Affaires louches de Crotalon-Socotraco et Addoha-Torreblanca : Les relations d’affaires maroco-espagnoles prennent un mauvais pli !

 

Affaires louches de Crotalon-Socotraco et Addoha-Torreblanca : Les relations d’affaires maroco-espagnoles prennent un mauvais pli !




Les relations d’affaires hispano-marocaines ne sont plus de tout repos. La multiplication des litiges entre les entreprises de deux rives de la Méditerranée en atteste.

Après l’affaire opposant Crotalon Construction Maroc à la S.A.R.L Socotraco et au Barreau des avocats de Rabat, c’est au tour de Torreblanca construction Maroc et Douja Promotion Groupe Addoha de s’étriper dans les prétoires.
L’entreprise espagnole qui sous-traite des logements sociaux à Tanger pour le compte du groupe Sefrioui l’accuse de chantage et d’extorsion.
Dans une lettre adressée à Trinidad Jimenez, ministre des Affaires étrangères de l´Espagne,  Rodrigo Manuel et Rodríguez Dueñas, propriétaires de Torreblanca, ont  fait imputer à Addoha les retards répétitifs de paiement et d’approbation des certifications, du non-règlement des travaux d'excavation, de terrassement et d’enlèvement des fouilles et  d’accaparement illégal d’outils et de matériel de chantier.
A en croire les deux hommes d’affaires espagnols, le litige remonte au 11 février 2010 lorsqu’un accord a été signé entre Immolog et Torreblanca d’après lequel l’entreprise espagnole devait construire trois lots d’habitations du programme Al Ikhlasse à Tanger, avec livraison le 25 juin 2011.
Cependant, les 5 et 6 mai, les gérants de l’entreprise espagnole ont reçu des menaces verbales et une offre de 1.500.000 DH pour quitter le chantier. Chose faite le 9 mai, lorsque des représentants d’Addoha ont déparqué, accompagnés d’un notaire et ont payé les employés de Torreblanca en les menaçant de prison s’ils revenaient sur les lieux.
Selon les gérants de l’entreprise espagnole, la scène s’est déroulée, devant certains agents d’autorité de la ville et d’élus.
Ces mêmes représentants, ont ajouté les deux gérants, ont placé des gardiens privés pour empêcher les employés de pénétrer dans le chantier. Mieux, Addoha a fait appel à  une autre société pour achever les travaux en utilisant les engins et les matériaux de construction déjà sur place.
Des tentatives de négociations à l’aimable ont été entrepris. Selon la partie espagnole, Addoha a proposé à Torreblanca un dédommagement et une prise en charge des dettes des fournisseurs ; offre qui a été refusée par les Espagnols qui ont déposé plainte au  tribunal de commerce de Tanger et ont perdu leur procès.
De son côté, Addoha n’a pas beaucoup attendu pour contre-attaquer. Il vient de publier sur certains journaux, une mise au point payante, balayant d’un revers de main l’ensemble de ces accusations. 
Le Groupe Sefrioui prétend que la société Torreblanca construction Maroc, n’aurait pas été à la hauteur du projet qui lui a été confié, faute de capacités techniques et financières requises, et ce en dépit des rallonges de délais qui lui ont été accordés.

Selon sa version de l’affaire, Addoha a été contraint de prendre d’urgence les mesures appropriées en réglant directement les   fournisseurs et sous-traitants, au lieu et place de la société Torreblanaca. Les sommes payées totalisent un montant de près de 2.500.000DH.

 Addoha a précisé dans ce sens que vu ses engagements envers l’Etat, il a été obligé de confier la poursuite des travaux à une autre entreprise. 
Mais il ne compte pas en rester là. Il a même porté cette affaire devant la justice pour faire valoir ses droits, arguant par la même occasion que Torreblanca lui doit une somme de 2,5 millions de DH représentant les sommes payées aux fournisseurs et sous-traitants de la société espagnole.

Qui dit vrai, qui dit vaux ? C’est à la justice de trancher. Cependant, cette affaire rappelle une autre qui a éclaté il y a quelques mois. Elle oppose la société espagnole Crotalon Construction Maroc à la S.A.R.L Socotraco et au Barreau des avocats de Rabat à propos du projet d’habitat social à Sala El Jadida.
Ces deux litiges médiatisés et d’autres, plus nombreux, qui ne l’ont pas été, démontrent que le climat des affaires hispano-marocaines est morose et qu’il risque de se dégrader davantage.
Madrid est, pourtant, un partenaire économique et commercial privilégié du Maroc.

Classé deuxième après la France, l’Espagne, avec ses 700 entreprises œuvrant dans l’automobile, l'aéronautique, l'électronique, le nearshoring, le textile et l'agroalimentaire, a augmenté ses investissements de +76% en 2010 par rapport à 2009. De plus, le volume d’échanges entre les deux parties a atteint l’année dernière la somme de 6,2 milliards d’euros.
Malgré cela et à en croire certains témoignages publiés dans le numéro du 7 août du journal espagnol El Mundo, les relations économiques entre le Maroc et l'Espagne sont, dans de nombreux cas "très tendues" et les problèmes entre les entreprises des deux rives sont récurrents.

Selon ces mêmes sources, des litiges similaires à Torreblanca et Crotalon sont devenus habituels notamment dans le secteur de l’immobilier et de la construction. 

Et certains hommes d’affaires espagnols sont devenus de plus en plus hésitants à s’investir au Maroc.
Un constat désolant  qui risque de compliquer la situation des investissements étrangers déjà fortement impactés par l’attentat de Marrakech et qui risquent de suivre à la trace, la  courbe descendante de la croissance en Europe. 

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