L’Espagne redoute le développement du Maroc

Publié le 30/06/2021
 
Eduardo de Castro de Ciudadanos, président du préside occupé de Melilia © DR

 Dans une interview accordée à l’agence de presse espagnole EFE, le président de la ville occupée de Melilia n’a pas manqué l’occasion de dire tout ce qu’il pensait du Royaume. Pour ce dernier, le Maroc veut «étouffer Melilia et Sebta en imposant depuis 2019 un blocus commercial et en développant respectivement les ports de Nador et de Tanger-Med à proximité». Par ailleurs, la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya menacée de renvoi pour ses multiples bévues politiques a souligné que la souveraineté espagnole de Sebta et Melilla «n’est pas en danger et ne le sera pas».

 

Ce sont de nouvelles accusations auxquelles a été confronté le Maroc ce week-end de la part du président de la ville occupée de Melilia. Dans une interview accordée à l’agence de presse espagnole, EFE, Eduardo de Castro de Ciudadanos, n’a pas mâché ses mots accusant le Maroc de vouloir «noyer» les deux villes de Sebta et Melilia en construisant d’immenses ports dans le nord du pays.

«La feuille de route du Maroc est claire : il veut grandir et avec cette croissance, nous nous noyons. C’est bien qu’il veuille grandir, mais pas à nos dépens», souligne Eduardo de Ciudadanos, mettant l’accent sur «la construction d’immenses ports dans le nord du pays ainsi que d’autres infrastructures».

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Le responsable semble redouter l’expansion des ports de Tanger Med et de Nador qui ont multiplié leur capacité par 20 en quelques années seulement. «Le Maroc a une volonté impérialiste et expansionniste», dit-il, estimant que le Maroc veut étouffer Melilla et Sebta en imposant un blocus commercial depuis 2019. «Le Maroc a osé non seulement ne pas autoriser les marchandises en provenance de Melilia, mais aussi en bloquant les hommes d’affaires qui apportent des marchandises de la péninsule. Lorsqu’ils voient que celles-ci proviennent des entreprises de Melilla, ils ne les admettent pas, y compris les marchandises qui doivent être admises. Ils ferment partout», critique-t-il.

Ce dernier s’est ensuite lancé dans des propos invraisemblables en assurant que Melilla «n’a jamais été une colonie ou une néo-colonie» et que la ville a été fondée il y a 523 ans avant même la création de l’Espagne en tant que telle et qu’on ne savait même pas de loin qu’il y aurait un Royaume marocain». Le responsable a visiblement besoin de quelques cours d’histoire sur le Maroc dont l’existence date de plus de 12 siècles.

 

L’Espagne prépare un plan de sauvetage et se tourne vers l’Europe pour sauver Sebta et Melilia

Dans sa déclaration à la presse locale, le président du préside occupé de Melilia a proposé de développer des stratégies pour «ne pas dépendre» du Maroc. «Le règlement du problème de Sebta et Melilia passe inexorablement par les institutions européennes. J’ai longtemps soutenu que la solution passait par Bruxelles», souligne de Castro.

Selon le journal espagnol El País, un plan de sauvetage socio-économique est en préparation. 

L’Espagne étudie l’inclusion de Sebta et Melilla dans l’Union douanière ce qui obligerait tous les Marocains vivant dans les villes voisines à avoir un visa pour entrer dans les deux villes, alors qu’ils n’avaient besoin auparavant que de la carte d’identité nationale pour y accéder.

L’Espagne chercherait à travers cette démarche à maximiser les avantages fiscaux dans le but de promouvoir de nouveaux secteurs d’activités dont le tourisme, l’arrimage des bateaux de croisière ou encore les jeux d’argent en ligne. L’Espagne souhaite également moderniser le port de Melilia afin qu’il puisse faire face à la concurrence du port voisin de Nador.

En réponse la semaine dernière à la question d’une députée espagnole sur la souveraineté de l’Espagne sur les villes de Sebta et Melilia, la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, a souligné que cette souveraineté «n’est pas en danger et ne le sera pas». La responsable espagnole a indiqué que les deux villes continueront à constituer la frontière extérieure de l’UE.

Rappelons qu’Arancha Gonzalez Laya est très critiquée par l’opinion publique espagnole quant à sa mauvaise gestion de la crise avec le Maroc. Elle serait même sur le départ alors qu’il reste encore deux ans de mandat à son gouvernement. 

Un remaniement ministériel est probable. Deux profils circulent déjà dans la presse espagnole pour succéder à Laya à ce poste. Il s’agit de Luis Planas, ministre de la Culture et ambassadeur d'Espagne au Maroc de 2004 à 2010, et José Manuel Albares, diplomate et actuel ambassadeur d'Espagne en France. À suivre. 

 

 

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