#Arwahi-Tadjri : Une foule de joggeuses
court pour le droit des Algériennes à l'espace public
Environ 500 personnes dont 300 femmes, selon les organisateurs, ont couru ce samedi 09 juin 2018 aux Sablettes, à Alger, sur une distance de 5 kilomètres en solidarité avec Ryma, une jeune fille “agressée vulgairement”, selon ses termes, il y a quelques jours alors qu’elle faisait son jogging peu avant l’heure du F’tour.
Les participants à ce jogging, des femmes, jeunes et moins jeunes, pour la plupart, se sont rassemblés peu avant 18H devant la Grande roue de la Promenade des Sablettes.
Elles ont favorablement répondu à l’appel “Arwahi Tejdri” (اروَاحي تجري) des organisateurs de ce jogging, pour affirmer, munies de pancartes, leur droit à exercer une activité sportive en plein air mais surtout, leur droit d’occuper, librement, l’espace public sans craindre de se faire harceler ou agresser, ni verbalement ni physiquement.
Les joggeuses, en première ligne, ont ainsi démarré à l’unisson vers 18H10 pour atteindre, 2.5 kilomètres plus tard, l’extrémité de la Promenade des Sablettes et revenir à la ligne de départ.
Tandis que les jeunes et habituées joggeuses couraient à un rythme soutenu, d’autres, venues spécialement exprimer leur solidarité avec Ryma et dénoncer les agissements de son agresseur, maintenaient un rythme lent.
Elles couraient, tantôt avec des pancartes, tantôt accompagnées de leurs enfants ou leurs petits-enfants. “Nous essayons de tout faire pour que la voix des femmes soit respectée. Avant elles étaient plus respectée, pas maintenant avec cette nouvelle génération”, explique une dame, la cinquantaine, une pancarte à la main, sur laquelle était écrit “Laisse-la tranquille”.
“Moi je suis une grand mère. Je suis venue soutenir me filles et mes petites filles. Nous vivons en Algérie et nous ne voulons pas quitter notre pays pour vivre librement, nous voulons le faire ici”, martèle-t-elle, au HuffPost Algérie.
Le nombre de participants ne cessait de croître puisque d’autres joggeuses se joignaient au fur et à mesure à cette course de solidarité. Des citoyennes, militantes comme Amira Bouraoui ou Hassina Oussedik, actrices et YouTubeuses ont également pris part à cette initiative.
Certaines, visiblement habituées, tentaient de rattraper rapidement la première ligne tandis que d’autres, de tout âge, en groupe ou seules, préféraient avancer lentement pour faire passer leurs messages, levant les poings en l’air et brandissant leurs pancartes devant les caméras qui immortalisaient le moment.
Des participantes étaient même accompagnées de leurs enfants, parfois des nouveaux-nés, qui ont pris part à cette course en courant, excités et amusés, ou ... à bord de leurs poussettes.
“Nous étions obligées de réagir, de venir dénoncer l’agression subie par cette fille pendant son sport”, explique une femme, la trentaine, qui marchait à vive allure, poussant son nouveau-né dans sa poussette.
“C’était important pour moi de prendre part à cette course, revendiquer notre liberté à faire ce que nous souhaitons. Notre place est là où nous voulons et quand nous voulons t’être”, rajoute-t-elle, lisant le contenu de sa pancarte.
Les joggeuses arrivaient, à rythmes variés, à la ligne de départ trente minutes plus tard. Les premiers arrivés ont vite improvisé une haie d’honneur pour accueillir les joggeuses, les féliciter d’avoir participé à cette course dans une ambiance festive.
A Constantine aussi
Pour rappel, Ryma a été agressée physiquement et verbalement alors qu’elle faisait du jogging dans la forêt de Bouchaoui, lieu très fréquenté par les amateurs de sport. “Pourquoi tu cours? Ta place est dans la cuisine à cette heure-ci”, aurait hurlé l’agresseur en voyant la jeune fille.
Cette dernière a posté une vidéo pour dénoncer cet acte mais aussi pour se plaindre contre le traitement qui lui a été réservé par la gendarmerie lorsqu’elle a voulu porter plainte.
Une autre course en solidarité avec cette citoyenne a également été organisée au même moment à Constantine, à l’initiative d’une jeune joggeuse.
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