Deux animateurs de Beur FM sanctionnés après une rencontre avec l’ambassadeur d’Israël en France !

 

Deux animateurs de Beur FM sanctionnés après une rencontre avec l’ambassadeur d’Israël en France !

Rose Ameziane et Malik Yettou, animateurs de l’émission “L’Actu autrement” sur Beur FM, préparaient une émission sur le rétablissement des relations entre le Maroc et Israël. 

La direction de la radio les a immédiatement sanctionnés après leur rencontre avec l’ambassadeur d’Israël en France. “Sommes-nous, nous-mêmes, victimes d’antisémitisme par ricochet ou d’une ingérence étrangère algérienne pour éviter de parler du Maroc ?”, s’interroge Rose Ameziane.

En cause, révèle le magazine Marianne,  un tweet, avec photo, de l’ambassade d’Israël en France remerciant les deux présentateurs pour l’échange sur le récent accord entre le royaume du Maroc et Israël.

Les deux journalistes de Beur FM, une radio lancée en 1981 par le Franco-Algérien Nacer kettane, “réfléchissaient à la préparation d’une “spéciale” sur un événement qui pouvait intéresser les auditeurs, à plus forte raison les Franco-marocains”, souligne Marianne.

« A travers cet accord, il s’agissait d’explorer la possibilité d’un dialogue, d’un vivre-ensemble entre Israéliens et Marocains, entre juifs et arabes, c’est tout de même important ! Quels étaient les risques ? Contrarier une dizaine d’antisémites ? Sommes-nous, nous-mêmes, victimes d’antisémitisme par ricochet ou d’une ingérence étrangère algérienne pour éviter de parler du Maroc ? » s’interroge Rose Ameziane.

Selon Marianne, Malik Yettou, co-animateur et Rose Ameziane , ne sont pas près d’oublier cette journée de fin décembre où un mail de la directrice de leur radio tombe sur la messagerie de Rose Ameziane : ” Pour votre information à tous deux, l’émission ne sera pas reconduite à la rentrée et ce pas avant un bon debrief de notre ligne éditoriale. »

 

“Une rencontre enrichissante et instructive, un accord annonciateur de paix et de prospérité “signale, en réponse, le tweet de Malik Yettou tandis que Rose Ameziane écrit : “échanges passionnants, nous avons abordé le récent accord entre Israël et le Maroc et les belles perspectives à venir pour ces deux pays.”

“Les deux optimistes vont être douchés par la réaction de la directrice qui pourrait traduire le malaise de certains médias communautaires quand surgit la question fatidique : la relation avec Israël, et, partant, avec les juifs”, déplore Marianne.

“(…) En général on ne parle d’Israël qu’à travers le prisme du conflit avec les Palestiniens. Pourtant, il y a en France une forte communauté maghrébine et une forte communauté juive. La symbolique d’un tel accord peut jeter des passerelles (…)”, déclare Mailk Yettou à Marianne.

Cette radio se dit apolitique et laïque, elle prétend prôner le vivre-ensemble. Or les quartiers ne sont pas monolithiques mais on les aborde avec un logiciel, des frilosités et des détestations qui datent des années 1980. On ne peut pas dire en même temps qu’il n’y a pas assez de personnes représentatives de la diversité sur les plateaux et interdire l’antenne à cette même diversité sur sa propre antenne. C’est une trahison idéologique et humaine vis-à-vis des auditeurs”, confirme de son côté Rose Ameziane.

Sollicitée par Marianne, la directrice de Beur FM Djima Kettane nie toute sanction.

Indiquant que l’émission sur la reprise des relations entre le Maroc et l’Etat hébreu n’a en tout cas pas eu lieu, Marianne précise qu’après plusieurs échanges, “L’Actu autrement” a repris le 15 janvier sur le thème de l’inceste, mais les deux animateurs ont été informés que l’émission serait déplacée et diffusée le samedi matin, à une heure de plus faible audience (au lieu du vendredi à 17 heures jusque-là).

“On a compris qu’on gênait. Parce qu’on refuse de pratiquer l’entre-soi. 

Pourquoi devrait-on être unis, en fonction de nos origines, par le même mode de pensée ?”», s’insurge Rose Ameziane, citée par Marianne. “Ces radios communautaires sont obligées d’être propalestiniennes alors que dans la communauté maghrébine, tout le monde n’a pas la même opinion sur le conflit”,  constate son co-équipier.

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