Maroc : Nuit de heurts entre manifestants et policiers à al-Hoceima.

Maroc : Nuit de heurts entre manifestants et policiers à al-Hoceima.

 Al-Hoceima (Maroc), lundi 12 juin. Le mouvement de contestation ne faiblit pas et mobilise des centaines de protestataires dans la rue chaque nuit. 

Jusque là pacifique, le mouvement du "hirak" se durcit pour réclamer le développement de la région du Rif. 

Des affrontements ont opposé manifestants et policiers durant une partie de la nuit dans la ville marocaine d'Al-Hoceïma, dans la région du Rif. «Une centaine d'habitants étaient descendus (ndlr. jeudi soir) sur une avenue de la ville pour manifester. Il y a eu une intervention musclée des forces de l'ordre», a indiqué un témoin, joint au téléphone par l'AFP.

«Ils ont tapé les gens, les jeunes se sont dispersés dans les ruelles et ont commencé à caillasser, les policiers ont utilisé des grenades lacrymogènes», a précisé cette source. «Des femmes ont été violentées, des manifestants ont été blessés, (...) il y a eu des course-poursuites dans les ruelles», a accusé cet habitant.

«Le traditionnel face à face nocturne entre manifestants et forces de l'ordre a tourné à l'émeute», a rapporté le site d'info marocain Le Desk, basé à Casablanca. «Le "hirak" (ndlr. surnom de la contestation), dans l'ensemble pacifique jusqu'à présent, s'est transformé en batailles rangées avec la police, jets de pierres contre tirs de grenades lacrymogène, jusqu'au bout de la nuit», ajoute Le Desk.

La veille, des heurts avaient déjà eu lieu dans la ville, au soir de la condamnation - les premières par la justice marocaine depuis le début de la contestation il y a sept mois - de 25 jeunes manifestants à 18 mois de prison ferme, verdict qui avait suscité la colère des proches des condamnés. Les premières condamnations de mercredi «aggravent les blessures du Rif», titrait vendredi le quotidien arabophone Akbar Alyaoum (indépendant), tandis que pour le quotidien Al Massae, les condamnations ont «provoqué des affrontements». Des affrontements s'étaient produits la semaine précédente, dans la nuit de vendredi à samedi, dans la ville voisine de Imzouren.

Un mouvement de contestation qui dure depuis octobre.

La province d'Al-Hoceïma est secouée depuis octobre par un mouvement de contestation populaire qui dit lutter pour le développement du Rif, qu'il estime «marginalisée». Pour répondre à ces revendications, l'Etat marocain a relancé ou accéléré un vaste programme de projets d'infrastructures.

Mais la police a procédé depuis le 26 mai à plus d'une centaine d'arrestations, dont les principaux meneurs du mouvemen. 86 personnes ont été présentées à la justice, dont une trentaine ont été emprisonnées et sont accusées notamment «d'atteinte à la sécurité intérieure». Al-Hoceïma et des localités voisines sont, depuis lors, le théâtre de rassemblements nocturnes quotidiens pour exiger leur libération, qui se sont déroulés ces derniers jours dans un climat de plus en plus tendu face aux policiers déployés pour empêcher tout attroupement.

 AFP

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