Publié Le 17/06/2021
Face à la multiplication des index et des classements et de leurs réutilisations à des fins politiques, le think tank allemand German Institute for International and Security Affairs s'est donné pour mission de se pencher sur le Maghreb pour déterminer si les classements sont fidèles à la réalité.
Le think tank allemand German Institute for International and Security Affairs (GIISA), proche du gouvernement Allemand, a mené une étude intitulée «Mesurer le Maghreb : Que nous disent vraiment les classements et les indices ?» dans laquelle ils cherchent à établir si les instruments de classement sont représentatifs de la réalité au Maghreb. Pour cette étude, le GIISA a recensé 35 indexes et classements pour se concentrer sur trois pays, le Maroc, la Tunisie et l’Algérie.
Une étude des classements permet d’abord au GIISA d’établir que les pays du Maghreb sont généralement classés dans le tiers du milieu des États étudiés, jamais tous dans le dernier tiers. Pour les questions militaires (Global Militarisation Index), de force de passeport (Arton Capital’s Passport Index) ou de performance gouvernementale (Ibrahim Index of African Governance) ils atteignent même le premier tiers.
Démocratie, liberté, corruption : Tunisie en tête, mais pas parfaite
Si la Tunisie se classe particulièrement bien dans le Bertelsmann Transformation Index (BTI) qui évalue la transformation politique, économique et la gouvernance, atteignant la 44e place sur 137 Etats (contre 83e place pour l’Algérie et 94e pour le Maroc), le BTI précise que la Tunisie est une «démocratie défectueuse», qui concorde avec la notion de «démocratie imparfaite» du Democracy Index de l’Economist Intelligence Unit. Selon eux le Maroc se classe comme «régime hybride» dans lequel des entraves à la démocratie existent sans en faire un régime autoritaire à l’image de l’Algérie.
Le Freedom in the World Index dépeint une situation plus grave du Maroc en lui attribuant une note de 37 sur 100, moitié moins que la Tunisie, et le classant «partiellement libre» en terme de droits politiques et libertés civiles. Le Maroc se situe dans une place intermédiaire sur la corruption (86 sur 180 dans le Corruption Perceptions Index) et dispose d’une très mauvaise représentation dans le World Press Freedom Index recensant la liberté de la presse (136 sur 180). Globalement, la Tunisie s’en sort relativement mieux dans ces classements, sauf en matière de sécurité ou le Maroc est systématiquement mieux classé en termes de lutte contre le terrorisme, sécurité et sûreté et conflits domestiques et internationaux.
Maroc : champion sur l’économie et le climat
Aucun Etat du Maghreb n’arrive à rattraper l’avance que le Maroc prend dans les classements sur l’économie et le climat. En effet, le Royaume est un des leaders mondial en termes de durabilité écologique se hissant à la 7e place (sur 61) du Climate Change Performance Index. Dans les faits, le Maroc se place même quatrième, car les trois premières places du classement sont laissés vides, pour des raisons de symbole politique. D’autres classements sont moins enthousiastes sur le progrès du Maroc en termes de développement durable, comme le Global Green Economy Index qui le place 59e sur 180.
Le Maroc reste le pays le plus intéressant du Maghreb en terme d’entreprenariat pour la Banque Mondiale qui le classe 53e (sur 190) dans son Ease of Doing Business Index. En termes de transparence budgétaire, liberté économique et de connectivité, le Maroc ici aussi devance largement la Tunisie et l’Algérie tenant la 62e place (respectivement 20 et 50 places devant). La compétitivité du Maroc est aussi la plus intéressante, classé 75e sur 141 dans le Global Competitiveness Index.
Quand est-il de l’Algérie ? Le pays n’est en tête de ses paires que dans trois classements : l’Human Capital Index, l’Human Development Index et le Global Militarisation Index.
Les classements et la réalité, pas toujours d’accords.
Pour conclure leur étude, le think tank a tenu à expliquer en quoi ces classements ne permettaient pas de donner une image toujours fidèle du terrain. Sur des questions de démocratie, les études démontrent une vision spécifique qui n’est pas toujours en adéquation avec la réalité vécue par les habitants, d'autant plus que si les pays maghrébins sont bien voisins, certaines choses ne sont pas comparables, comme l’organisation politique marocaine et algérienne.
De la même manière, les outils d’études sont décidés loin de la réalité du terrain étudié, ce qui entraine un décalage important dans la représentation et la réalité. Le GIISA déplore «la subjectivité des instruments de mesure commence avec ceux qui les conçoivent, des jugements sont déjà faits dans le processus de désignation des instruments.»
Malgré tout, l’étude menée par le think tank nous permet de visualiser comment sont perçus et référencés les pays du Maghreb.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de commenter nos articles