- Obtenir le lien
- X
- Autres applications
La pédophilie fait des ravages en Algérie.
Le phénomène de la pédophilie ne cesse de prendre de l’ampleur en Algérie.
Si
les victimes des violences sexuelles se comptent parmi toutes les
catégories d’âge et sans distinction de sexe, il n’en demeure pas moins
que les mineurs restent les cibles les plus privilégiées des agresseurs.
Attentat à la pudeur, viol, acte indécent, inceste... sont autant de
maux qui continuent bel et bien d’exister dans notre société qui,
souvent, refuse de regarder en face ces phénomènes. Il ne se passe pas
un jour sans que ce genre de violence occupe les manchettes des
journaux. Si l’on se fie aux décomptes des différents services de lutte
contre ce phénomène, c’est près d’un millier de cas qui a été recensé
durant l’année 2008. Mais la réalité est tout autre.
Combien y a-t-il de victimes ? « En réalité beaucoup plus,
certainement 3 à 4 fois plus de ce qui est rendu public », commente le
président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le
développement de la recherche (Forem), le professeur Khiati. Contacté
hier, il estime que « c’est un phénomène qui ne fait que croître parce
que les gens en parlent et le signalent de plus en plus ». Sans omettre
de préciser que « d’autres cas de violences sexuelles existent à des
taux qui restent à préciser ».
En tout état de cause, pour ce spécialiste des enquêtes sur la violence à
l’égard des enfants, « les parents transgressent les tabous et
déclarent ces violences qui étaient auparavant cachées ». Pour lui,
« les chiffres donnés aujourd’hui traduisent les plus grandes
communications des personnes touchées mais restent en deçà de la
réalité ».
Pourquoi ? « Difficile de connaître cette réalité, car il
s’agit de distinguer la vérité que disent les enfants », selon le Pr
Khiati qui nuance : « Pour parler de la violence, il faut qu’il y ait
des situations et surtout des déclarations des enfants qui confortent
les auteurs. »
Il cite le cas des attouchements où, selon lui, « les déclarations des
enfants sont en fonction de leur âge et de leur niveau intellectuel ».
Il explique : « Lorsqu’il s’agit d’attouchements, c’est encore plus
compliqué. Pour ce cas d’abus, il faut mettre cela entre les mains de
personnels très avisés, des juges bien formés, des psychologues, des
points d’écoute, des éducateurs et des maîtres d’école », explique-t-il.
C’est pourquoi le Pr Khiati pense qu’« une meilleure information
dirigée avec tact envers les enfants pourrait nous donner une projection
plus réaliste ».
Cela étant, l’abus sexuel est souvent découvert suite à une fugue de la
victime alors que l’acte se déroule souvent dans une maison cloîtrée,
sur un chantier ou dans un endroit isolé. Bien sûr, chez les familles,
savoir que son enfant a subi d’atroces sévices est quelque chose
d’insupportable.
La douleur est profonde. Chez la victime, le viol
laisse une empreinte indélébile. S’il est déjà une atteinte physique, le
viol est aussi une souillure psychologique qui l’accompagne toute sa
vie ; la victime demeure prisonnière de cet acte abject et condamnable
tant qu’elle n’aura pas exorcisé son mal.
L’inceste reste un tabou
Les abus sexuels intrafamiliaux sont aussi plus fréquents au moment de
la puberté, celui le plus souvent rencontré est l’inceste qui conduit à
des conséquences encore plus fâcheuses sur le plan psychologique.
« L’inceste reste un tabou "jalousement gardé", il n’y a que les
adolescentes (ou les adolescents) qui le révèlent quand elles (ils)
quittent la maison », selon Pr Khiati.
C’est dire que cette forme de criminalité requiert un combat sans merci
contre ses auteurs qui, en usant de violence, font aussi preuve de
lâcheté et de vilenie pour ne citer que ces deux adjectifs qui sont
encore loin de décrire la gravité de l’acte du viol. Pour y faire face,
des ONG imaginent souvent des outils pédagogiques de sensibilisation et
d’information au profit des enfants.
Est-ce suffisant ? « Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes
de prise en charge immédiatement », estime M. Khiati. Plus explicite,
notre interlocuteur invite les pouvoirs publics à « créer des mécanismes
de coordination entre les associations qui s’occupent des enfants et
les différents organes de protection, la GN, la police et la justice,
mais aussi les structures d’accueil ».
Son constat : « D’une façon générale, la prise en charge des enfants
victimes de maltraitance est déficitaire et les mécanismes sont très
lents à mettre en place. » Il est vrai que les structures d’accueil en
font défaut. Beaucoup de victimes demeurent sans prise en charge –
psychologique surtout – après avoir été victimes d’abus sexuels. Il n’y a
pas d’assistance sociale. Pire que cela, « il n’y a pas de structures
en dehors de celles habituelles, police, Gendarmerie nationale et
tribunaux pour déposer plainte ».
C’est pourquoi d’ailleurs, « même le nombre de plaintes est un chiffre à
reconsidérer, car les gens en parlent plus », selon M. Khiati, qui
indique que « selon des chiffres des différents organes de lutte depuis
début 2000 à aujourd’hui, le nombre de plaintes a été multiplié par
4 ».
Peu importe, n’est-il pas temps pour les pouvoirs publics de sortir de
leur hibernation et d’entamer un travail d’accompagnement et de
sensibilisation pour venir à bout de cette absurdité ?
Cela, sans compter que la famille doit elle aussi jouer son rôle.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de commenter nos articles