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Respirateur artificiel 100% Marocain : Un an, et toujours rien !
- 30 Mars 2021
L’annonce de la conception d’un respirateur artificiel 100% marocain destiné aux patients atteints de Covid-19 avait été agréablement accueilli par le grand public. Presqu’un an plus tard, cette innovation n’a toujours pas été homologuée.
Au point de susciter de multiples interrogations ?
Nous sommes début avril 2020. Plus d’un mois après l’apparition du premier cas de Covid-19 au Maroc. Tout le corps médical est mobilisé pour faire face à la pandémie. Les innovateurs et industriels marocains rivalisent d’ingéniosité pour créer des solutions innovantes pour participer à «l’effort de guerre». De toutes ces innovations, une a principalement retenu l’attention du grand public: le respirateur artificiel 100% marocain.
Un prototype conçu par une équipe pluridisciplinaire composée d’une vingtaine d’experts notamment de chercheurs de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), du Groupement des industries marocaines, aéronautiques et spatiales (GIMAS), de l’Institut national des postes et télécommunications (INPT), et du Centre marocain pour la science, l’innovation et la recherche (MaSCir).
Un appareil indispensable en réanimation pour les cas graves de Covid. «La particularité de cet appareil réside essentiellement dans l’utilisation de matières premières et pièces totalement disponibles au Maroc, sans avoir recours à l’importation, ainsi que dans sa capacité de fonctionner dans toute circonstance ou situation», déclarait fièrement Hafid Griguer, chercheur à l’UM6P et membre de ce staff scientifique. Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, non plus, n’avait pas caché sa satisfaction devant ce produit made in Morocco, lors de sa présentation en grandes pompes.
8 millions de dirhams investis
Il n’hésitait pas à s’afficher fièrement dans les usines de montage ou sur les écrans de télévision pour présenter cette innovation chapeautée par son département. Mieux, il promettait que «dans deux semaines, nous aurons 500 respirateurs prêts. Après, nous passerons à une production à plus grande échelle. Nous envisageons de produire toutes les quantités. Et si les conditions le permettent, pourquoi pas en exporter?».
Presqu’un an plus tard, l’enthousiasme cède la place au scepticisme. Les interrogations foisonnent. Ces 500 respirateurs artificiels n’ont pas encore franchi le portail des hôpitaux, faute d’homologation par le ministère de la Santé. «Le ministère de la Santé n’a pas encore homologué ce respirateur artificiel parce qu’il ne répond pas aux normes essentielles en vigueur et aux consignes de la commission scientifique pluridisciplinaire constituée d’experts en réanimation anesthésie, pneumologie et médecine interne», avait déclaré, mi-octobre 2020, sur 2M, Bouchra Meddah, directrice du médicament et de la pharmacie du ministère.
Quelques jours auparavant, M. Elalamy tentait de calmer la polémique, pour dire en quelque sorte qu’il n’y avait pas de péril en la demeure. «Nous sommes rentrés dans la phase d’enregistrement avec le ministère de la Santé. Les process sont longs. Nous sommes dans un process normal, qui n’est pas accéléré, parce que le Maroc détient déjà plus de 1.200 respirateurs, dont une partie ne sont pas utilisés.
Le nombre de patients intubés ou ventilés est estimé à moins de 50. Si l’urgence était là, ces respirateurs allaient être utilisés sans certification », affirmait-il sur Medi 1. Le 16 mars, lors des «RDV de l’Industrie», rencontre consacrée au secteur aéronautique organisée par son département, il révèle que les concepteurs du respirateur lui ont opposé un refus quand il a proposé de leur rembourser les 8 millions de dirhams investis dans ce respirateur, et qu’ils préfèraient attendre la certification de l’appareil.
Ce retard considérable dans l’homologation pourrait décourager les nombreux innovateurs marocains qui s’investissent corps et âme pour rehausser la recherche et développement (R&D) au Maroc, dans un contexte marqué par une rivalité scientifique accrue sur fond de labels nationaux.
Les autorités sanitaires sont averties.
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