Haftar répond illico à Tebboune et ferme manu militari la frontière avec l’Algérie.
Le 21/06/2021
La milice du maréchal Khalifa Haftar, présente dans la majeure partie du territoire libyen, vient de déclarer la frontière avec l’Algérie «zone militaire fermée».
Cet épisode intervient moins de deux semaines après des déclarations belliqueuses et irresponsables du président algérien sur la Libye.
La chaîne de télévision « Libya Al-Hadath », porte-voix des rebelles de Benghazi, a diffusé de nombreuses images du déploiement de ce qu’elle appelle la «128e Brigade» de la milice de Haftar à la frontière avec l’Algérie.
Depuis la déclaration intempestive du président algérien Abdelmadjid Tebboune, sur une présumée intervention militaire que son pays se préparait à lancer en Libye pour contrer la prise éventuelle de Tripoli par les milices du maréchal Haftar, la réaction de ce dernier était attendue. Directement ciblé par les propos du président algérien, proférés le 8 juin courant sur Al Jazeera, Khalifa Haftar s’est manifesté ce samedi 19 juin, en massant ses troupes à la frontière algéro-libyenne. Pour justifier ce déploiement militaire massif, les milices de Haftar affirment ainsi lutter contre ceux qu’ils appellent les «terroristes takfiristes».
Tebboune a affirmé sur Al Jazeera que son pays était prêt à «intervenir d'une manière ou une autre» en Libye pour stopper l’avancée des forces du maréchal Khalifa Haftar, lors de leur offensive lancée sur la capitale, Tripoli, en 2019-2020. «Nous n'acceptons pas que la capitale d'un pays maghrébin et africain soit occupée par des mercenaires. Nous allions intervenir», a déclaré Tebboune, avant de s’exclamer: «Tripoli est une ligne rouge !». Manifestement, le maréchal Haftar n’a pas apprécié la fanfaronnade de Tebboune et encore moins qu’il désigne ses troupes par le terme peu flatteur de «mercenaires».
( En attendant d’y voir plus clair, la création de cette nouvelle zone de tension est une conséquence immédiate et directe des déclarations irresponsables du président algérien, au cours de cette toute récente sortie médiatique, en tous points ratée, sur la chaîne tout-info qatarie. )
En effet, à quoi bon faire une telle déclaration belliqueuse au
moment où le conflit inter-libyen suit son bonhomme de chemin sur la
voie du règlement ? Surtout qu’il s’agit là d’un revirement inexpliqué
dans la position jusqu’ici adoptée par le président Tebboune lui-même
dans ce conflit. Pour preuve, lors de son premier «discours à la
nation» du 18 février 2021, et à la veille du 2ème
anniversaire du Hirak, le président algérien déclara, en réaction à
l’élection d’un nouvel exécutif en Libye suite aux nombreux pourparlers
abrités par le Maroc : « on avait dit qu’on ne prenait position ni pour un
camp, ni pour un autre, parce qu’on a dit que la solution allait se
faire avec un accord de tous les Libyens à travers des élections
générales ». La sagesse d'un grand roi.
Le dimanche 4 avril 2021, lors d’une rencontre avec les médias locaux, le président algérien déclarait à nouveau que la Libye «a connu des développements positifs et se dirige aujourd’hui vers un règlement de la crise dans un cadre libyo-libyen, l’évacuation des mercenaires et des forces étrangères, et l'organisation d'élections générales».
Une telle position «neutre» permettait à la diplomatie algérienne de revendiquer un supposé rôle dans la crise libyenne sur laquelle elle n’avait aucune prise, tout en proclamant vouloir rester à équidistance des soutiens internationaux des belligérants libyens, car ses alliés turcs soutiennent le gouvernement de Tripoli, alors que ses alliés russes, épaulés par les Emirats arabes unis, l’Egypte et la France, se sont rangés derrière le maréchal Khalifa Haftar.
Or, Tebboune a attendu deux semaines seulement avant la tenue du sommet de «Berlin II» sur la Libye, prévu mercredi prochain, pour mettre les pieds dans le plat, avec sa déclaration fracassante sur Al Jazeera.
Mais alors que la tension baisse en intensité en Libye, où ce dimanche 20 juin a été marqué par l’ouverture de la route côtière Misrata-Syrte reliant l’Est et l’Ouest de la Libye, la nouvelle montée d’adrénaline à la frontière algéro-libyenne ne fait que confirmer le diagnostic établi lundi dernier par l’ancien ministre algérien du Commerce, Noureddine Boukrouh, qui a qualifié Tebboune de «fou» et de «danger» pour son pays et ses voisins.
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