Danone, Total, Sanofi : Des milliers de suppressions d’emplois pour convenance boursière !
« Faire un milliard d’euros d’économies d’ici à 2023. » Tel est le plan que Emmanuel Faber, PDG de Danone, a annoncé le 23 novembre, six mois à peine après avoir versé un dividende de 1,4 milliard d’euros à ses actionnaires, en hausse de plus de 8 % [1].
Concrètement, il entend supprimer jusqu’à 2000 emplois, dont plus de 400 en France. « Ce sont des restructurations (…) qui ne sont que des plans pour faire plaisir à la place financière », a réagi François Hommeril, président du syndicat CFE-CGC [2].
Alors que l’action Danone a perdu plus d’un quart de sa valeur, Emmanuel Faber cherche à retrouver la « confiance des actionnaires » par la réduction des coûts et l’augmentation des objectifs de rentabilité opérationnelle et financière. De telles suppressions d’emplois visant à satisfaire les marchés boursiers ne sont pas nouvelles.
Clin d’œil de l’histoire, le terme « licenciement boursier » est lié à Danone : il a été utilisé pour la première fois en 2001 à l’occasion de la suppression de 570 emplois dans la branche des biscuits LU de la multinationale, pourtant rentable.
Danone, première multinationale du CAC40 à devenir « société de mission » pour « construire le futur »...
Vingt ans plus tard, les salariés de Danone sont donc à nouveau concernés par des suppressions d’emplois pour convenance boursière. Pourtant, il y a six mois à peine, à l’initiative d’Emmanuel Faber, Danone a été la première multinationale du CAC40 à devenir une « société de mission ». Ce nouveau dispositif, introduit par la loi Pacte votée en 2019, permet à une entreprise d’indiquer qu’elle n’a plus pour seule raison d’être la performance financière et la recherche du profit. Fini le « business as usual » assurait-on.
« Améliorer la santé », « préserver la planète », « construire le futur », voilà les objectifs vertueux que Danone ne cesse de mettre en avant. Dans les faits, tous ses indicateurs environnementaux sont au rouge, faisant de Danone le champion du grand écart au sein du CAC40 (notre article).
Avec ce plan d’économies et ces suppressions d’emplois, Emmanuel Faber fait donc la démonstration que, société de mission ou pas, il est d’abord tenu de protéger la rentabilité actionnariale de l’entreprise. L’emploi passe après.
Après Danone, Sanofi, Total... à qui le tour ?
D’autres entreprises du CAC40 procèdent ainsi : Sanofi et Total suppriment des emplois pour raffermir leur valorisation boursière tout en ayant versé de généreux dividendes à leurs actionnaires – respectivement presque 4 et 7 milliards d’euros.
L’Observatoire des multinationales les a récemment épinglées comme des « corona-profiteurs » du CAC40.
Plus de 1000 emplois ont été supprimés en France par Sanofi alors qu’Emmanuel Macron s’est déplacé dans l’une de ses usines pour appuyer financièrement l’entreprise en vue d’éventuelles relocalisations d’activités.
Quant à Total, après avoir supprimé 3000 emplois dans sa filiale Hutchinson, ce sont près de 700 de ses 15 000 salariés qui sont poussés vers la sortie.
Autant de suppression d’emplois qui ne semblent pas affecter un gouvernement toujours si peu enclin à encadrer les décisions de ces grandes multinationales, y compris quand elles sont profitables et qu’elles touchent de généreuses aides publiques.
Suite aux annonces de Danone et Total, il est fort à craindre que les suppressions d’emplois et licenciements boursiers vont se poursuivre.
Le rapport Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 est à télécharger sur le site de l’Observatoire des multinationales.
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