Le gouvernement israélien “condamne à mort” les derniers otages.

Le gouvernement israélien “condamne à mort” les derniers otages.

Publié le 11 août 2025


En juin 2024, après le massacre de plus de 200 civils par l'armée israélienne dans le camp de réfugiés de Nuseirat, à Gaza, dont plusieurs exécutions pour libérer une otage, Noa Argamani, les Brigades Al-Qassam ont annoncé leur nouvelle stratégie : Si les soldats israéliens s'approchent trop près des zones où les prisonniers sont détenus, ces derniers mourront. 
Le refus d'Israël de tenir compte de cet ultimatum s'est soldé par la mort de Hersh Goldberg-Polin et de cinq autres personnes, un peu plus de deux mois plus tard.
Aujourd'hui, face à l'échec de ses tentatives pour forcer la main au Hamas en recourant à la famine et aux campagnes de pression militaire, le cabinet de sécurité israélien a approuvé des plans visant à nettoyer ethniquement toute la ville de Gaza et à occuper les zones urbaines où pourraient se trouver des otages. Eyal Zamir, chef d'état-major de l'armée israélienne, a averti le cabinet de sécurité que la conquête totale de Gaza mettra en péril la vie des otages.

“Plus nous nous engageons dans les zones sensibles, plus le risque pour les otages est élevé”,
a-t-il reconnu, tout en continuant à cautionner l'escalade.

Le Forum des familles des otages et des disparus, qui représente les intérêts des otages, est allé encore plus loin en proclamant que “le gouvernement israélien a condamné à mort les otages vivants et à la disparition des soldats tombés au combat” en annonçant la prise de contrôle de Gaza.

Le Hamas a également averti que le plan maximaliste de l'État hébreu va compromettre la vie des dix otages encore en captivité.

“Les plans de Netanyahu d'étendre les opérations confirment sans l'ombre d'un doute qu'il cherche à se débarrasser de ses otages et à les sacrifier”, a déclaré le groupe de résistance palestinien.

Pour les membres les plus influents du gouvernement messianique et fasciste d'Israël, les otages constituent un obstacle final à la “victoire totale”, qui ne peut être obtenue qu'avec la défaite du Hamas, l'annexion du nord de la bande de Gaza et l'expulsion de la majeure partie de sa population. Bezalel Smotrich, le ministre ultra-nationaliste des Finances, pivot de la coalition de Netanyahou, a ouvertement affirmé que le retour des prisonniers par la voie des négociations “ne constitue pas la priorité”.

Le 7 août, la chaîne israélienne Channel 13 a rapporté que Smotrich a saboté un accord sur les otages soutenu par la hiérarchie militaire et les services du renseignement israéliens, et s'est allié à Netanyahu pour déclencher un carnage à travers Gaza, en violation flagrante d'un cessez-le-feu négocié par les États-Unis. 

Aujourd'hui, alors que la conquête totale de Gaza est à portée de main, c'est pour lui et ses alliés l'occasion rêvée d'éliminer les derniers prisonniers israéliens retenus à Gaza. Selon eux, le Hamas serait alors complètement privé de son moyen de pression dans les négociations et la victoire serait à leur portée.
Pour la première fois, l'armée israélienne a démontré sa volonté de tuer un grand nombre de ses propres citoyens lorsqu'elle a mis en œuvre la directive “Hannibal” le 7 octobre 2023. Ces ordres de tir, qui ont mené à la destruction de dizaines de véhicules transportant des prisonniers juifs israéliens en direction de Gaza et à la mort de plusieurs centaines de citoyens israéliens, entendaient limiter la capacité de l'ennemi à arracher des concessions par le biais d'un échange d'otages. Au cours des mois suivants, les frappes israéliennes ont tué au moins 20 prisonniers dans la bande de Gaza et blessé ou menacé plus de 50 autres, selon une enquête du journal Haaretz.

Le journal israélien a omis de mentionner la femme et les jeunes enfants de Yarden Bibas, un ancien otage qui a reconnu pendant sa captivité que sa famille a été tuée par une frappe aérienne israélienne.

Pour le gouvernement israélien, les quelques otages encore détenus à Gaza constituent un obstacle politique de taille à la “victoire totale”. La directive Hannibal initiée le 7 octobre semble sur le point d'être mise en œuvre.

Source : The Gray Zone
Par Max Blumenthal

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