Qui a peur de Hicham Aït Menna ?
Par Jamil-Manar
Hicham Aït Menna. Le président du Sporting Club Chabab (SCC).
La nouvelle bête noire des rajaouis, l’homme à abattre, c’est lui. Le président du Sporting Club Chabab (SCC) de Mohammedia s’est attiré les foudres des rajaouis pour avoir mis le paquet pour jouer dans la cour des grands…
Pour les supporters rajaouis, c’est la provocation de trop. Insupportable. Qui leur est restée en travers de la gorge. A leurs yeux, Hicham Aït Menna, président de Sporting Club Chabab (SCC) de Mohammedia, est allé trop loin en décidant de prendre en charge sur ses deniers personnels les frais de séjour au Maroc de la délégation du Zamalek, le club égyptien de football.
Ce déplacement s’inscrit dans le cadre du match aller que l’équipe cairote dispute le 18 octobre au stade Mohammed V contre le Raja de Casablanca en demi-finale de la ligue des champions. Dès que la nouvelle de cet acte de générosité, révélée à ses joueurs par le président de Zamelek lui-même, est parvenue dans les milieux rajaouis, les attaques contre M. Aït Menna ont repris de plus belle notamment par sites électroniques interposés mobilisés dans une vaste entreprise de dénigrement. Mais M. Aït Menna qui en a vu d’autres n’en a cure, concentré sur l’avenir de son club pour lequel il nourrit de grandes ambitions.
Pour bien des rajaouis en ébullition, il n’y a pas l’ombre d’un doute : leur nouvelle bête noire, l’homme à abattre, est prêt à chouchouter le Zamalek et même les corrompre pour faire perdre leur équipe. Trop, c’est trop. Un tacle inamical pour certains, un traître à la nation pour d’autres ! Pris pour cible, cloué au pilori, Aït Menna, qui a touché les tifosis verts au cœur, est bon selon eux pour l’échafaud. Ambiance…
En fait, cette largesse est loin d’être désintéressé. Elle procède chez Aït Menna d’un coup bien calculé lié à ses négociations avec le club cairote pour le transfert de Hamid Ahaddad. C’est cette affaire qui est en fait à l’origine de la colère des rajaouis contre le milliardaire de Mohammedia qu’ils considèrent comme le pire des affronts. Et pour cause…Ce brillant attaquant, natif d’Agadir qui a fait les beaux jours dans plusieurs clubs nationaux dont celui de Difaa Hassani Jadidi, a joué pour le Raja lors de la saison 2019-2020 dans le cadre d’un prêt concédé par le Zamalec qui est déterminé à le récupérer malgré la volonté du Raja de le garder encore. Ce que les dirigeants de Zamalec dénoncent avec vigueur auprès des dirigeants du Raja, arguant que le contrat de prêt contre la bagatelle de 550.000 dollars a pris fin le 30 juin dernier. Sauf que la pandémie du coronavirus qui s’est invitée entre-temps dans la planète foot et la planète tout court a poussé la Fifa à décréter la prolongation des prêts des joueurs.
Le président du Zamalek, Mortada Mansour, qui s’est dit décidé à défendre les droits de son club jusqu’au bout, ne l’entend pas de cette oreille. Il a indiqué que la décision de la Fifa doit faire l’objet d’un accord entre les deux clubs et le footballeur concerné. En attendant le dénouement de cette crise, l’Egyptien a exprimé son opposition farouche à la participation du joueur de 25 ans lors de la demi-finale de la Ligue des champions qui opposera les deux clubs. On verra si le club casablancais jouera le jeu… C’est dans ce contexte que Hicham Aït Menna fit son entrée, jugée très peu fair-play par les rajaouis, pour tenter de doubler le Raja dans la transaction du rachat de Ahaddad, allant jusqu’à annoncer que le deal sera conclu avant le choc Raja-Zamalek.
Rêve
Affaire sérieuse ou coup de bluff? Une chose est sûre : Hicham Aït Menna, qui n’en est pas à sa première sortie médiatique spectaculaire, est acheteur de toute action susceptible de mettre son club sous les feux de la rampe en faisant parler dans le landernau footballistique national où il s’est fait un nom en très peu de temps, lui, qui était jusque-là discret, fuyant les sunlights comme la peste. C’était avant que le coordinateur régional du RNI ne prenne les rênes du Chabab Mohammedia il y a environ 3 ans au nom du père, feu Mohamed Aït Menna, grande notabilité locale et figure respectée, qui était président du club de foot de l’ex-Fedala. L’héritier du patriarche, bien nanti en avoirs, décidé de mettre sa fortune colossale au service d’un grand rêve : la montée du Chabab, qui pointe actuellement à la 5ème position en Botola 2, en première division (Botola Pro 1). Ce rêve qu’il a longtemps caressé, il est à deux doigts de le réaliser à coups de rachats de joueurs talentueux. « Notre équipe a d’ores et déjà décroché son ticket de monter en grade », assure-t-il, une pointe de fierté dans la voix, décidé à restaurer la gloire perdue de son club. Celui-ci enfanta de grands joueurs dans les années 70 parmi lesquels Ahmed Faras, l’avant-centre, au pied magique, le plus doué de l’histoire du football national. L’ascension du Chabab sous la férule d’un président qui ne lésine pas sur les moyens, déterminé dans ses choix et sa stratégie de reconquête, fait peur au Raja qui commence à vaciller sur ses bases et craindre même pour son monopole footballistique…
Supporters et dirigeants des Aigles verts ont appris à se méfier de celui qui a failli racheter en mai 2020 un club de foot français de la ligue 2 (L’ESTAC de Troyes) et leur fait concurrence sur le transfert des joueurs en leur coupant l’herbe sous le pied. Comment ? En offrant le meilleur deal au joueur. Cela s’est passé avec le capitaine de l’Olympique de Safi Mohamed El Mourabit, convoité par le Raja, que Aït Menna a réussi à convaincre pour venir dans son équipe. Un beau dribble qui a enragé davantage les rajaouis habitués jusqu’ici à s’endormir sur leurs lauriers en profitant d’une rente de situation que leur assurait la réputation du club.
« Tout ce qui agace le Raja dont il a accusé le président Jawad Ziat de l’avoir traité lui et son club par-dessus la jambe, Aït Menna est preneur », explique un observateur du foot national qui rappelle que le président du SCC de Mohammedia, histoire lui rendre la pareille, a offert son aide au club rival, le Wydad de Casablanca qui l’accepté de bon cœur. « Cette manière qu’il a de parler cash et d’aller droit au but dérange dans le milieu », renchérit un proche du président du Chabab. « Désormais, le Raja ne doit pas seulement compter avec le Wydad mais aussi avec le Chabab Mohammedia », ajoute notre interlocuteur. « Hicham Aït Menna agit en grand joueur doté de vision et il a ceci de différent qu’il investit de sa poche contrairement à de nombreux de ses pairs qui espèrent tirer profit de leur poste », croit savoir un ancien footballeur. Le match entre Ziat et Aït Menna ne fait que commencer…
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