Les 2 politologues Zakaria Abouddahab & Moussaoui Ajlaoui : La main tendue à l’Algérie par le Roi du Maroc
Le politologue Zakaria Abouddahab : Pourquoi le Maroc et l'Algérie ne peuvent plus se permettre le luxe de la division
Le 05/08/2022
Zakaria Abouddahab, politologue, revient sur la nécessité pour Alger et Rabat de «pas rester en marge du processus d’intégration», suite à la nouvelle main tendue du roi Mohammed VI à l’Algérie, dans le discours du Trône du 30 juillet 2022. © Copyright : Brahim Moussaaid /le360
Suite à la nouvelle main tendue du roi Mohammed VI à l’Algérie, le politologue de renom Zakaria Abouddahab a estimé, dans un entretien avec Le360, que les deux pays ne doivent «pas rester en marge du processus d’intégration aux niveaux régional et mondial».
«L’Algérie et le Maroc, ainsi que les autres pays du monde arabe, doivent se ressaisir pour faire face aux turbulences géopolitiques qui affectent le monde», a martelé Zakaria Abouddahab, politologue, alors que se profile la tenue éventuelle d’un sommet arabe en novembre prochain à Alger.
Ce professeur de droit international à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat-Agdal (FSJES) estime encore que «le monde arabe aujourd’hui n’a pas le choix, il doit absolument se ressaisir dans un contexte de turbulences géopolitiques aggravées». Et d’ajouter qu’on «ne peut pas se permettre aujourd’hui en tant que pays arabes, avec bien entendu des confluences multiples, de rester en marge des processus d’intégration aux niveaux mondial ou régional». Selon lui, «il faut voir ce qui se passe en Asie, en Europe, en Amérique Latine» pour s’en convaincre.
La normalisation maroco-algérienne constituera une importante étape vers la tenue du prochain sommet arabe, si l’on en croit ce politologue. «Parce qu’au final, si le sommet arabe devrait se tenir en Algérie et bien cela doit se faire dans un contexte d’abord d’apaisement de la tension entre les deux pays voisins, et en même temps, je crois à une possible relance maghrébine aujourd’hui, ô combien, non seulement souhaitable, mais impérative face aux enjeux et aux menaces qui guettent toute la région», a-t-il expliqué.
Cet analyste politique a en outre appelé à la nécessité de «donner maintenant le primat au discours de la raison, du pragmatisme, du réalisme, mais aussi dépasser les antagonismes qui, hélas, sont à mon sens des séquelles d'une période révolue». Il a estimé que «maintenant, la balle est dans le camp de la présidence algérienne», avec la perspective de «lancer un dialogue stratégique global intégrant toutes les questions épineuses qui soient liées aux frontières, au conflit artificiel du Sahara marocain ou à d’autres problématiques relatives au banditisme et l’immigration irrégulière, etc.».
Quant aux voix minoritaires qui ont vite manifesté leur opposition à la main tendue du Maroc, le politologue estime «cela tient à l’habitus, ce concept utilisé entres autres par le sociologue français Pierre Bourdieu». L’habitus, faut-il le souligner, est «défini comme des structures prédisposées à fonctionner comme structurantes».
Zakaria Abouddahab explique ainsi qu’il s’agit pour certains médias et voix algériennes «de rester dans un confort stérile» et «je crois que dans l’establishment et au sein des apparatchiks, il y a des poches de résistance pour qui la normalisation des relations ne seraient pas profitables», a-t-il ainsi commenté.
Et de poursuivre que «le courage politique et les enjeux en cours nécessiteraient de couper court à ce genre de réactions stériles, négatives et dangereuses parce qu’elles alimentent beaucoup de stéréotypes». «Sa Majesté l’a dit dans le discours lorsqu’il a parlé des fake news et de la diabolisation de l’autre».
Ce qui est à retenir, a souligné le politologue, «c’est que le Maroc a toujours gardé son sang froid et prôné la modération, la sagesse, la sagacité exprimées en haut lieu par Sa Majesté le Roi». «Maintenant il est temps, plus que jamais, de replacer les relations entre le Maroc et l’Algérie dans un cadre stratégique sur le long terme», a-t-il insisté.
«Regardez ce qu’il se passe aujourd’hui en mer de Chine, la tension qui monte d’un cran entre la Chine, les Etats-Unis et Taïwan. Regardez également, pour positiver un peu, James Webb, le fameux télescope qui a remplacé le télescope Hubble, cette exploration de l’espace. Il faut que nos pays puissent aller dans ces compétitions géostratégiques et dépasser les antagonismes surannés», a ainsi conclu Zakaria Abouddahab.
Source : le360
La main tendue à l’Algérie, «Un appel de la sagesse du roi Mohammed VI», selon un politologue
Le nouvel appel du roi Mohammed VI à la réconciliation avec l’Algérie est un véritable message «de sagesse et de responsabilité» dans un contexte international difficile, estime le politologue Moussaoui Ajlaoui, au lendemain du discours du Trône. Analyse.
«Nous enregistrons le fait qu’il s’agit d’un message de sagesse et de responsabilité adressé aux dirigeants et au peuple algériens dans un contexte régional et arabe fortement perturbé», a expliqué le politologue Moussaoui Ajlaoui, avant de souligner l’importance de ce nouvel appel du discours du Trône, «une précieuse occasion qui permet au Souverain de transmettre à son peuple les importants messages clairvoyants sur les orientations majeures de la vie politique, économique et sociale» du Royaume du Maroc.
Il faut souligner aussi, a dit Moussaoui Ajlaoui, que le roi Mohammed VI a consacré dans son discours du Trône du 30 juillet 2022 une bonne et importante partie à la situation relationnelle avec l’Algérie, «regrettant l’impasse dans laquelle se trouvent actuellement les rapports bilatéraux avec ce pays». Ainsi, le Souverain a estimé dans son discours «une fois de plus que les frontières qui séparent le peuple marocain et le peuple algérien frères ne seront jamais des barrières empêchant leur interaction et leur entente». Pour illustrer cette idée, le politologue a énuméré les initiatives qu’avaient entreprises par le passé les Sultans, puis Rois du Maroc, à l’égard de l’Algérie.
En plus de l'envoi d'armes et des appuis politiques du Royaume à la
lutte pour l'indépendance de l’Algérie, Rabat avait célébré chaque
année, fastueusement, le jour de l’indépendance du pays (5 juillet
1962). Peu avant la proclamation de celle-ci, le Maroc s’était démarqué
en ouvrant sur son territoire une radio dédiée à l’indépendance de ce
pays. «La réconciliation et l’entente avec l’Algérie vont permettre aux
(cinq) pays du Maghreb d'être une force politique et économique «non
seulement dans cette région africaine mais dans le monde arabe aussi»,
souligne cet expert en géopolitique.
Le politologue a également voulu pointer un important passage du discours, dans lequel le Roi a insisté sur le fait que pour le cas du Maroc «jamais nous n’avons permis ni ne permettrons à quiconque de porter atteinte à nos frères et voisins».
En revanche, a affirmé le Souverain, «notre souhait est que ces frontières se muent en passerelles permettant au Maroc et à l’Algérie d’accéder à un avenir meilleur et d’offrir un bel exemple de concorde aux autres peuples maghrébins», a précisé le Roi qui a aussi exhorté à cette occasion «les Marocains à préserver l’esprit de fraternité, de solidarité et de bon voisinage qui les anime à l’égard de nos frères algériens».
«D’ailleurs, nous assurons ces derniers qu’en toute circonstance, le Maroc et les Marocains se tiendront toujours à leurs côtés», a assuré le Roi, qui a ajouté que toutes «les allégations selon lesquelles les Marocains insulteraient l’Algérie et les Algériens sont le fait d’individus irresponsables qui s’évertuent à semer la zizanie entre les deux peuples frères».
Le Souverain a en outre regretté que les «médisances sur les relations maroco-algériennes sont totalement insensées et sincèrement consternantes».
Le roi Mohammed VI a conclu son propos en exprimant sa «ferme volonté de trouver une issue à la situation actuelle et de favoriser le rapprochement, la communication et la compréhension entre les deux peuples».
Le Souverain a émis l’espoir d’œuvrer «avec la présidence algérienne pour que le Maroc et l’Algérie puissent travailler, main dans la main, à l’établissement de relations normales entre deux peuples frères, unis par l’Histoire, les attaches humaines et la communauté de destin».
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