PROTECTION SOCIALE : PERTE POUR LA CLASSE MOYENNE, PROFIT POUR LES POLITIQUES !

 

PROTECTION SOCIALE : PERTE POUR LA CLASSE MOYENNE, PROFIT POUR LES POLITIQUES !


protection sociale
La protection sociale pour tous est une revendication de toute la société. 
Sa mise en œuvre exige la mobilisation, de manière permanente, de ressources financières conséquentes. Mais, cette ambition collective ne doit pas se faire par ponction sur les revenus de la classe moyenne.

Devant l’impossibilité de taxer les pauvres par ce qu’ils sont en disette et les riches parce qu’ils iront chercher des paradis fiscaux, Mazarin avait dit, à ce qu’on raconte, il y a 4 siècles, à Colbert : «  il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres ni riches, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres. C’est ceux-là que nous devons taxer, toujours plus. Plus tu leur prends, plus ils travaillent plus pour compenser…C’est un réservoir inépuisable ».

Le conseil de Mazarin, cadeau bon marché, est devenu un principe du droit fiscal marocain. En effet, la fiscalité de la classe moyenne manque de beaucoup de classe. Alors que gouvernement et partis politiques n’arrêtent pas de faire les yeux doux aux pauvres, vrai réservoir électoral, le Maroc du milieu, lui, sombre dans l’oubli.

En 2019, les recettes de l’impôt sur le revenu, d’origine essentiellement salariale, se sont élevées à 42,187 Mds DH, contre 42,52 Mds DH en 2018. Les mêmes recettes au titre des neuf premiers mois de l’année de la Covid-19, se chiffrent à 30,681 Mds DH, contre 32,366 Mds DH réalisées au titre de la même période de l’année précédente. L’impôt sur le revenu représente, en 2019, 43,76% des impôts directs et 19,38% des recettes fiscales globales.

Inutile de rappeler que la classe moyenne paie beaucoup et reçoit moins. Elle, qui porte le poids de l’impôt sur son dos, se trouve contrainte de puiser dans ses ressources pour bénéficier des prestations relevant normalement des missions régaliennes de l’Etat  et devant être servies à titre gracieux.

A contre-courant de la situation économique critique que traverse le Maroc, mais dans la continuité de la politique gouvernementale tendant à écharper la classe moyenne, l’exécutif programme une nouvelle ponction sur le produit de la force du travail. Le PLF 2021 a institué une contribution sociale sur les bénéfices et revenus.

La contribution, dont le taux est fixé à 1,5%, s’applique au revenu global net d’impôt égal ou supérieur à 120.000,00 DH l’an. Les fonds collectés au titre de cette contribution seront versées au « fonds d’appui à la protection sociale » qui vient en lieu et place du « fonds d’appui à la cohésion sociale ». Tout change, tout se transforme sauf les victimes : on tape toujours sur les mêmes. Ladite contribution servira pour effectuer des versements au profit des organismes de protection sociale. C’est parti donc pour un prélèvement obligatoire permanent.

Neuf milliards cinq cent millions de dirhams au profit du fonds d’appui à la protection sociale : « je n’appelle pas ça du budget, j’appelle ça de l’attaque à main armée ! » comme l’a si bien dit Michel Audiard. Il est temps que la pression fiscale change de camp. On ne se lassera jamais de répéter que le gouvernement doit demander plus à l’impôt qu’au redevable. Pour ce faire, il doit étendre l’assiette, recruter de nouveaux contribuables et combattre les déperditions.

Le gouvernement ne doit, pour des raisons politiques ou autres, entreprendre des projets qui ne sont pas dans ses cordes. Il ne doit pas continuer à compter sur l’aide d’une classe moyenne qui souffre, depuis des lustres, comme un damné, pour financer ses caprices. La patience de cette classe à un fond. Le gouvernement, avec ses attaques répétitives à l’encontre du pouvoir d’achat de cette classe, sonde le fond de l’abime.

De son côté, la classe moyenne ne doit rester en marge de la société et intégrer la sphère politique pour faire entendre sa voie. Tiens ! Elle a une occasion en Or qui se profile à l’horizon : Élections 2021 !

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