Génération « Tcharmil », l’avenir du Maroc en péril.

Génération « Tcharmil », l’avenir du Maroc en péril.

 

Les faits sont là et faire l’autruche ne réglera pas le problème : une génération de Marocains au moins est sacrifiée et l’avenir du pays s’annonce difficile dans cette perspective. 
Les causes et les symptômes sont tellement nombreux qu’il parait impossible de s’y attaquer. 
Et pourtant, certains constats sont sans appel. 

Le Maroc est divisé en deux entre ceux qui profitent du développement économique (relatif) et ceux qui constituent l’écrasante majorité, et qui en sont exclus. Les premiers voient le verre à moitié plein et se félicitent des avancées que le pays a connu ces dernières années, expliquant que sans ce développement, le pays n’a aucun avenir. Les seconds vivent dans un autre Maroc, non pas profond, rural et agricole comme il y a 20 ou 30 ans, mais au contraire celui d’une réalité beaucoup plus amère et anxiogène pour l’avenir. 

Ce Maroc est celui d’une jeunesse sans éducation, de ghettos urbains à la limite de la salubrité, dans une violence quotidienne, une profonde pauvreté et l’absence de perspectives ou d’horizon.
 
Le BAC, pour quoi faire ?

Chaque année, nous apprenons à la même période que la moitié des candidats ont obtenu leur sésame du Baccalauréat. 
Mais à supposer que ceux-ci peuvent prétendre à un avenir, personne n’est capable de nous dire ce que deviendra l’autre moitié de ces jeunes, qui est en échec définitif. 
Et chaque année encore, cette population augmente inexorablement… 
Et le pire, c’est qu’on focalise l’attention sur ceux qui sont restés dans le système éducatif jusqu’au BAC. 
La conséquence directe pour la société marocaine et le pays tout entier est le désœuvrement.

Nos ainés évoquent de plus en plus souvent la nostalgie d’un Maroc récent où les lieux publics étaient propres, les mœurs tolérantes et les gens éduqués. Mais, l’exode rural et la croissance démographique n’ont pas été accompagnés d’une politique éducative cohérente et même élémentaire. 
De Tanger à Lagouira, le Maroc se salit, les sabres sont brandis, les femmes maltraitées, les jeunes laissés pour compte, sans que personne ne s’en émeuve suffisamment pour que les choses changent.

Alors oui, les infrastructures sont bien là, les Marocains sont connectés au web via leur mobile, prennent l’autoroute, le tram et bientôt le TGV. Mais nous n’irons pas bien loin avec des infrastructures et un peuple dont au moins 2 générations sont sans éducation. Alors que l’analphabétisme était soi-disant le grand frein au développement du pays, paradoxalement l’absence d’éducation l’a tout bonnement remplacé. 

Sur le web, nos compatriotes ne consomment presque exclusivement que des contenus à caractère violents ou diffamatoires sans aucun discernement, sans aucune notion du bien et du mal, et les hommes passent un temps incroyable sur les sites pornographiques. Pas étonnant dans ce contexte que la réaction de certains, face à un viol, soit que la victime l’a cherché ou mérité parce qu’elle n’était pas assez bien vêtue à leur goût.

Reste-t-il de l’espoir ?
Pouvons-nous faire quelque chose pour espérer que nos enfants ne vivent pas dans un pays défiguré par la médiocrité, la corruption et les instincts les plus vils ?
Quelle stabilité de nos institutions pouvons-nous espérer si les inégalités se creusent encore plus, non pas seulement sur les moyens financiers mais aussi sur les droits les plus basiques que le droit à la santé, à l’éducation, à l’emploi ?

L’éducation n’est pas juste un concept, un vain mot, c’est le socle d’une société qui se tolère et qui sait vivre ensemble. Il faut des idées, des plans d’actions, des financements et des résultats, le plus vite possible. Réintroduire par exemple le service militaire ou au moins une forme de redressement forcé pour certains jeunes dont le destin tracé est la délinquance. 
Un service civil pour permettre à ceux qui ont la chance d’avoir une meilleure situation intellectuelle et financière de contribuer de manière durable à l’éducation et la formation des générations futures. 
Puisque la religion est le liant de tous les Marocains, pourquoi ne pas utiliser les mosquées pour rappeler à nos concitoyens qu’on ne peut pas faire ses ablutions 5 fois par jour et jeter des ordures dans tous les lieux qu’on fréquente ? 
Ou encore rappeler aux croyants la relation qu’avait le prophète avec son épouse et ses filles, ou encore que si le Coran dit que le Paradis est sous le pied des mères, cela ne signifie pas que toutes les autres femmes méritent d’être brimées, maltraitées, violentées ou agressées…

Oui à la tenue des plus grands festivals de musique du monde pour offrir à nos compatriotes une ouverture à laquelle ils n’ont pas accès facilement, mais pas lorsqu’ils n’ont pas comment, ni où, se soigner et que les écoles sont délabrées. Si les pouvoirs publics sont dépassés, que l’action du gouvernement est inefficace, c’est la conscience citoyenne des Marocains qui doit combler le vide. 
Ce sont les entreprises qui doivent investir dans leur environnement non pas pour satisfaire aux critères de tel label de qualité pour leur RSE mais pour prendre à corps des problèmes qui sont l’affaire de tous. 
La mobilisation de tous est nécessaire car personne ne sera épargné…

Par Zouhair Yata

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