Trump sort de l’accord : « Il s’agit à nouveau de remettre les Iraniens à genoux »

Trump sort de l’accord : « Il s’agit à nouveau de remettre les Iraniens à genoux ». ....

Le président américain annonçait le 8 mai sa décision de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien signé notamment par son prédécesseur en 2015. Retour sur cette décision marquante avec Benjamin Hautecouverture, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste du désarmement et de la dissuasion nucléaire.

Ce retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien est-il une surprise ? Non, pour Benjamin Hautecouverture, spécialiste du désarmement et de la dissuasion nucléaire à la Fondation pour la recherche stratégique, c’était une décision attendue, Donald Trump fustigeant déjà le texte lors de sa campagne présidentielle : « La seule petite surprise c’est l’ampleur, la radicalité de la décision de sortie par le président Trump de l’accord nucléaire iranien du 14 juillet 2015 […] Ces modalités sont très sévères, très définitives ».L’accord sur le nucléaire iranien est-il encore viable sans les Américains ? Le 8 mai, Donald Trump annonçait le retrait américain de cet accord signé le 14 juillet 2015, un document multipartite qui a pour objectif d’empêcher Téhéran de parvenir à un programme nucléaire militaire tout en levant progressivement les sanctions économiques. Un accord qui jusque-là était respecté par l’Iran, selon les rapports trimestriels de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique.

S’agit-il d’une tactique de bluff ? Le chercheur reste circonspect quant au succès de cette stratégie éventuelle : « Il s’agit à nouveau de remettre les Iraniens à genoux et qu’une fois qu’ils seront à genoux, que leur économie sera à nouveau exsangue, on leur proposera un grand Deal. Je trouve ça très optimiste. »
 Quelles sont les raisons de cette incompréhensible décision américaine ? Le chercheur de la FRS estime que le président américain a pris une mesure trop radicale et qu’il sera difficile de faire machine arrière : « Depuis qu’il est candidat, cet accord est insuffisant parce que la dimension balistique n’est pas approchée, n’est pas traitée par l’accord, parce que les questions régionales ne sont pas traitées, ce qui a poussé les Européens à trouver des alternatives pour après 2025. Il précipite la situation telle qu’il va jeter le bébé avec l’eau du bain c’est ça qui est idiot. »
Sans la présence américaine, quelles sont les chances de survie de l’accord nucléaire ? Benjamin Hautecouverture relativise la portée de cette résolution américaine et rappelle les autres protagonistes: « Pour le moment, il n’est pas mort encore puisque c’est un accord multipartite. ». Le chercheur précise sa pensée, considérant qu’il est possible que cet accord survive si les signataires s’en donnent les moyens :
« Oui, on le peut à deux titres : on le peut théoriquement d’abord, parce qu’on a le droit, c’est un accord multipartite, si un État s’en retire, ça n’oblige pas les autres à s’en retirer […] Sur le terrain, maintenant qu’est-ce que ça va être de continuer à commercer avec l’Iran si les États-Unis imposent des sanctions secondaires aux entreprises qui continuent de commercer. Ça va être difficile parce que déjà aujourd’hui, depuis juillet 2015 les entrepreneurs européens exercent la plus grande retenue s’agissant de leurs investissements et de leur prise de parts de marché parce qu’ils se demandent si l’accord est pérenne. Sans des garanties européennes gouvernementales très fortes, on ne voit pas pourquoi une entreprise à capitaux privés viendrait prendre le risque de se faire taper sur ses actifs qu’elle a sur le continent américain. Dans la sphère réelle de l’économie, ça va être compliqué même si ça n’est pas impossible à mon avis, en particulier parce que la Chine a une autonomie et sa monnaie forte ».
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D’après l’Agence internationale de l’énergie atomique, le Conseil des gouverneurs de cette organisation a déjà annoncé que le dossier du développement d’engins explosifs nucléaires par l’Iran était clos.
Dans un communiqué, publié ce mardi 1er mai sur le site web officiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), un porte-parole de ladite organisation a réaffirmé qu’elle évaluait toutes les informations liées aux garanties nucléaires qui lui sont disponibles.
« L’Agence examine toutes les informations liées au système de surveillance des activités nucléaire de l’Iran. Mais ce n’est pas sa pratique de discuter des questions liées à de telles informations en public. », a-t-on appris du texte.
Et d’ajouter : « En décembre 2015, le directeur général de l’AIEA, Yukiya Amano, a présenté au Conseil des gouverneurs de l’Agence les résultats de l’évaluation finale des questions, à ce moment-là en suspens, concernant le programme nucléaire. Ledit rapport a confirmé que les activités nucléaires de l’Iran n’avaient pas dépassé l’acquisition de compétences et de capacités techniques et scientifiques nucléaires. Le même rapport indiquait que l’Agence ne disposait d’aucune indication crédible témoignant des activités sur le développement d’un engin explosif nucléaire après 2009. C’est sur la base de ce rapport de M. Amano que le Conseil des gouverneurs a annoncé que ce dossier était clos. » 
Fabrice Beaur, expert pour l’ONG EODE, et Pierre Dortiguier, analyste politique, nous donnent plus de détails à ce sujet.

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