Algérie : Malgré les critiques, Bouteflika brigue son cinquième mandat !


Algérie : Malgré les critiques, Bouteflika brigue son cinquième mandat !
11/02/2019 10:25

Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis vingt ans, a mis fin à des mois de spéculations dimanche en annonçant qu'il briguera un cinquième mandat en avril, malgré ses problèmes de santé, qui le placent au cœur de plusieurs critiques.

À moins d'un mois de la clôture officielle des candidatures, le 3 mars à minuit, l'annonce met un terme aux spéculations, entretenues par le silence du président sur ses intentions. Pourtant, cette candidature semblait acquise depuis une semaine, la coalition des quatre partis qui le soutiennent l'ayant désigné le 2 février comme leur candidat.
Samedi, son parti, le Front de libération nationale (FLN), membre de la coalition, avait en outre organisé un grand rassemblement de soutien.
Cloué dans un fauteuil roulant en raison d'un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013, Abdelaziz Bouteflika n'apparaît que très rarement en public et ne s'exprime plus publiquement.
Présidence malgré les problèmes de santé

Dans son message diffusé dimanche, Abdelaziz Bouteflika devance les critiques sur son état de santé, qui le rend inapte à gouverner selon certains opposants. « Bien sûr, je n'ai plus les mêmes forces physiques qu'avant, chose que je n'ai jamais occultée à notre peuple », écrit le président algérien. « Mais la volonté inébranlable de servir la Patrie ne m'a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté ».
Le 2 février, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, chef du Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du FLN, avait déjà estimé que l'état de santé d'Abdelaziz Bouteflika n'empêchait pas sa candidature. « Il a remporté la présidentielle en avril 2014 dans ce même état », avait-il souligné, prévenant que Bouteflika n'animerait pas sa campagne. « Sa santé ne le lui permet pas et il n'en a pas besoin car le peuple le connaît », avait-il argué.
Dans son message, M. Bouteflika désamorce les critiques de ceux qui l'accusent de vouloir accaparer, à son profit ou celui de son clan, le pouvoir, en promettant, s'il est élu, la convocation d'une « Conférence nationale regroupant toutes les forces politiques, économiques et sociales de la Nation ». Cette conférence sera chargée de faire émerger un « consensus sur les réformes et les changements » que devra engager l'Algérie, indique Bouteflika, qui précise toutefois que c'est lui qui s'occupera de la concrétisation des conclusions de la conférence.
Parmi les thèmes qui seront abordés figurent « une présence plus forte des jeunes » au sein des institutions politiques, la volonté de « vaincre le fléau de la bureaucratie », la « mise en place de mécanismes de démocratie participative », ou encore des réformes économiques « sans dogmatisme ».
« Décision irresponsable »

Artisan du retour à la paix en Algérie après 10 ans de sanglante guerre civile, Abdelaziz Bouteflika a profité de la hausse du prix du pétrole entre 2004 et 2014 pour lancer de vastes programmes d'infrastructures et désendetter le pays. Toutefois, l'économie algérienne reste ultra-dépendante des hydrocarbures et son 4e mandat a été marqué par la chute des cours qui ont durement touché l'économie du pays, où un tiers des jeunes de moins de 25 ans est au chômage.

Pour l'heure, seuls Abderrazak Makri, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste, et le général à la retraite Ali Ghediri, pourfendeur du pouvoir et jusqu'ici inconnu du public, ont annoncé leur intention d'être candidats.

Le principal adversaire d'Abdelaziz Bouteflika en 2004 et 2014, son ancien Premier ministre Ali Benflis, n'a pas encore dit s'il se présenterait. Son parti, l'Avant-Garde des Libertés, a qualifié la candidature du président de « décision irresponsable, susceptible d'enfoncer davantage notre pays dans la crise politique, économique et sociale qui le ronge ».
« Nous sommes en présence d'un nouveau détournement annoncé de la volonté populaire (...) avec un candidat dans l'incapacité d'exercer la fonction présidentielle », a-t-il estimé dans un communiqué.

Systématiquement réélu au 1er tour avec plus de 80% des voix, le chef de l’État algérien, qui a annoncé sa candidature à la présidentielle ce dimanche dans un « message à la Nation », demeure selon les observateurs le grand favori du scrutin.


(Avec AFP)

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