Commercial, social ou d'intérêt, le conflit sous toutes ses formes !

Commercial, social ou d'intérêt, le conflit sous toutes ses formes !
Commercial, social ou d'intérêt, le conflit sous toutes ses formes !

Chers lecteurs,

J’espère que tout va bien et que votre semaine s’est passée dans la détente et la bonne humeur. De mon côté, j’ai profité du soleil pour recharger mes batteries. Tout en sirotant mon eau fraîche sous mon parasol, j’ai jeté un œil parfois attentif, parfois distrait mais souvent amusé sur l’actualité de notre cher pays. 
Et je peux vous dire d’emblée que le bilan hebdomadaire est, comme toujours, assez mitigé.
Lundi, alors que le Barça avait remporté la veille sa treizième Supercoupe d’Espagne à Tanger, plusieurs témoignages de supporters marocains et espagnols fleurissaient sur la toile enchantée. Et c’est avec (ou sans ?) grand étonnement que nous apprenions que l’organisation de cet événement par la Fédération royale marocaine de Football a été un total fiasco. Vidéos à l’appui, nous avons assisté - impuissants et terriblement honteux - à des scènes surréalistes : des supporters réduits à sauter les barrières pour ne pas rater le début du match, un responsable qui supplie Messi de lui accorder un selfie tout en lui tordant le bras (l’amour rend certains un tantinet violent), une pelouse dont l’état est indigne d’un tel événement, des sièges cassés, des billets volés et j’en passe et des meilleures. Un scandale qui a, bien évidemment, fait le tour des médias internationaux et rendu notre honte tout aussi internationale. Que vous dire, chers lecteurs ? C’est la FIFA qui doit être soulagée que le royaume chérifien n’ait pas remporté l’organisation du Mondial 2026. Comment nos responsables ont-ils osé, compte tenu des faits, présenter une quelconque candidature pour organiser un événement mondial, étalé sur un mois, sur plusieurs villes et avec 48 pays à accueillir (en plus !) s’ils ne sont même pas capables d’organiser un seul match important ? Quand un pays est désorganisé, il ne mérite pas d’organiser et son peuple ne mérite pas non plus d’être humilié. Quant aux rêves naïfs de présenter un dossier conjoint avec l’Espagne, je pense que l’affaire est pliée et qu’il faut (vite) passer à autre chose. Fin.
Mardi, pendant que la toile marocaine s’excitait sur le projet de loi accordant l’égalité successorale entre hommes et femmes en Tunisie (et je félicite sincèrement nos voisines), l’Arabie Saoudite nous jouait un sketch de très mauvais goût. Les Al Saoud, commandants suprêmes de la coalition qui bombarde le Yémen (que le Maroc a quittée il y a quelques mois), ont largué l’une de leurs bombes sur un bus qui transportait des enfants tuant sur le coup quarante d’entre eux. Et devant les critiques de l’ONU (oui, l’ONU critique beaucoup et demande souvent des « enquêtes urgentes », mais derrière, il ne faut pas non plus s’attendre à des miracles, mais passons), les Saoudiens ont expliqué que c’était une action militaire légitime tandis que les Émiratis (qui font partie de la fête) ont qualifié le massacre de « bavure ». Bref, cette guerre (très) sale – qui n’a de surcroît aucune perspective de solution - a fait jusqu’à présent 10.000 morts. Mais tout va bien, il ne faut pas s’inquiéter outre-mesure, le Yémen est un pays lointain et inintéressant au plus haut point. Oui, il traverse la pire crise humanitaire au monde, en ce moment, mais on s’en fiche... Zappons. (Amateurs de premier degré s'abstenir, merci).
Mercredi, alors que la RAM et ses pilotes se rabibochaient enfin après plusieurs semaines d’interminables et incompréhensibles conflits, que Madonna se transformait en icône berbère dans les rues de la ville ocre et qu’Erdogan se crêpait la moustache avec Trump sur fond de livre turque en (spectaculaire) dégringolade, nous apprenions, non sans effroi, par le biais de l’association « Touche pas à mon enfant » le suicide d’une adolescente. La jeune fille a décidé de mettre fin à ses jours après que ses violeurs – elle a été victime d’un viol collectif en 2015 – ont été relâchés par la justice marocaine. Oui, relâchés. Libres. Sauf que, quelques heures plus tard, nous apprenions que l’association s’était juste appropriée l’histoire et qu’en réalité cette victime s’était suicidée en mars 2017 et que son histoire était suivie par une toute autre association qui n’est autre que l’AMDH de Marrakech. Vous me suivez ? Du coup, l’heure était aux règlements de comptes et aux « non ce n’est pas lui, c’est moi ». Pathétique. Alors que l’affaire est grave, qu’une gamine s’est suicidée parce que ses bourreaux ont été relâchés, une association a décidé de s’attribuer le « mérite » de suivre son affaire. En d’autres termes, « Touche pas à mon enfant » a voulu profiter d’un drame pour briller. Super. Et donc, au lieu de nous concentrer sur l’essentiel, on assiste aux accrochages par médias interposés entre un ego manifestement démesuré et les membres de l’AMDH qui s’indignent, à raison, de l’instrumentalisation de l’affaire. En attendant, quatre violeurs sont en liberté dans les rues de notre pays, leur victime (ou l’une de leurs victimes, qui sait) a mis fin à ses jours et tout va bien dans le plus beau pays du monde. Génial.
Jeudi, pendant que les Lions de l’Atlas reculaient de cinq places dans le classement FIFA et que le Maroc sortait sa calculette pour mesurer l’ampleur de l’impact (négatif, cela va de soi) de la crise entre la Turquie et les États-Unis sur les importations et exportations avec le pays d’Erdogan, nous apprenions que le deal Saham-Sanlam avait obtenu toutes les autorisations nécessaires pour sa concrétisation. Celle-ci devra avoir lieu au plus tard en octobre prochain. 
Lhamdoullah. Comme quoi, quand je vous disais que cette affaire sur fond de « conflit d’intérêt » impliquant l’ex-ministre de l’Économie, n’avait sans doute rien à voir avec le limogeage de Boussaïd et que tout ce que racontaient certains médias n’étaient que rumeurs… Il fallait me croire sur parole. Félicitons donc Moulay Hafid Elalamy et vaquons à nos occupations. Merci.
Ah. J’oubliais. Je vous avais promis de vous parler d’au moins une information positive par semaine ! Je trouve que l’État a pris la bonne décision en virant leurs salaires aux fonctionnaires avant l’Aïd. C’est toujours une galère monumentale quand la fête du mouton tombe vers la fin du mois et l’empathie de notre pays ne peut être que louable… par contre, je souhaite bon courage aux fonctionnaires pour le mois prochain : il comptera quarante-cinq jours et tombera pile poil avec la rentrée. Lah y7fed, ça va être sacrément chaud.
Allez ! Aïd Moubarak Sa3id ! N’abusez pas trop du gras et retrouvons-nous à la rentrée inchallah !

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