Drogue : Ces propos « stupéfiants » entendus lors de la rencontre Zemmour-Onfray !
Les deux bateleurs s’accordent pour estimer que la lutte contre le trafic de drogue est un simulacre.
L’opération de communication – et de séduction – organisée par la revue Front Populaire a été un succès : 3700 places vendues en quelques jours pour assister, à Paris, au débat « Accords & Désaccords » réunissant Éric Zemmour et Michel Onfray. Les deux hommes ne cachent pas l’estime qu’ils se portent mutuellement.
À l’issue de ces deux heures sur la scène du Palais des Congrès, force est de constater que leurs désaccords pèsent peu en regard de tout ce qui les rapproche.
C’est notamment vrai lorsqu’arrive pour Michel Onfray le moment d’aborder la question de la sécurité, de la violence et du trafic de drogue dans les banlieues. Pour le philosophe, les coupables sont à chercher ailleurs car « la banlieue, c’est un petit rouage dans une grosse machine. » Extrait :
« Il y a des pays qui fabriquent cette drogue : le Maroc, l’Afghanistan, un certain nombre de pays d’Amérique du Sud. Nous avons de bonnes relations avec ces pays-là, il n’y a pas de problème […].
Depuis qu’il y a Maastricht, il n’y a plus d’État. Le but, c’est ça : c’est quand même de détruire l’État. Donc, d’une certaine manière, c’est de permettre aux banlieues d’être ce qu’elles sont et de fonctionner comme elles fonctionnent […]. Mais il y a d’abord les pays qui fabriquent de la drogue et qui peuvent, sans difficulté, la faire circuler.
Ça, il n’y a aucun problème quand ce sont les États qui gèrent ces choses-là […]. L’argent de la drogue, c’est l’argent de la mafia, c’est donc l’argent de la politique planétaire, c’est clair, c’est très clair. »
Éric Zemmour écoute attentivement l’analyse de Michel Onfray qui poursuit sa diatribe contre la « grande mafia planétaire » du trafic de drogue en ces termes :
« Comme par hasard, nous ne sommes pas fâchés avec ces producteurs… Comme par hasard, ces pays producteurs peuvent exporter. Et comme par hasard, la chasse, elle commence quand on a des petits dealers, même les gros dealers nationaux sont des petits dealers par rapport à la planète. »
Onfray évoque ensuite les États-Unis, qu’il désigne comme le grand orchestrateur de ce trafic : « Le trafiquant en chef, on voit bien qui c’est. » Des affirmations pour le moins étonnantes quand on sait notamment que les États-Unis ont dépensé, depuis les années 1960, plusieurs centaines de milliards de dollars justement pour mener une guerre à la drogue (War on Drugs) à l’échelle planétaire.
On comprend clairement alors où le philosophe veut en venir : selon lui, les États laisseraient opportunément prospérer le trafic de drogue pour mieux dominer la population. Ses propos laissent d’ailleurs peu de place à l’équivoque :
« Qu’est-ce qui fait que la France est le pays où l’on boit le plus, où l’on consomme le plus d’anti-dépresseurs, d’anxiolytiques, de somnifères, de drogues ? […] C’est tellement facile de diriger un peuple d’alcooliques, un peuple de gens qui se droguent, un peuple de gens qui sont en permanence avec des pétards, en estimant que ça fait partie de leur quotidien. »
Et le modérateur Stéphane Simon d’abonder, au sujet des consommateurs de crack à Paris : « On les maintient sous addiction avec des salles de shoot. »
Éric Zemmour ne se distancie nullement des propos de Michel Onfray.
Au contraire. Évoquant l’Afghanistan, il prétend que « le seul moment où l’Afghanistan n’a plus produit de drogue, c’est lorsque les talibans gouvernaient dans les années 90. Comme par hasard… »
Le problème, c’est que cette assertion, à laquelle acquiesce Michel Onfray, est inexacte. De nombreuses sources décrivent en effet avec précision l’essor de la production d’opium à l’époque du règne taliban (1996-2001), par exemple une note publiée en 2001 par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui dresse ce constat : « Pendant les années 90, l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial d’opium illicite.
En 1999, il a produit 79% du total mondial et, en 2000, cette proportion, bien que moindre, n’en était pas moins de 70%. »
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