Fermetures de villes : «Je ne fêterai pas l’Aïd à cause de l’incompétence du gouvernement» !
Annoncée seulement quelques heures avant son entrée en vigueur, la fermeture de certaines villes du royaume a chamboulé les prévisions de plusieurs Marocains. Témoignages entre dégoût et désolation.
Depuis ce lundi 27 juillet, les Marocains ne pourront pas se rendre ou quitter les villes de Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Casablanca, Berrechid, Settat et Marrakech, durement touchées par l’épidémie du nouveau coronavirus. Pris de court, ils sont nombreux à avoir pris la route brusquement pour ne pas être privé de la fête de l’Aïd, loin de leurs proches.
D’autres n’ont pas eu cette chance.
Parmi les chanceux, il y a Kamal qui a appris à temps qu’il devait quitter Casablanca, pour se rendre auprès de sa famille à Marrakech. «Je prévoyais d’aller à Marrakech mardi. Vers les coups de 20h, ce dimanche, j’apprends qu’à minuit les deux villes seront fermées», explique Kamal, qui a «sur le champ, fait sa valise et pris la route». «Sortir de Casablanca à cette heure-ci a été une mission quasi impossible avec des bouchons interminables et malheureusement aussi plusieurs dégâts sur la route», déplore notre interlocuteur.
En effet, des embouteillages monstres ont eu lieu lundi soir au niveau des péages d’autoroute, après l’annonce de l’interdiction de circulation entre plusieurs villes du royaume. Des scènes hallucinantes qui ont poussé d’autres à rester chez eux. C’est le cas de Fatima Zahra, native de Meknès et installée à Casablanca, qui prévoyait de se rendre auprès des siens, mercredi.
Un Aïd loin des proches
«J’ai reçu un appel d’une cousine qui m’annonçait que Casablanca et Meknès allaient être fermés le soir même. J’ai très mal pris la nouvelle et j’étais alors devant un véritable dilemme. Celui de respecter mes engagements professionnels ou partir auprès de ma petite famille que je n’ai pas vue depuis longtemps. Mais en voyant les vidéos qui circulaient sur l’encombrement dans les gares de trains et routières, j’ai décidé à contre-cœur de rester à Casablanca», nous confie-t-elle.
Fatima Zahra critique une décision «qui bien qu’elle soit louable a causé plus de tort que de bien, en semant un vent de panique et créant des attroupements sans précédent qui ont surement été un vecteur de transmission du virus».
Des critiques tout aussi cinglantes du côté de Sara, la vingtaine, et qui ne pourra pas se rendre à Fès auprès de ses parents et frères et sœurs. «L’arbitraire bat son plein dans les décisions de ce gouvernement depuis le début de la crise, les citoyens se trouvent tout le temps pris de court et n’ont même pas le temps de réagir ou de s’organiser», fustige notre interlocutrice.
«À mon sens, ces communiqués et décisions de dernières minutes creusent le fossé entre l’État et les citoyens qui ne se sent en aucun cas impliqué.
Personnellement, je suis outrée de ne pas être en mesure de passer cette fête religieuse avec ma famille et de devoir rester seule à Casablanca à cause de l’incompétence d’un Exécutif», s’insurge Sara.
Des vacances évaporées
D’autres avaient prévu de s’accorder une petite escapade durant les fêtes comme Latifa qui avait une réservation à Essaouira, mais qui se retrouve bloquée à Casablanca. «On va devoir payer la moitié de notre séjour, sans même pouvoir y aller. Nous tentons de reporter notre réservation pour la fin du mois d’août ou pour le mois de septembre, mais là encore nous ne savons pas quelle surprise nous réservera-t-on », dénonce-t-elle.
Tout comme Latifa, Nadia, la cinquantaine prévoyait de prendre «un peu de temps pour elle en réservant un hôtel à Marrakech». Ses plans de vacances tombés à l’eau, elle ne comprend pas «des décisions de dernière minute en totale contradiction avec les annonces des responsables qui n’ont cessé de nous rassurer, en nous poussant même à encourager le tourisme national».
«Le gouvernement aurait pu prévoir ces mesures suffisamment à l’avance pour que les gens puissent se retourner, s’insurge Nadia. Il aurait dû même avec un peu de courage, annuler la fête de l’Aid en ces temps difficiles. Au lieu de cela, il a semé le chaos et le désespoir. Ce gouvernement est vraiment déprimant!»
Il est à noter que cette interdiction de quitter les villes ne s’applique pas aux personnes à besoins médicaux urgents, les personnes travaillant dans les secteurs public et privé munies d’ordres de mission délivrés par leurs responsables, à condition d’obtenir une autorisation spéciale de déplacement délivrée par les autorités locales.
Cette interdiction ne s’applique pas non plus au transport de marchandises et des produits de base qui se déroule dans des conditions normales et fluides pour approvisionner les citoyens en leurs besoins quotidiens.
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