Dans la rue en Tunisie pour dénoncer Kaïs Saïed, qui fait cavalier seul.
Des milliers de partisans du Parti destourien libre (PDL) — l’opposition — ont manifesté dimanche à Tunis pour dénoncer l’« accaparement du pouvoir » par le président Kaïs Saïed et la crise économique dans laquelle est plongé le pays.
« La pauvreté a augmenté », « la famine est à nos portes », scandaient les manifestants qui étaient au moins 2000, dans le centre-ville, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
Certains des participants, venus à l’appel du PDL, parti anti-islamiste de Mme Abir Moussi, brandissaient des baguettes et des pancartes en anglais (« Tunisian wake up ») et en français : « L’État tunisien est au bord de l’effondrement ».
Ces derniers mois, le PDL s’est hissé en tête des intentions de vote en vue d’éventuelles législatives.
« Le gouvernement est incapable de trouver des solutions pour les Tunisiens. Si nous continuons à garder le silence, le pays court à sa perte », a lancé à la foule Abir Moussi, connue pour ses talents oratoires.
Elle a fustigé l’attitude de M. Saïed, élu démocratiquement fin 2019, mais qui s’est octroyé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet dernier. Le président Saïed a gelé depuis cette date les activités du Parlement, accusant cette instance, dominée pendant dix ans par le parti islamo-conservateur Ennahdha, sa bête noire, de bloquer toute décision.
Mme Moussi a qualifié M. Saïed de « souverain [qui] a préparé le budget seul et n’en a discuté avec personne ». « Le pouvoir en place est illégitime et n’engage pas les Tunisiens », a ajouté Mme Moussi, appelant à des élections parlementaires immédiates.
« Saïed, le dictateur, est enfermé dans son palais, et le peuple ne trouve ni semoule, ni farine, ni huile, ni sucre », s’est plaint à l’AFP Youssef Jabali, 32 ans, tenant un portrait de Mme Moussi. Ces dernières semaines, la Tunisie déjà engluée dans une grave crise économico-sociale avec une inflation et un chômage très élevés, est confrontée à des pénuries d’aliments de base.
Selon les autorités, cela provient d’une frénésie d’achats à l’approche du ramadan, mois de réunions familiales et de forte consommation alimentaire, qui a été exacerbée par la flambée des prix liée à la guerre en Ukraine, gros producteur de blé.
Le président Saïed a accusé certains commerçants d’entreposer des marchandises pour faire grimper les prix, et déclaré cette semaine « la guerre aux spéculateurs », les menaçant de lourdes peines de prison.
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