Contre les disparités, le chef du gouvernement promet des changements.
Le chef du
gouvernement Saad-Eddine El Othmani a passé, ce mardi, haut la main,
son deuxième oral devant les députés de la Chambre des représentants,
lors de la séance mensuelle sur la politique gouvernementale.
Le
chef du gouvernement a eu à s’expliquer sur la cohésion sociale et
spatiale, ainsi que sur la politique d’intégration des jeunes. "Le
gouvernement est âgé de deux mois alors que les défaillances, elles, ont
30 ans", a-t-il lancé aux critiques parfois virulentes des députés. Ces
derniers ont dénoncé les disparités entre les régions qui, aux yeux de
l’opposition, donnent toujours crédit à ce qu’on appelait "le Maroc
utile et le Maroc inutile".À l’unanimité, les députés ont estimé que les événements qui ont secoué Al Hoceima sont intimement liés aux disparités sociales et économiques entre les régions. La régionalisation, la décentralisation et la répartition des richesses équitablement ont été clamées par les députés.
Alors que certains ont appelé à répondre aux revendications du Hirak avant qu’elles ne prennent "un caractère politique", d’autres ont proposé d’offrir des réductions fiscales aux investisseurs pour les pousser à aller vers des régions en manque. Au cours de leurs interventions, les députés ont également exprimé leur coup de gueule contre le gouvernement remettant en question ses choix d’investissement.
Construire un modèle de régionalisation
Avec son calme habituel, Saad-Eddine El Othmani a déclaré aux députés que la cohésion sociale et spatiale est "un défi auquel nous devons tous faire face". "Malgré la succession des approches, le cumul des programmes et des projets de développement, depuis des décennies, qui ont permis d’améliorer l’infrastructure, en général, notre pays n’a pas développé un modèle de gouvernance territoriale auquel les régions peuvent adhérer, avec une même cadence, dans la dynamique de développement que connait le pays en général", a-t-il indiqué.
Le chef du gouvernement a précisé, toutefois, que la régionalisation avancée stipulée par la constitution de 2011 représente une alternative pour "construire une nouvelle expérience du développement spatial". Et cette construction vise à renforcer les institutions régionales, les pousser à créer "leur propre modèle" et à mettre en place des "outils de solidarité entre les régions et réhabiliter les moins développées d’entre elles".
Des objectifs déclinés dans le programme qui avait été présenté par le roi Mohammed VI lors de son discours de la fête du trône de 2015 et que le gouvernement s'engage à concrétiser aujourd’hui.
Mode d’emploi
Ainsi, le chef du gouvernement a rappelé que 50 milliards de dirhams ont été consacrés au programme national 2016-2022 de lutte contre les disparités sociales et territoriales dans le monde rural. 20.800 projets bénéficiant à 12 millions de citoyens de 24.290 villages sont au menu de ce programme ayant fait l’objet de quatre conventions signées fin 2016 avec quatre régions. Ces accords portent sur la réhabilitation de 369 communes rurales pour un budget de 2,6 milliards de dirhams dans les régions de Drâa-Tafilalet, l'Oriental, Béni Mellal-Khénifra et Guelmim-Oued Noun.
En plus d’un arsenal juridique en cours de mise en place pour donner vie à la régionalisation, une charte de décentralisation administrative devra également voir le jour. Annonçant ces mesures, El Othmani a tenu également à souligner l’activation du fonds de solidarité inter-régional et l’augmentation de l’appui financier au profit des régions (5,2 milliards de dirhams).
"L’analyse de la tendance du développement montre que les régions qui participent le moins dans le PIB sont celles qui enregistrent plus de dynamique dans leur évolution", a affirmé le chef du gouvernement. Et de citer, pour exemple, la région de Laayoune-Sakia Hamra dont le taux de développement national a atteint 11,7%, suivie de Dakhla-Oued Eddahab avec 10,5% et Draa-Tafilalet avec 6%.
Impliquer davantage la région
Dans le cadre de son programme, le gouvernement veut impliquer plus et mieux la région à travers ses composantes communales. "Nous aspirons à élaborer des plans intégrés intersectoriels dans lesquels nous éviterons de gaspiller l’argent, l’énergie et le temps", a dit El Othmani. Ainsi, la réhabilitation des centres des communes territoriales est assujettie désormais à une approche régionale. Celle-ci vise à sceller des conventions entre le gouvernement et les régions pour atteindre des objectifs précis dans des délais fixes. À titre d’exemple, 96 communes rurales dans la région de Draa-Tafilalet seront réhabilitées, dans ce cadre, à hauteur de 600 millions de dirhams.
Enseignement, santé, emploi, investissement, le chef du gouvernement a promis un changement radical au profit des régions. "La nouvelle feuille de route de l’enseignement supérieur vise à mettre en place dans chaque région un complexe universitaire complet dans lequel les spécialités de formation seront en adéquation aux besoins de la région", a-t-il indiqué. Et d’ajouter "Al Hoceima sera doté d’un noyau universitaire à l’avenir".
Pour ce qui est de la formation, El Othmani a souligné l’importance, pour le gouvernement, de créer des offices régionaux de l’OFPPT (Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail) et de mettre en place des pôles régionaux de l’éducation et de la formation.
Intégration des jeunes dans la vie publique
Au deuxième axe des questions adressées au chef du gouvernement, moins dense, comparé au premier, Saad-Eddine El Othmani a voulu rassurer : "Le tiers de notre société est constituée de jeunes entre 15 et 35 ans. C’est une richesse pour le Maroc".
Pour les intégrer dans la vie publique, les droits qui leur sont reconnus par la constitution représentent des points de référence à la stratégie du gouvernement. "Le projet de loi 89.15 relatif au conseil consultatif des jeunes et le travail associatif a été remis à l’institution législative", a-t-il annoncé. Et d’ajouter que la stratégie nationale intégrée pour les jeunes (2015-2020) a été élaborée selon une approche participative pour "mettre les jeunes au centre des politiques publiques".
Par ailleurs, le chef du gouvernement a promis plus de structures culturelles destinées aux jeunes, dont les maisons de jeunes, et d’encourager cette catégorie à lire et à accéder aux musées.
Il s’est également engagé à appuyer les jeunes écrivains à mieux faire connaitre leurs productions.
Le chef du gouvernement a, par ailleurs, souligné la conscience du gouvernement des dangers qui guettent les jeunes, notamment la drogue.
Il a ainsi annoncé la volonté du gouvernement à s’engager dans la lutte contre la drogue par des campagnes médiatiques de sensibilisation à l’échelle nationale. Et dans cette volonté, le gouvernement se propose d’être un partenaire des associations actives dans le domaine.
En parallèle, El Othmani a précisé que la réforme de l’enseignement, entre autres, sera l’une des composantes clés dans l’intégration des jeunes.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de commenter nos articles