STRESSES - La crise sanitaire a amplifié le niveau de détresse psychologique des salariés, révèle ce mercredi une étude.

STRESSES - La crise sanitaire a amplifié le niveau de détresse psychologique des salariés, révèle ce mercredi une étude.



Après neuf mois de crise sanitaire, la santé psychologique des salariés s'est très nettement dégradée, "impactant toutes les dimensions de leur vie" : voilà le constat imparable et effrayant d'une étude publiée par OpinionWay pour Empreinte Humaine, une société franco-canadienne spécialisée dans la prévention des risques psychosociaux.

Réalisé auprès d'un échantillon de 2000 salariés du privé et du public, du 19 au 28 octobre, donc juste avant le reconfinement, ce sondage met au jour les effets délétères de cette situation de crise inédite, traumatisante pour certains.

La hiérarchie n'est pas épargnée
Une détresse psychologique qui regroupe des manifestations de désespoir, de nervosité, d'agitation et de dépression, et qui favorise les troubles anxieux et de l'addiction pouvant engendrer des conséquences physiques comme les AVC ou l'hypertension. Si le déconfinement avait permis une baisse de ces signaux, ils "repartent très nettement à la hausse" avec 49% des salariés (+7 points par rapport à mai 2020) dans cette situation, dont 18% en détresse psychologique élevée (+1), détaille l'enquête, la quatrième du genre depuis le début de la crise sanitaire.

Pire, 35% des salariés sont en état d'épuisement émotionnel sévère et environ un million en burnout sévère (soit 5%). Tandis que 24% des salariés interrogés déclarent avoir déjà été en arrêt de travail à cause du stress ou de l'anxiété (74% de détresse psychologique) soit environ 5,5 millions, avance même Opinionway à partir de ses projections.

Autre phénomène préoccupant, le questionnaire, construit par des scientifiques, a également permis de mettre au jour "un taux de détresse psychologique en hausse très nette pour la hiérarchie, avec 58% pour les managers (+10), dont 25% de détresse élevée (+4), et 72% (+6) pour les managers de managers", s'alarment de leurs côtés, Christophe Nguyen et Jean-Pierre Brun, co-fondateurs d'Empreinte Humaine.

Le télétravail pointé du doigt
L'enquête révèle par ailleurs que le télétravail pourrait bien être un facteur aggravant, puisque 58% des salariés en télétravail à temps complet sont en détresse psychologique contre 53% des salariés en situation hybride (mêlant distanciel et présentiel). 41% des télétravailleurs se sentent aussi isolés et 55% estiment que cette forme de travail nuit au sentiment collectif des équipes. 

En outre, un télétravailleur sur 2 peine à oublier le travail après la journée et à trouver du répit et 50% considèrent que les webcams sont une forme d'intrusion dans leur vie personnelle.

"Un tiers des télétravailleurs disent saturer.
L'isolement n'est pas seulement l'éloignement géographique, c'est aussi le sentiment de n'être plus qu'une machine à produire et un manque de considération, qui pèsent énormément sur l'état mental", analyse Christophe Nguyen, qui ajoute que même si beaucoup d'ajustements ont été adoptés pendant le premier confinement, "c'est comme si avec le déconfinement il était acquis que les gens ne vivaient plus de détresse alors qu'ils restent marqués".

"Face au choc une ligne d'écoute téléphonique ne suffit pas", met-il en garde. "Il faut adapter le travail et l'entreprise à l'état des personnes, c'est un vrai enjeu de continuité."

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