour présidée par Zineb El Adaoui, qui a critiqué l’absence
d’un cadre juridique permettant de définir et d’identifier les
associations « intéressées à la chose publique », ainsi que les
mécanismes de gestion des subventions et les modalités de leurs
décaissements, en plus des autres règles générales relatives au soutien.
Jusqu’à présent, les textes relatifs aux associations
n’ont pas été mis à jour, souligne le rapport, expliquant que le
Département ministériel chargé des Relations avec la société civile ne
dispose pas de mécanismes d’encadrement permettant de coordonner le
soutien public accordé aux associations et d’assurer l’homogénéité des
interventions de l’État dans ce domaine.
Nécessité d'une réforme juridique
Pour remédier à ces difficultés, la Cour a appelé à la mise à jour de
l’arsenal législatif relatif aux associations. L’objectif est de le
rendre conforme avec les dispositions de la Constitution. Si le rapport
insiste sur l’urgence de la réforme des textes juridiques, c’est parce
que la Cour des comptes juge cette action nécessaire « en vue de
permettre la définition et l’identification des associations dites «
intéressées à la chose publique ».
Aussi, la mise à jour
des textes, aux yeux de la Cour, permettra de déterminer les mécanismes
de gestion, de suivi du soutien public et des méthodes de son
décaissement et de son évaluation.
En plus du volet
juridique, la maîtrise des associations pose aussi problème puisqu’il
manque un système d’information qui soit en mesure de permettre au
gouvernement d’avoir une connaissance fine des acteurs de la société
civile, de leurs domaines d’intervention, de leurs modes de
fonctionnement et de leurs sources de financement.
Cette
mission est du ressort, en principe, du Secrétariat Général du
Gouvernement (SGG) qui est chargé d’élaborer un système d’information
national pour les associations en coordination avec les départements
ministériels concernés. Pourtant, ce système n’a pas encore vu le jour,
ce qui affecte l’efficacité des subventions accordées aux associations,
estime la Cour des comptes. Pour cette raison, il est urgent d’élaborer
ce système dans les plus brefs délais.
Le rapport s’est
penché également sur la gestion des subventions accordées aux fondations
et aux associations des œuvres sociales. Ces fondations, rappelons-le,
prodiguent plusieurs prestations, à savoir les services de restauration,
de transport, de logement, des prêts sociaux, ainsi que des aides dans
le domaine médical, d’estivage, des crèches, et des activités sportives
et culturelles. Il en existe 13 qui couvrent 83% des fonctionnaires et
agents de l’État, précise la même source. Constatant un manque
d’encadrement légal de ces fondations, la Cour des comptes appelle de
nouveau à la réforme des textes juridiques de sorte à apporter une
définition juridique claire des œuvres sociales au profit des agents et
fonctionnaires de l’État.
Par ailleurs, la Cour a appelé
les départements ministériels à harmoniser leurs efforts en la matière.
Rappelons que, durant la période 2017-2020, les subventions octroyées
par 24 départements ministériels aux fondations et associations des
œuvres sociales ont atteint 5,10 MMDH. S’agissant des subventions
accordées aux associations par les différents départements ministériels
durant la même période, elles se sont élevées à 11,2 milliards de
dirhams, soit 2 millions de dirhams par an, selon la Cour des comptes.
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