Accéder au contenu principal

"Ce gouvernement n'est pas qualifié pour mener à bien le dialogue social"

"Ce gouvernement n'est pas qualifié pour mener à bien le dialogue social"

Entretien avec Miloudi Mokharik, Secrétaire général de l'UMT

Le leader de la plus grande centrale syndicale revient pour nous sur les dernières étapes qui ont marqué le dialogue social et affirme que la décision du relèvement SMIG est non seulement légitime mais irréversible.
Où en est le dialogue social entre le gouvernement et les centrales syndicales?
Notre dernière réunion avec le Chef du gouvernement remonte au 10 juillet 2020, au cours de laquelle nous lui avons exprimé un certain nombre de revendications. Parmi les plus importantes: rallonger l’aide sociale de l’Etat sur trois mois: juillet, août et septembre.
Ce rallongement se justifie par la crise économique terrible que vit notre pays et les futures dépenses qui attendent les familles marocaines, dont l’Aïd, les vacances et puis la rentrée scolaire. L’autre revendication a trait à la suspension des articles du code de travail qui autorisent les entreprises à procéder aux licenciements économiques. Or, nous craignons, par les temps qui courent, que ces articles soient exploités abusivement par les entreprises.
Le gouvernement a-t-il répondu favorablement à vos revendications?
Malheureusement, nous n’avons encore reçu aucune réponse de la part du Chef du gouvernement, qui nous a pourtant promis de se retrouver dans les dix jours suivant notre dernière réunion. Mais, jusqu’à ce jour, c’est le silence radio. A mon sens, ce gouvernement n’est pas qualifié pour mener à bien le dialogue social dans le contexte politique actuel.
Que pensez-vous de la déclaration du chef du gouvernement selon laquelle le relèvement du SMIG aura bien lieu fin juillet en dépit de l’opposition de la CGEM qui veut son report?
Nous avons salué la position du Chef du gouvernement, qui affirme respecter l’accord du 25 avril 2019 qui constitue pour nous une force de loi et représente un acquis irréversible. Dans cet accord, nous avons convenu de relever le niveau du SMIG à compter du 1er juillet. Pour nous, aucune concession ne sera accordée sur ce sujet.
Mais la CGEM parle d’un manque à gagner et exerce une pression sur le gouvernement pour son report…
Selon la définition adoptée par l’Organisation internationale du travail (OIT), le SMIG est le salaire touché par les personnes sans qualification professionnelle. Or, chez nous, au Maroc, les techniciens sont payés au SMIG.
Selon les statistiques officielles, 40% des salariés déclarés à la CNSS touchent moins que le SMIG. Je reviens au manque à gagner évoqué par le patronat pour lui répondre qu’il s’agit d’une position honteuse. Or, cette hausse du SMIG est de seulement 65 centimes par heure; multipliés par 191 heures travaillées pendant un mois, cela donne 128,44 dirhams. Pour l’UMT, cette hausse, bien qu’insuffisante, est considérée comme légitime pour une catégorie sociale fragile, surtout pendant la crise économique actuelle.

Commentaires