30 ans et célibataire : Six femmes témoignent.
Ici et ailleurs, la génération Y fait le choix de se marier plus tard, ou pas du tout. Alors que notre attitude vis-à-vis du mariage connaît une mutation rapide, beaucoup de femmes se sentent encore pressées par leurs amis, leur famille et même de parfaits inconnus de se conformer à un style de vie plus "traditionnel".
C'est la raison pour laquelle, en collaboration avec SK-II, nous avons discuté avec six nouvelles trentenaires et recueilli leurs impressions sur cet âge crucial dans le monde d'aujourd'hui.
1. "J'ai parfois l'impression que mon cœur va exploser tellement je suis heureuse." ― Andrea Mujica, 30 ans, Chili
"De ce que j'ai vu, la plupart des femmes vivent très mal le passage à la trentaine. Elles traversent une minidépression et considèrent que c'est la pire chose qui leur soit jamais arrivé. Je crois que, parmi mes amies, j'étais la seule à être enjouée à l'idée de fêter cet anniversaire, ce que j'ai fait le 11 juin dernier!
Je suis née et j'ai grandi à Orlando, en Floride. Toute ma vie, j'ai pensé que tout allait se dérouler comme sur des rails. J'allais me marier à 23 ans, avoir trois enfants avant 30 ans et vivre dans une belle maison avec mon mari parfait.
Ça me fait hurler de rire de dire ça aujourd'hui.
Je me demande encore comment je pouvais penser ça.
Ce rêve assez commun n'a pas résisté à un rebondissement inattendu. Je suis partie vivre au Chili en 2010, à 24 ans, et je n'ai jamais regretté ma décision.
Aujourd'hui, je parcours le continent américain de long en large, je travaille à distance, je profite de mon célibat, je tiens un blog, et je chéris chaque instant de ma vie.
J'ai parfois l'impression que mon cœur va exploser tellement je suis heureuse.
Pas un instant je n'avais imaginé vivre la vie que j'ai aujourd'hui, mais l'existence nous réserve parfois de belles surprises."
2. "Mes copines mariées me demandent tout le temps si j'ai un homme dans ma vie. D'autres insistent pour me donner des conseils de drague, ce qui est assez démoralisant." ― Hillary Kline, 29 ans, Etats-Unis
"Le week-end dernier, je me suis rendue à deux mariages seule et j'ai vraiment ressenti tout le stress lié au fait d'être célibataire à presque trente ans. Je vais fêter mon anniversaire le 4 octobre et, pour être honnête, ça me fait peur. Plus jeune, je pensais que ma vie serait complètement différente. Je me voyais mariée avec des enfants, en pleine réussite professionnelle, et je n'en suis pas du tout là.
Mes copines mariées me demandent tout le temps si j'ai un homme dans ma vie.
D'autres insistent pour me donner des conseils de drague, ce qui est assez démoralisant.
A vrai dire, je crois que je me mets moi-même la pression, et je suis frustrée de ne pas encore être mariée. Étant donné que je suis quelqu'un d'assez impatient, c'est difficile de voir que mes amis en sont à leur deuxième bébé ou que des enfants que j'avais gardés quand j'étais ado ont eux-mêmes des enfants.
Je sais que les choses viendront en temps voulu mais j'approche de ce cap et je commence à douter de tout ça.
Pour me débarrasser du cafard de la trentaine qui arrive, j'ai décidé de m'offrir des vacances en solo fin septembre, début octobre dans un endroit où je ne suis jamais allée: la Grèce. L'une des plus belles choses dans le fait d'avoir trente ans et d'être célibataire, c'est que je peux partir quand je le souhaite, sans me poser de questions, sans avoir besoin de baby-sitter, sans planifier quoi que ce soit à part pour moi-même!"
3. "Je préfère être une mère célibataire attentive que d'être coincée dans une relation sans amour avec le père de mes enfants!" ― Katja Grisham, 30 ans, Angleterre
"Je suis entrée dans la trentaine en février et je crois que mon angoisse liée au temps qui passe est un peu différente de celle de la plupart des femmes de mon âge, car je suis maman. Si on m'avait dit à 21 ans qu'à 30 ans je serais mère célibataire avec deux enfants, que je travaillerais à plein temps sans pouvoir compter sur un mari, un copain ou ma famille, je crois que je me serais jetée d'une falaise. Mais je suis contente que personne ne m'ait dit ça car je ne changerais mon parcours (aussi tourmenté soit-il) pour rien au monde. J'aime mes enfants et je suis fière d'être capable de m'en occuper seule.
Certains amis au parcours plus traditionnel me font des commentaires en demi-teinte sur mon choix de vie. Les gens qui sont mariés et qui ont une vie bien rangée ne comprennent pas vraiment comment je peux accepter d'être célibataire et de me concentrer sur mes enfants plutôt que sur la recherche d'un compagnon, mais ce n'est pas grave. Je préfère être une mère célibataire attentive que d'être coincée dans une relation sans amour avec le père de mes enfants!"
4. "J'ai privilégié ma carrière à ma vie amoureuse. L'avenir me dira si j'ai fait le bon choix mais, pour l'instant, je poursuis mon petit bonhomme de chemin en tailleur de luxe." ― Brittany Goossen Brown, 30 ans, Etats-Unis
"Je suis entourée au quotidien d'athlètes masculins qui ne manquent jamais de me demander pourquoi je suis 'encore' célibataire. Généralement je réponds que je voyage beaucoup ou que je suis très prise par ma carrière en ce moment, mais je ressens vraiment cette pression de me poser, me marier et faire un bébé. Je compare mes publications sur Instagram à celles de mes amies qui ont choisi une autre voie (le mariage) et je me demande à quoi ressemblerait ma vie si je les avais imitées. Cela dit, elles se posent certainement la même question en regardant mon profil. L'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs!
Il m'arrive pourtant de ressentir un 'manque' dans ma vie.
J'ai des parents qui me soutiennent beaucoup et ne m'ont jamais mis la pression pour que je marie.
À vrai dire, ma mère me dit souvent qu'elle m'envie car j'ai la chance de vivre seule et qu'elle est impressionnée par ma capacité à dîner seule au restaurant sans hésitation. Même histoire pour mes copines (toutes mariées sans exception), elles aussi impressionnées par mon aisance à être 'indépendante' (c'est-à-dire seule).
Cette indépendance me fait un peu peur car j'ai l'impression que plus je m'y habitue, plus il sera difficile de me faire à la vie avec quelqu'un.
La semaine de mon anniversaire, j'étais à New York pour le travail et même si mes collègues m'avaient prévu toute une série de festivités, lors de mon vol de retour (5h30 de voyage) j'ai eu le temps de penser à ma vie, à ce qu'elle était par rapport à ce que j'avais imaginé. Je me suis demandé si j'étais heureuse. Je n'ai toujours pas la réponse et ça fait maintenant deux mois que j'ai passé le cap. Je ne suis pas certaine de pouvoir y répondre un jour. J'ai privilégié ma carrière à ma vie amoureuse. L'avenir me dira si j'ai fait le bon choix mais, pour l'instant, je poursuis mon petit bonhomme de chemin en tailleur de luxe."
5. "Lui et moi, on trouve ça un peu frustrant que les gens ne prennent pas notre relation au sérieux, alors qu'on est ensemble depuis plus longtemps que beaucoup de nos amis mariés." ― Ka Xiong, 30 ans, Etats-Unis
"Fille d'immigrés Hmong, je me suis toujours dit que ma vie suivrait un chemin relativement traditionnel. Dans la culture hmong, les rôles attribués aux deux sexes sont très stricts: l'homme est à la tête du foyer et ramène l'argent; la femme, cuisine, fait le ménage et élève les enfants. Toute mon enfance, j'ai vu ma mère préparer des repas pour dix personnes et manger toute seule dans la cuisine une fois que les hommes avaient fini. Je m'attendais donc à vivre la même chose à 30 ans.
Au lieu de ça, j'ai un master, un super boulot, deux chiens et un copain fantastique avec qui je ne prévois pas de me marier (ni d'avoir des enfants).
Même si ma famille me soutient globalement sur ces choix, elle ne comprend pas mon aversion pour le mariage. Mon copain et moi sommes ensemble depuis près de dix ans et nous sommes satisfaits de notre vie actuelle. Ni lui ni moi ne ressentons le besoin de dépenser 25.000 $ dans une fête gigantesque juste pour faire plaisir à nos familles. Il est fils d'immigrés coréens. Par conséquent, à chaque réunion, nos parents et les membres de notre famille nous harcèlent pour savoir quand nous allons enfin franchir le pas.
Mais la pression autour du mariage ne se limite pas à la famille. Certaines de mes amies mariées semblent dérangées par la satisfaction que j'éprouve à ne pas être mariée. Au quotidien, les gens me disent des choses comme: 'Mais pourquoi vous n'allez pas juste à la mairie?' ou 'On ne peut pas VRAIMENT comprendre ce que c'est que l'engagement tant qu'on est pas marié(e).' Lui et moi, on trouve ça un peu frustrant que les gens ne prennent pas notre relation au sérieux alors qu'on est ensemble depuis plus longtemps que beaucoup de nos amis mariés! Pas besoin d'un bout de papier pour nous rappeler ce que nous représentons l'un pour l'autre. Même si le gouvernement, ma famille et quelques amis bien intentionnés mais embêtants me considèrent 'célibataire', je sais qu'avec mon copain c'est pour la vie."
6. "J'ai peur qu'ils soient déçus ou tristes de ne pas avoir pu me mener jusqu'à l'autel (pour mon père) ou d'être grand-mère (pour ma mère dont je suis la fille unique)." ― Rebecca Smith, 30 ans, Etats-Unis
"Ce week-end, je suis allée à l'enterrement de vie de jeune fille (EVJF) de ma dernière copine de lycée non mariée. Par tradition, la mariée garde quelques décorations de sa cérémonie (ainsi qu'une poupée gonflable d'EVJF nommée John et parfaite pour faire la fête, bien sûr) jusqu'au prochain EVJF de notre groupe. Nous sommes cinq filles et cette tradition a commencé en 2012, quand la première s'est mariée.
Depuis, il y en a toujours eu une qui était déjà fiancée ou qui n'allait pas tarder à l'être. On savait donc que John allait pouvoir refaire une apparition. Sauf que, ce week-end, il n'y avait pas de perspective de prochaine fois étant donné que je ne suis pas fiancée. Ce n'est pas du tout au programme. Mes amies m'ont quand même sorti: 'Becky, t'es la prochaine!', 'On garde John pour toi, Beck!', etc. J'ai ri et joué le jeu mais je me suis vraiment demandé si c'était la dernière apparition de John. Je ne suis pas sûre que le mariage soit au programme pour moi.
J'ai eu 30 ans en octobre et suis actuellement célibataire. J'ai bien profité de ma vingtaine.
J'ai travaillé dans le secteur du divertissement et de l'accueil à Las Vegas, participé à l'organisation de soirées avec des célébrités ainsi qu'à des événements de renommée mondiale, obtenu un master et beaucoup voyagé. Mais, à part quelques histoires courtes, on ne peut pas dire que l'amour ait vraiment été au rendez-vous. Je suis retournée vivre à Chicago il y a deux ans, en grande partie parce que je trouvais que ma personnalité ne correspondait pas à Las Vegas et que je pensais avoir plus de chance de rencontrer quelqu'un dans le Midwest, là où j'ai grandi. Ça n'a pas été le cas et la plupart du temps, ce constat ne me dérange pas.
Ici, à Chicago, j'ai de très bons amis qui sont, pour la plupart, des célibataires de 30 ans et quelques. J'ai un travail que j'aime plus que tout et le chien le plus adorable du monde, que je traite comme mon propre enfant.
Je suis propriétaire d'un très joli appartement, j'ai une belle voiture et je voyage beaucoup.
Si je me compare à mes amies du lycée, je mène une vie exaltante, ce qu'elles me confirment.
Pourtant, lors d'événements comme cet EVJF, je m'aperçois que j'ai envie d'une vie comme la leur.
A cela s'ajoute le fait que mes parents vieillissent et que je commence à me dire que si jamais le mariage et les enfants ne sont vraiment pas pour moi, je les prive peut-être de quelque chose.
J'ai peur qu'ils soient déçus ou tristes, de ne pas avoir pu me mener jusqu'à l'autel (pour mon père) ou d'être grand-mère (pour ma mère dont je suis la fille unique).
Mes parents n'évoquent pas souvent le sujet mais je sais qu'ils y pensent.
Ce week-end encore, ma mère m'a dit qu'elle aimerait être invitée à mon EVJF. J'ai répondu : 'De quoi tu parles ?'
Cet article, publié à l'origine sur le HuffPost américain, a été traduit par Laura Pertuy pour Fast for Word.
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