L’ACTEUR MICHAEL LONSDALE, UNE ENFANCE MAROCAINE ENTRE CASABLANCA ET LA PRISON DE SETTAT.
Il est arrivé au Maroc à l’âge de 8 ans et a passé son enfance entre Casablanca, Rabat et Settat, avant d’envahir les écrans de cinéma, de télévision et les planches des théâtres de Paris.
Tranche de vie au Maroc de l’acteur français Michael Lonsdale, qui s’est éteint lundi dernier.
L’acteur franco-britannique Michael Lonsdale, qui vient de s’éteindre à l’âge de 89 ans à Paris, avait vécu une bonne partie de son enfance et de sa jeunesse au Maroc.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du jeudi 24 septembre, que l’acteur était arrivé à Casablanca en 1939, en compagnie de ses parents, alors qu’il était à peine âgé de 8 ans.
Son père, qui était militaire, ne s’est pas adapté au climat chaud du Maroc et a voulu retourner en Angleterre, mais il était lié par un contrat de travail qui l'obligera à rester dans le Royaume.
Dans une interview accordée à un média, Michael Lonsdale racontait qu’il avait débarqué à Casablanca sous un soleil tapant où le mercure frisait les 45 degrés.
Il racontait qu’il se rendait souvent à Rabat chez des amies de sa mère et qu’il n’avait pas oublié sa première instructrice, «belle et gentille, qui comblait les élèves de gâteux et de cadeaux». Il vivra deux faits majeurs au Maroc: d’abord l’emprisonnement de son père et, ensuite, la séparation de ses parents. Michael apprendra l’arrestation de son père alors qu’il était à l’école et saura par la suite que le militaire franco-britannique avait été accusé de rébellion contre le régime de Vichy.
Sa mère, qui avait essayé de connaître les raisons de l’arrestation de son mari, s’était rendue, en compagnie de Michael alors âgé de 10 ans, à Kenitra (Port-Lyautey) où on lui apprendra que son époux était incarcéré dans une prison, à Settat.
Le quotidien Al Akhbar porte que la direction de la prison avait chargé le détenu militaire de donner des cours d’anglais aux prisonniers.
En échange, il avait exigé que sa famille soit logée dans une modeste maison attenante à la prison.
De là, Michael lonsdale pouvait d’ailleurs voir la cour réservée au femmes prisonnières. Sa mère, qui parlait l’arabe, qu’elle avait appris en Algérie, offrait des cigarettes et des gâteaux aux prisonnières. Quand le père de Michael a été libéré, la famille est revenue à Casablanca où le jeune homme, âgé de 12 ans, a assisté au débarquement des soldats américains dans le port de la ville.
Comme son père, il travaillera comme interprète. Mais la séparation de ses parents l’a plongé dans l’alcool. Il buvait en compagnie des soldats américains ou s’enfermait dans les salles de cinéma.
Par la suite, sa mère s’est remariée avec un homme qui habitait à Rabat et qui avait un fils du même âge que Michael. Ce dernier lui a proposé, un jour, de passer une audition de chant à Radio Maroc, où il a été admis avec brio.
C’est à partir de là que le jeune chanteur, qui maitrise le français et l’anglais, va marquer les esprits avec «sa voix et sa foi chevillées au corps».
Il retrouvera Paris en 1947 et y découvrira le théâtre en s’inscrivant aux cours d’une professeure russe de renom qui a aidé ce grand artiste à vaincre sa timidité.
Michael Lonsdale a occupé pendant soixante ans, avec sa voix, sa foi, sa carrure et sa barbe, les écrans de cinéma, de télévision et les planches de théâtre.
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