De DSK à Sarkozy, une classe de pourris !
Si l’été n’a pas été très ensoleillé cette année, il y a eu tout de même de beaux feux d’artifice… d’affaires politico-judicaires qui ont éclaboussé l’UMP comme le PS.
Et le spectateur de s’écrier : “Oh ! la belle bleue… oh ! la belle rose…”
Cette rentrée de septembre 2011 est aussi dominée par les scandales à feuilletons et les coups-bas. Il y en a pour tous les goûts. Un véritable spectacle décadent fait d’orgie, de corruption et de coups de poignard dans le dos.
Toutes ressemblance avec la fin de règne des maîtres de la Rome antique n’est absolument pas fortuite !
Une liste interminable d’affaires…
A notre gauche, c’est “OK Corral” : “je te flingue, tu me flingues”. Pour se faire mousser avant les primaires socialistes, Arnaud Montebourg – rejoint par Ségolène Royal – a joué les Monsieur Propre en sortant de son chapeau un rapport sur les pratiques mafieuses du socialiste Guérini. Il n’y a là aucune révélation, aucun scoop puisque la corruption ambiante et la voyoucratie au sein du PS dans le sud-est de la France sont ultra-connues depuis Gaston Defferre (patron du PS marseillais, maire de la ville phocéenne et ami intime des gangsters et de la “French Connection” de l’après-guerre aux années 1980). Mais en réalité, Montebourg visait là une autre cible : cette affaire lui a aussi permis de pointer du doigt la responsable nationale du PS, Martine Aubry. Sentant le piège, celle-ci a répondu : “Il n’y a rien dans ce rapport. Pas un élément concret, précis, pas un fait.” Autrement dit, “circulez, il n’y a rien à voir”. Cet affrontement larvé a alimenté d’autant plus les dissensions que ce parti est de plus en plus éclaté.
Pour ce qui est de DSK, saigné comme un poulet sur l’autel des magouilles politiciennes, bien qu’on ne sache pas qui a porté le coup mortel, il est de plus en plus certain qu’il a été l’objet d’une attention particulière ; autrement dit, coupable ou pas d’agressions sexuelles, que ce soit à New-York, au FMI ou à Paris, il était attendu au tournant. Ses mœurs sordides auraient pu être passées une nouvelle fois sous silence, comme c’est d’ailleurs le cas en permanence pour tant d’autres puissants de ce monde, mais cette fois certains ont au contraire décidé de faire le maximum de bruit et de publicité pour le dégommer. Qui ? L’histoire le dira peut-être.
A notre droite, cela vaut aussi son pesant de “Terminator” en 3D et en blueray. L’omniprésident Sarkozy, malgré tous ses récents efforts pour se donner une stature internationale et au-dessus de la mêlée des “connards” (1) de l’UMP, voit se resserrer un étau implacable sur nombre d’aspects de son activité politique passée et présente qui le ramène irrésistiblement dans ses talonnettes hexagonales. On a pour se mettre en appétit la suite de l’affaire Woerth-Bettencourt et les enveloppes distribuées gracieusement à Nicolas Sarkozy en personne par une femme vieillissante perdant prétendument la tête, pour payer la campagne électorale présidentielle sarkozyenne de 2007.
Suivent à présent les valises de billets qui ont servi à financer la campagne de Balladur : celles-ci ne venait pas de Neuilly mais de Karachi en 1995 ! Ces valises ont été ramenées par un intermédiaire professionnel de vente d’armes, Takieddine, qui les refilait via la Suisse à l’ami (et témoin de son mariage avec Carla) de Sarkozy, Nicolas Bazire. Résultat tragique de ce tripatouillage, il est hautement probable que l’ISI (2) pakistanaise a fait sauter 14 personnes en 2002 (dont 11 Français) pour d’obscures raisons d’accords de ventes d’armes et de dessous de table. Dans cette sombre affaire de ventes de sous-marins, où il n’y a de clair que les tripatouillages en tous genres, sont impliqués non seulement Sarkozy mais aussi Balladur, de Villepin et bien sûr Chirac.
Lequel est atteint “d’anosognosie”, de pertes de mémoires, ce qui lui a permis d’éviter un procès dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. Mais ces trous de mémoires, apparemment très sélectifs, ne l’ont pas empêché de démentir ces accusations de valises pleines d’argent circulant au sein de la droite ; il se souvient là très bien qu’il n’en a jamais vu ni même jamais entendu parlé ! D’ailleurs, cet homme qu’on nous présente presque gâteux va participer en décembre à un colloque sur sa “politique extérieure” à Sciences Po ! Il faut croire qu’il sera alors guéri.
Que Chirac et Sarkozy sont ennemis, c’est une certitude. Mais une autre chose est certaine : ils emploient les mêmes procédés crapuleux, en particulier en Afrique où, décidément, contrairement aux promesses, la fin de la Françafrique n’est pas pour demain. Les déclarations fracassantes de M. Bourgi, autre porteur de valises mais en provenance d’Afrique cette fois-ci (et à l’en croire pour le compte de Chirac et de Villepin), n’ont fait que renvoyer dos à dos les politiques africaines de Chirac et de Sarkozy, comme elles ont rappelé celle de Mitterrand et de la gauche en leur temps.
Enfin, n’omettons pas Christine Lagarde, toute fraîche présidente du FMI (parce qu’elle parle anglais) qui traîne l’affaire Tapie/Crédit lyonnais comme un boulet. Elle se dit victime d’un acharnement injuste. Après tout, elle n’a “que” pesé de tout son poids, quand elle était ministre de l’Economie, en faveur d’un “arrangement” (litigieux certes) permettant à “Nanard” d’être quelque peu “dédommagé” (en palpant 45 millions d’euros !).
La liste de tous ces déballages, de toutes ces affaires plus scabreuses les unes que les autres, pourrait être infinie. Aujourd’hui, on ne sait plus qui balance qui, tellement ses affaires sont douteuses. Comme dit Hortefeux : “ça balance” dans tous les commissariats.
A propos de commissariats, la dernière affaire à la Une est elle-aussi très révélatrice de la décomposition qui touche toutes les hautes sphères de l’Etat : cette fois-ci, c’est un membre éminent de la Police judiciaire de Lyon, donc un représentant et défenseur appointé de “l’ordre” bourgeois, qui est mis en examen avec d’autres collègues et magistrats pour des faits de corruption “sans précédent connu” (3) en France. Depuis 20 ans, au vu et au su de tous, les grands patrons de la police lyonnaise fricotait avec la mafia, en touchant au fric facile, à la drogue dure, aux belles voitures et aux femmes de petite vertu.
… qui révèle l’état de décomposition du capitalisme
Chaque affaire semble en révéler une autre, à la façon des poupées gigognes, mais sans qu’il y ait là de fin. Dans le capitalisme, comme le dit la chanson du chanteur Mano Solo, “Il y a toujours plus profond que le fond.”
Ces innombrables affaires judiciaires, bien qu’elles soient écœurantes voire révoltantes, ne doivent pas nous étonner. L’effet “règlement de comptes” pour gagner la campagne électorale à tout prix et ainsi “aller à la soupe”, selon l’expression consacrée, y est certes pour beaucoup. Mais cela révèle aussi un mal beaucoup plus profond. Pour preuve, il ne s’agit pas d’un phénomène franco-français, il est généralisé à tous les Etats du monde, petits ou grands. Il suffit de passer les Alpes et de se rendre dans l’Italie de Berlusconi pour s’en rendre compte.
L’image des ces “républiques bananières” dont se moquaient les beaux esprits de la classe dominante est en fait leur propre reflet. Elle est l’expression d’une bourgeoisie dont le mode de fonctionnement fondamental et le credo sont l’exploitation et l’appât du gain, la quête permanente et fébrile du profit, par n’importe quel moyen. Le vol et la spoliation, le meurtre individuel ou de masse, la corruption, le mensonge, la menace constante et la répression forment les moindres outils de cette classe dont le mot d’ordre préféré est : “L’homme est un loup pour l’homme.” Donc, mort aux plus faibles et aux plus démunis !
Et c’est ce qu’elle fait, contre la classe ouvrière et contre les classes non exploiteuses, mais aussi en son sein. Ce qui est significatif en revanche des “affaires” qui explosent avec une telle virulence aujourd’hui, c’est qu’elles témoignent d’un nouvel enfoncement dans la décomposition du capitalisme, auquel l’aggravation de la crise économique ne peut être étrangère.
D’ailleurs, c’est justement cette absence d’avenir du système capitaliste qui renforce le chacun pour soi au sein de la classe dominante.
“Sauve qui peut et Dieu pour tous !” est sa nouvelle maxime. Même si, sous de nombreux aspects, cette litanie permanente de scandales permet d’occuper le gogo et les rédactions des journaux, on ne peut qu’être frappé par le sentiment de dégoût que tout cela provoque.
Il reviendra à la lutte de la classe ouvrière de transformer ce dégoût en une force capable de balayer tous ces malfrats et de renverser ce système capitaliste en pleine déliquescence.
Wilma (30 septembre)
1) Propos de Sarkozy lui-même cité dans le Canard enchaîné du 28 septembre 2011.
2) Service de renseignement pakistanais, véritable Etat dans l’Etat, à l’origine de la création des groupes talibans pour lutter contre l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979.
3) Jean-Marc Berlière, historien de la police (interviewé par atlantico.fr)
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