Coupe du monde 2026 : Toute l’Afrique (ou presque) vote pour le Maroc.

Coupe du monde 2026 : Toute l’Afrique (ou presque) vote pour le Maroc.

Candidat à l’organisation du Mondial de football, le royaume devrait pouvoir compter sur le soutien de la majorité des fédérations du continent, qui se prononceront le 13 juin.

A Moscou, le 1er décembre 2017.

Quoi qu’il arrive, un vent de nouveauté soufflera sur la Coupe du monde de football 2026. D’abord parce qu’elle concernera 48 sélections, contre 32 actuellement. Mais aussi parce qu’elle pourrait être organisée pour la première fois par trois pays (Canada, Etats-Unis, Mexique), alors que seuls le Japon et la Corée du Sud, en 2002, avaient jusqu’à maintenant pu s’associer pour accueillir cet événement planétaire. Autre scénario : si la candidature adverse, celle du Maroc, devait être choisie, le royaume deviendrait le second pays musulman, après le Qatar en 2022, à recevoir l’élite du football mondial.

Le 13 juin à Moscou, veille de l’ouverture de la Coupe du monde en Russie, 207 des 211 fédérations affiliées à la Fédération internationale de football, la FIFA, vont devoir se prononcer(les quatre pays faisant acte de candidature ne votant pas). Pour le Maroc, le soutien des pays membres de la Confédération africaine de football (CAF), forte de 55 membres, représente un enjeu majeur. Et pour l’instant, les Africains semblent se ranger massivement derrière le royaume chérifien.
C’est ce que souhaite Patrick Mboma, l’ancien buteur des Lions indomptables du Cameroun : « J’espère que la quasi-totalité des voix du continent iront au Maroc, car son dossier est solide. Ce pays, qui a retrouvé sa place en février 2017 au sein de l’Union africaine [UA], fait preuve d’un activisme certain en Afrique. Son rôle, diplomatique et économique, est concret, réel. L’Africain doit aider l’Africain ! »

Soutien de l’Algérie

Selon les estimations les plus sérieuses, dont celle récemment publiée par la BBC, au moins 49 des 54 votants ont déjà l’intention de se prononcer en faveur du Maroc, qui a prévu un plan de dépenses de 12,8 milliards d’euros s’il est désigné. « Il peut toujours y avoir un peu de déperdition de voix, mais ce sera à la marge. Le Liberia [fondé par d’anciens esclaves revenus des Etats-Unis], a fait savoir par George Weah, son chef de l’Etat, qu’il votera pour le Maroc, rappelle un ancien diplomate français, bon connaisseur du contexte africain. 
Le royaume a également de nombreux partenariats avec une quarantaine de fédérations africaines dans le cadre de sa politique diplomatique sportive. »
Outre le Liberia, plusieurs pays anglophones, tels le Botswana, le Ghana, l’Ouganda et le Nigeria, ont publiquement annoncé leur choix en faveur du dossier marocain. Et l’Algérie, rival régional, a entériné son soutien au Maroc le 5 avril par la voix du président Abdelaziz Bouteflika, imitant la Tunisie, l’Egypte et la Guinée-Bissau. Qui pourrait faire faux bond ? 
Pour l’instant, la discrétion est de mise dans les autres fédérations. Ahmad Ahmad, le président malgache de la CAF, ne cache pas, en privé, que le ralliement de la totalité des pays africains est envisageable. L’instance qu’il préside a d’ailleurs officiellement annoncé son soutien au Maroc.
Influente et longtemps en froid avec Rabat, l’Afrique du Sud entretient également désormais de bonnes relations avec le Maroc. Cyril Ramaphosa, son président, est marié à Tshepo Motsepe, la sœur du milliardaire Patrice Motsepe, patron du groupe Sanlam qui a racheté en mars le pôle assurances du marocain Saham pour 1,2 milliard d’euros. « N’oublions pas que Saham est la propriété de Moulay Hafid Elalamy [ministre marocain de l’industrie et président du comité d’organisation de la Coupe du monde 2026]. Ce genre d’opération confirme que les relations entre le Maroc et l’Afrique du Sud se renforcent. Avant le vote du 13 juin, cela n’est pas anodin », poursuit notre source diplomatique.

Et les Européens ?

Sans entrer dans ces considérations politiques et économiques, l’ancien international algérien Anthar Yahia appelle de ses vœux un soutien franc et massif de l’Afrique : « Le continent a besoin d’organiser des événements d’ampleur internationale. Le Maroc en a les capacités. Je me souviens que pour le Mondial en Afrique du Sud en 2010, il y avait beaucoup d’interrogations sur l’organisation, la sécurité… et tout s’était bien passé. Il y a toujours des préjugés sur l’Afrique. Quoi de mieux qu’une Coupe du monde sur ses terres pour luttercontre ce sentiment ? »
Le Maroc espère séduire les Africains grâce aux atouts de son dossier. « Ce sera plus facile pour les supporteurs d’obtenir des visas pour le Maroc que pour les Etats-Unis, le Canada ou le Mexique, et le voyage sera moins cher. Par ailleurs, il n’y a pas de problèmes de fuseaux horaires, un argument auquel les diffuseurs sont sensibles. Enfin, le pays, à dimension humaine, est relativement sûr et stable et a une tradition d’hospitalité », détaille Patrick Mboma.
En Afrique, l’image des Etats-Unis s’est en effet détériorée ces derniers mois. Les déclarations du président, Donald Trump, qui a qualifié les pays africains de « pays de merde », ont choqué sur le continent. Anthar Yahia, qui se veut « optimiste sur la candidature marocaine », est convaincu que de nombreux pays européens se rangeront également derrière elle. Récemment, la France, la Belgique, la Russie, le Luxembourg et la Serbie se sont prononcés en faveur du Maroc. Des soutiens venus s’ajouter à ceux du Qatar, de la Palestine, de la République dominicaine et de Sainte-Lucie.


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