Coronavirus : oui, il y a un complot ! Et on a même trouvé les complotistes ! L’édito de Michel Taube.
Coronavirus : oui, il y a un complot ! Et on a même trouvé les complotistes !
Il y a donc complot à l’origine du coronavirus !
Complot des Chinois !
Mais bien sûr que le Covid-19 est un virus militaire inventé par les Chinois pour dominer le monde !
Regardez donc : ils répandent cette saloperie dans une région bien déterminée, cachent sa véritable contagiosité, laissent les étrangers retourner tranquillement chez eux avec la bestiole dans leurs valises, et organisent une méga mise en scène pour se faire passer pour les victimes.
La dictature communiste de Pékin se fiche complètement de sacrifier quelques milliers de Chinois. On va donc en laisser mourir assez pour que ce soit crédible, et organiser un confinement total que l’on va médiatiser à l’attention des Occidentaux.
Puis, miraculeusement, le virus disparaît, les Chinois reprennent le boulot et le business repart de plus belle, alors que la terre entière est à genoux. N’est-ce pas la preuve qu’ils ont le remède, le vaccin, l’antidote ?
Puis le Covid-19 va muter. Déjà, la première mouture se transmettait comme une trainée de poudre et résistait plusieurs jours sur une surface inerte. La prochaine se transmettra dans l’air, entrera par les fenêtres, les pores de la peau, restera vivante sur des surfaces inertes pendant des semaines et tuera au moins les trois-quarts de la population mondiale.
Alors la Chine dominera le monde.
Complot des Américains
Mais bien sûr que le Covid-19 est un virus militaire inventé par les Américains pour dominer le monde !
Le porte-parole du ministre des Affaires étrangères de Chine, Zhao Lijian, l’avait d’ailleurs dit : le Covid-19 a été introduit en Chine par l’armée américaine. D’ailleurs, le directeur des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) avait déclaré devant le Congrès des États-Unis que des Américains que l’on croyait morts de la grippe étaient en réalité victimes du Covid-19. Bingo !
Le site Global Research explique (pardon, démontre) comment le virus a été introduit en Chine : les Jeux mondiaux militaires, qui se sont déroulés en octobre dernier à Wuhan, furent la porte dérobée par laquelle Donald Trump et son Covid-19 sont passés pour abattre la Chine.
Parmi les membres de la délégation américaine figuraient nécessairement des infestés. Le complot est une spécialité américaine : Kennedy, le 11 septembre… Et maintenant, le coronavirus.
Une preuve encore si cela était nécessaire : Donald Trump n’a ordonné aucun confinement durable. Juste un petit coup de com’, et les Américains retourneront au travail, protégés par un dérivé de la chloroquine fourni par le laboratoire israélien Teva (évidemment membre de la conspiration). Seuls Donald Trump et Benjamin Netanyahou en connaissent la formule.
Et ne croyons pas que l’Amérique a raté sa cible chinoise. La mutation du virus est programmée pour le 15 juin, l’anniversaire de Xi Jinping.
Complot des Français
Mais bien sûr que le Covid-19 est un virus de laboratoire inventé par les Français pour… faire du fric !
L’Institut Pasteur, en coopération avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) dirigé par Yves Lévy, le mari d’Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, a fabriqué en douce un vaccin contre le Covid-19.
Normal, puisque ce sont eux qui ont également inventé le Covid-19 ! Vous avez vu un seul chercheur ou membre de la direction de ces instituts atteint de cette maladie ? D’ailleurs, Yves Lévy, un juif encore, a participé à une réunion top secrète au laboratoire P4 de Wuhan, en Chine, d’où partira l’épidémie quelques semaines plus tard. Étrange, non ?
En janvier, Agnès Buzyn, avec le consentement d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe (tiens, tiens) prend un arrêté pour interdire la vente libre de chloroquine, dont il est prouvé qu’il stoppe l’aggravation des détresses respiratoires dans 99% des cas de Covid-19 en cinq jours. Ils font aussi des pieds et des mains pour ralentir le dépistage de la maladie et déconseillent de porter un masque.
Le calcul est vite fait : quand les gens tomberont comme des mouches, ceux qui sont encore sains seront prêts à dépenser des sommes folles pour se faire vacciner, en France comme dans le monde. Soyons modestes : un milliard de vaccins vendus à 100 €. Faites le compte.
Mais la vérité est sans doute pire : le Président de la République avalise non seulement cette sombre conspiration, mais il sait qu’en refusant le confinement, le dépistage et l’administration généralisés de la chloroquine, l’épidémie ne pourra pas être enrayée. Bientôt, il décrètera l’état de siège et les pleins pouvoirs au titre de l’article 16 de la Constitution. Il l’avait déjà envisagé le 12 mars mais c’était trop tôt. Bientôt la France sera une dictature militaire avec quelques millions d’habitants en moins. Mais les autres seront vaccinées par Pasteur, et parmi eux, certains seront immensément riches.
Le vrai complot : les CON(plotistes) !
Là pour le coup, on ne rigole plus. Car évidemment, vous l’aurez compris, tout ceci n’était qu’élucubrations inspirées par ce que lisent à longueur de journées de confinement des millions d’internautes, tout ceci savamment orchestré par des officines russes, selon nos sources.
Donc on ne rigole plus !
Tout porte à croire que le Covid-19, qui n’est pas le premier coronavirus, est né en Chine, sur le marché de Wuhan. Les causes en sont inconnues, même si on évoque la promiscuité des animaux et des hommes, et le fait que certains Chinois mangent tout ce qui bouge, nage et vole. Mais ailleurs, ne dit-on pas la même chose de mangeurs de grenouilles et d’escargots ?!
Les autorités chinoises n’ont pas été très loquaces au début de la crise, niant sa gravité et la très forte contagiosité du Covid-19. Mais les images de Pékin et Shanghai déserts quelques jours après la prise de conscience des autorités centrales du pays ne se suffisaient-elles pas à elles-mêmes pour justifier que les Chinois ne rigolaient plus ?
Les Coréens n’ont pas eu besoin d’explications supplémentaires pour prendre les devants. La Chine est, a priori, sortie de l’épidémie grâce à la radicalité de ses mesures de confinement. Aurait-elle pu créer le Covid-19 ? A l’image de l’arme nucléaire, l’utilisation offensive de l’arme bactériologique serait un acte de suicide. Le coronavirus ne décimera pas les trois-quarts de l’humanité et ne permettra pas aux Chinois de s’approprier la planète vidée de ses habitants, avec toutes les infrastructures intactes.
En revanche, la Covid-19 est un désastre économique pour Pékin : il devrait conduire à relocaliser certaines productions en Occident, revenir sur certains aspects de la mondialisation, compromettre l’ascension vertigineuse de la Chine. Qualifiée « d’usine du monde », elle risque fort d’être, après la crise, la plus grande victime économique du Covid-19.
Un raisonnement analogue peut s’appliquer aux thèses complotistes que le gouvernement chinois véhicule effectivement à propos des États-Unis et de son « patient zéro » que l’armée américaine aurait mis en contact avec des Chinois à l’occasion des Jeux mondiaux militaires, qui se sont effectivement déroulés à Wuhan, du 18 au 27 octobre.
Le parti communiste chinois a certainement inventé cette histoire de patient zéro pour livrer à sa population le coupable idéal et s’exonérer de sa piteuse gestion du début de crise. Si les Américains avaient effectivement introduit le coronavirus en Chine, quitte à confiner (ou éliminer) secrètement leurs athlètes militaires malades, ils n’auraient pas eu d’autre solution que de fermer totalement leurs frontières avec le reste du monde et non seulement avec la Chine. L’économie américaine ne s’en serait pas remise. Jouer à cette guéguerre à coup de virus, c’est comme manipuler un énorme lance-flammes face au vent. D’ailleurs, les Américains commencent à sentir l’arrivée de la tempête. Mais ce n’est pas un retour de flamme.
Reste la France. Ce que nous avons écrit plus haut à propos d’Yves Lévy, le mari d’Agnès Buzyn, a été repris sur les réseaux sociaux, mais en omettant quelques précisions essentielles : en qualité de patron de l’INSERM (qui n’est pas un laboratoire privé) il avait accompagné le Premier ministre à l’inauguration du laboratoire P4 de Wuhan. Sauf qu’il s’agissait de Bernard Cazeneuve, Premier ministre de François Hollande, et que ce déplacement eut lieu en 2017. Par ailleurs, Yves Lévy a quitté formellement l’INSERM en 2018, à la suite de la nomination de sa femme comme ministre de la Santé. Il suffit donc de changer quelques dates, ou de ne pas les préciser, pour transformer des faits réels en fake news.
Après, il est vrai, et c’est l’essentiel, s’il y a complot, c’est que, oui, Yves Lévy est en guerre ouverte contre le Professeur Raoult et qu’il a pu vouloir contribuer à ce que l’Etat, sous la direction de sa femme au ministère de la santé, tente de lâcher le savant (et non le savon) de Marseille. La question du conflit d’intérêt entre Monsieur Lévy (lui-même directeur de l’Institut de Recherche Vaccinale (VRI) à Créteil, concurrent à certains égards de l’IHUM du professeur Raoult à Marseille) et sa femme ministre (loin d’être écartée depuis la décision de « déport » de l’INSERM du champ formel de compétence de la ministre de la santé, prise fin mai 2017) se pose et pose la question suivante : le manque de soutien de l’Etat au professeur Raoult est-il dû à ces connivences coupables et familiales au sommet de l’administration sanitaire ? Il n’est jamais bon d’être mari et femme quand il faut gouverner en toute clairvoyance !
Quant au classement de la chloroquine en substance vénéneuse le 23 janvier 2020, elle n’avait peut-être d’autre but que de la rendre accessible uniquement sur prescription, sage décision tant son usage en automédication peut s’avérer dangereux et que les demandes du public vont exploser. Il reste qu’en réservant le Plaquenil (nom savant de la chloroquine) aux hôpitaux et aux cas les plus graves, le gouvernement empêche les médecins eux-mêmes de le prescrire pour les autres pathologies pour lesquelles ils l’emploient généralement, ce qui est très grave.
Cela dit, si le complot est un fantasme, l’incroyable défaillance de l’État dans la gestion de la crise du Covid-19, son défaut de stratégie et d’anticipation, ses tergiversations et ses mensonges pour les justifier ne sont pas un fantasme et ont alimenté les idées de complot les plus folles.
Lorsqu’Olivier Véran avoue qu’il a trouvé à son arrivée au ministère de la santé, des stocks de masques aussi réduits, on se demande parfois si ce ne sont pas des incompétents qui nous gouvernent. Là est le complot, le cons-plot !
Il est donc légitime d’être dubitatif sur l’obstination encore réaffirmée par Édouard Philippe lundi soir sur TF1, de réserver les traitements à base de chloroquine aux seuls cas les plus graves de Covid-19, alors que ce médicament est connu de longue date et employé contre le paludisme et autres maux. Son plus gros défaut n’est-il pas d’être un générique, qui ne permettra pas de gagner de l’argent ? Le gouvernement subit-il la pression des laboratoires et des chercheurs et médecins qui en dépendent ? Peut-être.
Ce n’est pas très beau. Mais c’est du lobbying ordinaire, dans un monde où l’argent est roi. C’est aux pouvoirs publics d’y résister, ce qui est difficile, si le prince est conseillé par ces mêmes lobbyistes.
Mais, bon, nous sommes rassurés, il n’y a pas de CON-plots pas plus que de complot : bien entendu, nous ne pouvons douter que le gouvernement a déjà commandé des dizaines de millions de plaquettes de choloroquine par anticipation, dans l’hypothèse où les protocoles de vérification entamés enfin (et de longue lutte grâce à la pression de l’opinion publique) seraient un succès d’ici deux à six semaines. Car la terre entière se rue actuellement sur ce médicament !
Prévoir, anticiper, c’est gouverner ! N’est-ce pas, Messieurs Macron Philippe et Veran que vous n’attendrez pas les résultats de cette étude et que vous avez déjà commandé des millions de plaquettes de chloroquine pour être prêts à distribuer massivement cette « potion magique » aux médecins qui l’administreront aux centaines de milliers de Français qui la réclameront ce jour-là ?
L’édito de Michel Taube
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de commenter nos articles