Qui sont les sans-abris au Maroc ?
Des chiffres qui ne reflètent pas tout à fait la réalité, selon Hind Laidi, présidente de l'association Jood qui vient en aide aux personnes vivant dans la rue.
Selon elle, ils seraient en effet "beaucoup plus", quelques dizaines de milliers, à ne pas avoir de domicile fixe. "Nous sommes certains que cela dépasse de très loin les 7.000 sans-abris", indique-t-elle au HuffPost Maroc. "Dans les zones où nous distribuons des repas à Casablanca, Marrakech et El Jadida, qui ne couvrent pas l'ensemble du territoire, près de 1.000 personnes reçoivent notre aide deux fois par semaine".
"Une femme qui vit dans la rue, c'est un futur SDF tous les neuf mois"
Si une grande majorité des sans-abris sont des hommes (86,7%), les femmes sans-abris (13,3%) sont généralement les plus vulnérables. Selon Hind Laidi, "une femme qui vit dans la rue, c'est un futur SDF tous les neuf mois". "Il est urgent de faire sortir les femmes de la rue. Elles sont victimes de viols, d'agressions sexuelles et de violences", explique-t-elle.
La plupart du temps, c'est pour fuir un mari violent ou leur famille suite à une grossesse non désirée qu'elles se retrouvent dans la rue. Elle sont davantage concentrées dans les régions de Casablanca, Rabat, l'Oriental, Marrakech et Tanger.
"Les personnes âgées sont parfois jetées à la rue par leur famille"
Les adultes, eux, forment le plus gros contingent des sans-abris. 77,5% sont âgés entre 20 et 59 ans et 3,8% sont des personnes âgées de 70 ans et plus.
"C'est triste à dire, mais les vieilles personnes sont souvent jetées à la rue par leur famille, car leurs enfants ne veulent plus s'en occuper", se désole Hind Laidi, qui regrette le manque d'infrastructures pour les accueillir. "À Casablanca par exemple, ville qui compte près de 4 millions d'habitants, il y a un seul centre à Aïn Chok pour les personnes âgées, avec 40 lits".
Un tiers des sans-abris sont en situation de handicap
Le handicap peut toucher la vision, l’audition, la mobilité, la concentration, la capacité de prendre soin de soi, et la communication.
Par exemple, 1,4% des sans-abris ont une incapacité totale à marcher ou à monter un escalier, 3,9% ont beaucoup de difficultés à voir, et 13,4% ont beaucoup de difficultés à prendre soin d'eux, selon le HCP.
"Il existe très peu de centres d'accueil pour les sans-abris au Maroc.
À Casablanca, il y a le centre de Tit Mellil, mais tout le monde le fuit, vu les conditions d'accueil!", raconte la responsable associative.
Manque de soutien juridique et de formation.
Selon le HCP, 45,5% des sans-abris n’ont aucun niveau d’instruction, 32,9% des sans-abris ont un niveau primaire, 19% le niveau secondaire et 2,6% le niveau supérieur.
Quid des SDF étrangers ?
"Les étrangers en provenance des autres régions du monde ne représentent qu’une infime minorité", note le HCP. "Nous ne voyons pas de Syriens sans-abris. Généralement, ils arrivent à vivre de la mendicité", indique la présidente de l'association.
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