L'Algérie présente ses conditions pour la réconciliation avec le Maroc.
AFP/ODD ANDERSEN - Le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra.
L'Algérie a annoncé les conditions du rétablissement des relations diplomatiques avec le Maroc, rompues depuis août dernier. Ces conditions ont été présentées par les responsables algériens à leurs homologues saoudiens lors de récents entretiens. Depuis la décision d'Alger de suspendre les liens avec Rabat, Riyad s'est présenté comme un médiateur entre les deux pays.
Pour que les deux voisins nord-africains rétablissent leurs relations diplomatiques, le Maroc devrait renoncer à toute coopération militaire et sécuritaire avec Israël, comme le révèle Maghreb Intelligence. En décembre 2020, le Maroc et Israël se sont réconciliés après 20 ans de tensions. Ce rapprochement, encouragé par les États-Unis, a conduit à une coopération étroite entre les deux nations dans différents domaines : défense, éducation, technologie, sécurité, etc.
Le rétablissement des relations entre le Royaume alaouite et l'Etat hébreu, et en particulier leur partenariat militaire, est l'un des points les plus préoccupants en Algérie. Quelques jours avant de rompre ses relations, Alger a accusé Rabat d'entraîner Israël dans un "aventurisme dangereux" contre le pays, selon EFE. En novembre, à la suite d'une visite au Maroc du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, l'Algérie a insisté sur cette question, affirmant qu'elle était une "cible directe" de cette coopération.
Lors du voyage du ministre israélien de la Défense, Rabat et Jérusalem ont signé un accord de sécurité "sans précédent" qui facilite les exportations israéliennes liées à l'armement ou à la cybersécurité vers le Maroc. La possibilité pour l'armée marocaine de se procurer le système de défense Iron Dome a également été évoquée ce mois-là.
"La relation entre le Maroc et Israël et ses conséquences sur le Sahara occidental, ainsi que la relation entre Israël et la cause palestinienne dans le cadre de la normalisation des pays arabes, façonneront les contours du nouveau monde arabe", a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, cité par Bladi. Le chef de la diplomatie algérienne a également averti que "les ennemis se mobilisent de plus en plus pour nuire à l'Algérie".
En attendant une réponse du Maroc, l'Arabie saoudite prépare d'autres consultations avec de hauts responsables algériens dans des villes telles qu'Alger, Riyad et même Tunis. Depuis la décision unilatérale de l'Algérie de rompre ses liens avec le Maroc, le Royaume d'Arabie saoudite a tenté de servir de médiateur entre les deux pays dans le but de parvenir à un accord qui serait bénéfique pour la région. Un jour seulement après avoir suspendu les relations, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan Al Saud a appelé ses homologues marocain et algérien pour aborder la question.
Dans une déclaration faisant suite à la décision algérienne, l'Arabie saoudite, l'un des premiers pays à réagir à la rupture des relations, a publié un communiqué soulignant son espoir de voir les liens entre les deux pays se rétablir le plus rapidement possible. Dans cette note, Riyad a appelé "les frères des deux pays à promouvoir le dialogue et la diplomatie pour parvenir à des solutions susceptibles de contribuer à l'ouverture d'une nouvelle page dans les relations entre les deux pays frères". "Les relations doivent revenir pour apporter des avantages aux peuples des deux pays, réaliser la sécurité et la stabilité dans toute la région et renforcer la coopération arabe", a-t-il ajouté.
Cependant, la proposition de Riyad n'a pas été vue d'un bon œil par Alger. "Il est encore trop tôt pour une médiation. La médiation arabe ou autre n'est pas une option, chaque partie doit assumer la responsabilité de ses actes", avait alors déclaré le diplomate et ancien ministre Abdelaziz Rahabi à l'agence de presse algérienne TSA.
Récemment, l'Arabie saoudite a réitéré son offre de médiation. "La médiation saoudienne a proposé des rounds de négociations pour initier un véritable processus de 'retour à la normale' entre le Maroc et l'Algérie", rapportait Maghreb Intelligence début mai.
De même, Alger semble avoir modifié sa position. "La relance de l'offre saoudienne est en cours depuis plus d'une semaine lorsque le président algérien Abdelmadjid Tebboune a exprimé son désir de se rapprocher encore plus de Riyad en organisant une visite d'État au cours de laquelle il souhaite rencontrer les principaux dignitaires du royaume saoudien", ajoute la source.
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