Un redoutable manœuvrier.

 

Un redoutable manœuvrier.

Moulay Hassan Ben Mohammed, devenu en 1961 Hassan II, est né à Rabat le 9 juillet 1929. Fils aîné du roi Mohammed V, il reçoit au palais royal les premiers enseignements coraniques. Après des études universitaires à Rabat et à Bordeaux, il obtiendra, en 1951, un diplôme d’études supérieures en droit public.

A l’âge de 13 ans, aux côtés de son père, il assiste à la conférence d’Anfa, où il rencontre Churchill, Roosevelt et de Gaulle. En 1947, il accompagne à Tanger Mohammed V, qui réclame l’indépendance du Maroc et son adhésion à la Ligue arabe.

En avril 1956, après l’indépendance, le roi nomme son fils chef d’état-major des Forces armées royales, puis le proclame prince héritier le 9 juillet 1957. Sa première intervention dans les affaires de l’Etat se produit en octobre 1958 à l’occasion d’un soulèvement paysan dans le Rif. Assisté du commandant Oufkir, il conduit la répression. Elle sera sanglante.

Le 3 mars 1961, après le décès de Mohammed V, il est proclamé roi et, dès décembre 1962, il fait adopter une Constitution mal acceptée par les partis politiques. Une vague de répression s’abat alors sur l’opposition de gauche, suivie, après les émeutes de Casablanca, le 23 mars 1965, par cinq ans d’état d’exception. En octobre de cette année-là, le dirigeant socialiste Mehdi Ben Barka est enlevé à Paris et assassiné.

Pour Hassan II le danger viendra ensuite de l’armée. Le 10 juillet 1971, une tentative de coup d’Etat fait plus de cent morts au palais royal. Le 16 août 1972, le général Oufkir monte une attaque contre l’avion du souverain. Oufkir, selon la thèse officielle, se suicide. A chaque fois, Hassan en réchappe par miracle.

En novembre 1975, la « marche verte » en direction du Sahara occidental lui fournit l’occasion de refaire l’unité autour de sa personne. Plus de 350 000 Marocains, avec pour seules armes le Coran et le portrait du roi, pénètrent dans l’ancienne colonie espagnole, où le Front Polisario revendique l’indépendance. Mais ce n’est qu’à la fin des années 1980, après une nouvelle série d’émeutes et la montée en force de l’islamisme, que son régime commencera lentement à se libéraliser.

Redoutable manœuvrier, jouant à fond la carte de la position stratégique de son pays, Hassan II a bénéficié d’une indulgence internationale que nombre d’autocrates lui ont enviée.

Durant les « années noires » de son règne, les violations des droits humains furent nombreuses et parfois terrifiantes (« emmurés vivants » de Tazmamart, vengeance hallucinante contre la famille du général Oufkir enfermée dans des « oubliettes », etc.), comme l’a révélé, en 2005, l’Instance équité et réconciliation voulue par son fils, le roi Mohammed VI. Il y eut aussi le pillage économique dont le Maroc a fait l’objet de la part de ses élites depuis l’indépendance.

Hassan II fut un intermédiaire précieux dans le conflit proche-oriental. En juillet 1986, il rencontra le premier ministre israélien Shimon Peres pour relancer le processus de paix. Les réformes constitutionnelles de 1992 et 1996 sont venues atténuer le caractère absolutiste de son régime. En février 1998, enfin, Hassan II nomma un opposant, le socialiste Abderrahmane Youssoufi, au poste de premier ministre chargé d’assurer une « alternance ».

Mort le 23 juillet 1999, Hassan II a laissé un Maroc structuré et unifié. Mais aussi un pays où les disparités sociales et les inégalités demeurent criantes.

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