La contestation sociale ne faiblit pas en Algérie. Le Hirak souffle sa troisième bougie, exhibant ainsi à la face du monde la distance qui s’amplifie entre le peuple et le pouvoir politique.
Méthodiquement et pacifiquement, les citoyens algériens battent régulièrement le pavé pour faire entendre leurs voix dans ce pays où l’économie est à bout de souffle, chahutée par la crise. Ils ne demandent pas grand-chose pourtant : juste le droit à une vie décente, avoir du travail, jouir de leurs droits élémentaires… Et, surtout, le départ du régime militaire en place, incapable de répondre aux aspirations de la population.
Une utopie ? A l’évidence oui. Car malgré 3 ans de protestations, ce régime est toujours en place, s’accrochant vaille que vaille au pouvoir pour tenter de pérenniser un système politique pernicieux et avilissant, largement contesté. Lequel institutionnalise la rente, la corruption, les passe-droits et s’octroie des privilèges indus. Lequel a surtout brisé le rêve de toute une nation de voir un changement politique majeur en Algérie depuis le départ de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
De changement, il n’en est pas question. Du moins, pas tant que le peuple sera sous l’emprise militaire. Bien au contraire. Car, à défaut d’écouter la voix de la collectivité, ceux qui réclament le changement sont opprimés, sinon embastillés pour les faire taire. Ces voix dérangent et renvoient à la figure des caciques du pouvoir une réalité amère : leur rejet par les citoyens, par toutes ces intelligences rebelles qui refusent que leur soit confisqué leur espoir de voir naître une Algérie meilleure, tournée vers la modernité.
Aussi, n’est-il pas étonnant que le gouvernement multiplie les intimidations, les exactions et les violations des droits civils et politiques pour exister et se donner une légitimité et une crédibilité perdues depuis bien longtemps. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que des experts de l’ONU ont accusé le régime algérien d’«instrumentaliser politiquement le terrorisme» pour réprimer les libertés publiques.
Aujourd’hui, la rue bouillonne de colère. Le Hirak en est l’expression pacifique la plus parlante. Un Hirak auquel la seule réponse donnée par les autorités algériennes a été la force et les arrestations arbitraires. Depuis le début de ce mouvement de protestation en 2019, pas moins de 300 personnes croupissent dans les prisons algériennes, accusées, entre autres, d’atteinte à la sureté de l’Etat et d’atteinte à l’intégrité du territoire.
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