Manque d'enseignants, classes surchargées... Le rapport accablant de la Cour des comptes sur l'école.

Manque d'enseignants, classes surchargées... Le rapport accablant de la Cour des comptes sur l'école.

ECOLE MAROC

SCOLARITÉ - La Cour des comptes vient d'adresser un rapport accablant au ministère de l'Education nationale.

Rendu public lundi 19 juin, le rapport s'attarde sur la préparation de la dernière rentrée scolaire, pointant du doigt diverses défaillances.

La rentrée 2016-2017 a été marquée "par plusieurs insuffisances qui ont compromis les conditions normales de la scolarisation", note d'emblée la Cour des comptes. Le manque d'effectifs des enseignants, évalué à 16.700 en 2016, fait partie des principaux points noirs de l'éducation nationale. Il touche davantage le milieu urbain qui enregistre 62% du déficit (10.318 enseignants) contre 38% en milieu rural (6.382 enseignants).
Si le ministère chargé de l'éducation a tenté de combler ce déficit en ressourc
es humaines au début de la rentrée dernière en recrutant (tardivement) plusieurs enseignants contractuels, "cette situation n’a pas manqué de perturber les conditions de la rentrée scolaire", estime la Cour des comptes.

40 élèves par classe
Le manque d'enseignants a en effet eu des répercussions sur l'ensemble du système éducatif. Il a notamment augmenté le taux d’encombrement des classes, évalué à 40 élèves, soit beaucoup plus que la moyenne d’élèves par classe constatée dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui oscille entre 21 élèves au cycle primaire et 23 au cycle secondaire.
Il a également mené à la suppression des groupes de travaux pratiques pour les matières scientifiques, la réduction voire la suspension de l’enseignement de certaines matières, ou l'enseignement de cours par des enseignants non spécialisés, des contractuels ou des stagiaires insuffisamment formés.
"Le ministère se penche actuellement sur le recrutement par contrat d’environ 24.000 enseignant(e)s", a rétorqué le département de Mohamed Hassad dans une réponse à la Cour des comptes. "Les besoins réels en enseignants ont été identifiés, et le processus de recrutement a été effectivement enclenché". Des concours de recrutement d'enseignants seront ainsi organisés à la fin du mois de juin dans les académies régionales de l'éducation et de la formation (AREF).

Délabrement
Autre dysfonctionnement enregistré par la Cour des comptes: la mauvaise optimisation des écoles et salles de classes, et le mauvais état général de celles-ci. Plus de 1.000 établissements scolaires et 9.000 salles ont ainsi fermé l'année dernière. 7.000 salles d'enseignement sont utilisées à d'autres fins en tenant par exemple lieu de bibliothèques, salles de réunion, archives ou locaux pour des associations.

Aussi, plus de 9.300 salles de classes sont "en situation délabrée" et certains établissements scolaires ne sont pas raccordés aux réseaux d’assainissement, d’eau et d’électricité.
La Cour des comptes note également l’absence de blocs sanitaires dans certaines écoles, des problèmes d’étanchéité et d’infiltration d’eau, l’absence de murs de clôture, et le manque d'espaces dédiés à la récréation des élèves ou de terrains de sports dans les collèges et lycées.

Une nécessaire mise à niveau des établissements scolaires
La Cour des comptes relève également un grand nombre de dysfonctionnements dans les internats, qui accueillent parfois deux fois plus d'élèves que leur capacité réelle. Les conditions de transport et de restauration des élèves, notamment défavorisés, sont jugées "inappropriées".

Plus de 7.000 établissements ne sont pas dotés de locaux réservés aux cantines et les repas sont servis dans des salles de cours ou en plein air pour 457.000 élèves.
Dans sa liste de recommandations, la Cour des comptes exhorte ainsi le ministère à "améliorer les conditions de restauration, d’hébergement et de transport des élèves bénéficiaires du programme d'appui social".
"Le ministère a fait de la mise à niveau des établissements scolaires et des internats l’une de ses principales priorités au titre de l’année scolaire prochaine 2017/2018" a répondu le ministère de l'Education nationale, qui affirme avoir lancé "un vaste programme de mise à niveau de ces espaces scolaires".

Parmi les mesures prioritaires prises par le ministère: le renouvellement du mobilier scolaire, la réhabilitation des façades et des espaces intérieurs des établissements scolaires, et le remplacement des constructions en préfabriqué.

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