Discours d’ouverture du parlement : SM Mohammed VI veut un séisme politique.
Acta non verba (des actes et assez de palabres), telle est en gros l’idée force du discours qu’a prononcé SM le Roi Mohammed VI, ce vendredi 13 octobre 2017, à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du parlement. « Heureux » de retrouver les parlementaires, le Souverain n’a en effet pas manqué de taper du poing, alors que les « difficultés », reconnaît-il, ne cessent d’entraver le développement du pays. « Vous êtes comptables devant Dieu, devant le Peuple et devant le Roi de la situation dans laquelle le pays se trouve actuellement, » a-t-il dit en s’adressant aux membres du gouvernement, aux parlementaires et élus locaux.
Mais de quelles difficultés s’agit-il ? Mohammed VI en pointe plusieurs.
D’abord, l’inaptitude du modèle de développement national à satisfaire d’après lui les demandes et les besoins des citoyens.
En effet, rappelle Mohammed VI, « les Marocains ont besoin d’un développement équilibré et équitable » ; « souhaitent la (…) généralisation de la couverture médicale et la facilitation de l’accès digne de tous à de bons services de santé » ; « veulent que leurs enfants bénéficient d’un enseignement de qualité, qui ne se limite pas à développer des aptitudes de lecture et d’écriture, mais qui leur offre la garantie d’embrasser le monde du savoir et de la communication » ; « ont (…) besoin d’une justice équitable et efficace. »
Autant de points où, pour le moins, le Maroc a raté le coche, regrette-t-il.
Aussi, l’efficacité des mécanismes sous-tendant ledit modèle de développement est en question. Et par là, Mohammed VI fait nommément allusion à l’administration, envers laquelle il avait déjà été fort critique dans son dernier discours du trône (lequel discours qu’il cite d’ailleurs dès le départ, comme pour souligner la continuité entre les deux allocutions). Une administration appelée à se moderniser davantage d’après lui, à être en d’autres termes plus en phase avec l’époque et avec les besoins des Marocains, à jouer un rôle de fer de lance plutôt que de frein et d’empêcheur de tourner en rond en favorisant notamment l’investissement, et surtout à prendre les devants, à appeler les choses par leurs noms quand il le faut, quitte à provoquer un véritable « séisme politique » (l’expression est de Mohammed VI) si tel est le prix à payer afin que tout un chacun puisse jouir et profiter des fruits du développement.
Mohammed VI donne, dans ce sens, quelques indications à suivre, comme l’accélération du chantier de régionalisation (au plan des esprits, surtout), aux fins d’une prise de conscience plus pertinente des problématiques locales (« il n’y a pas de solutions toutes faites, » rappelle le Roi), mais aussi le recours aux différentes études réalisées de part et d’autre, qu’elles aient trait à la richesse nationale, à l’éducation, etc. Le Souverain met également, par ailleurs, l’accent sur la jeunesse, à laquelle il a consacré un important pan de son discours, en en faisant un axe important du travail à faire, étant donné que « les questions liées à la jeunesse sont indissociables des problématiques de croissance, d’investissement et de travail, » souligne-t-il. Il appelle, ainsi, à l’élaboration d’une nouvelle politique intégrée dédiée aux jeunes. » Axée fondamentalement sur la formation et l’emploi, celle-ci devrait avoir le potentiel nécessaire pour proposer des solutions réalistes aux problèmes réels des jeunes, notamment ceux qui vivent en milieu rural et dans les quartiers périphériques et pauvres, » développe-t-il.
Cependant, sur la méthodologie de travail, Mohammed VI laisse, sur tous ces sujets, la complète latitude aux responsables de divers secteurs ; il les appelle, même, à faire preuve d’imagination et de créativité. « Nous voulons qu’à l’échelle de la nation, soit observée une escale, donnant le temps de se pencher collectivement sur les questions et les problèmes qui préoccupent les Marocains, confesse-t-il. Nous contribuerons ainsi à éveiller une prise de conscience de la nécessité de faire évoluer les mentalités qui font obstruction à la réalisation du développement global que Nous souhaitons. »
Ce discours a, enfin, été l’occasion pour Mohammed VI d’annoncer la prochaine mise en place d’un ministère délégué auprès du ministère des Affaires étrangères, entièrement dédié aux Affaires africaines. La raison en semble être le suivi pour le moins erratique des nombreux projets signés devant lui lors de ses visites dans le continent. Des cellules seront également, à cet effet, créées au sein des ministères de l’Intérieur et des Finances.
Passablement irrité par le « clientélisme », la « corruption » et la « prévarication » faisant presque force de loi à différents niveaux, Mohammed VI est donc bien décidé à mettre une fois pour toute le Maroc sur la bonne voie.
Les parlementaires sont avertis.
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