Égypte : 8 ans de prison pour une touriste qui a dénoncé le harcèlement sexuel. !!!

Égypte : 8 ans de prison pour une touriste qui a dénoncé le harcèlement sexuel. !!!
Égypte : 8 ans de prison pour une touriste qui a dénoncé le harcèlement sexuel

Le tribunal du Caire a condamné ce samedi une touriste libanaise à huit ans de prison après la diffusion d’une vidéo dans laquelle elle dénonçait le harcèlement sexuel en Égypte. 
Un phénomène pourtant connu qui entache l’image du pays à l’international depuis plusieurs années.
En mai dernier, Mona Al-Mazbouh, une touriste libanaise en vacances en Égypte, avait publié une vidéo sur Facebook, devenue rapidement virale, dans laquelle elle dénonçait le harcèlement sexuel dans les rues cairotes. 
La Libanaise accusait aussi les Égyptiens de « vol et arnaque » suite à un incident au cours duquel on lui aurait dérobé de l’argent, et allant même jusqu'à traiter l’Égypte de « pays de salopards ». 
Des propos qui ont révolté l’opinion publique et poussé les Égyptiens à appeler à son arrestation sur les réseaux sociaux et à porter plainte. Face à l’ampleur de la polémique, elle avait alors diffusé une autre vidéo en s’excusant et en affirmant que son intention n’était pas d’insulter « tous les Égyptiens ». Des explications qui n’auront pas suffi à calmer la colère puisqu’au moment où elle quittait le territoire, Mona Al-Mazbouh a été arrêtée à l’aéroport du Caire et mise en examen.
Ce samedi, la touriste a été reconnue coupable d’avoir « porté atteinte au peuple égyptien », de « propagation de fausses rumeurs » et « d’atteinte aux religions ». Condamnée en premier lieu à onze ans de prison, son jugement a été revu à la baisse une heure plus tard selon des sources judiciaires.

Le harcèlement sexuel, un fléau post-révolution.

Longtemps considéré comme « incidents isolés » par les autorités égyptiennes, le harcèlement sexuel est pourtant un véritable fléau en Égypte. Il s’est considérablement amplifié post-révolution en 2011. Ainsi, selon une étude de l’ONU, 99% d’Égyptiennes ont été victimes de harcèlement et ce malgré les plaintes des victimes, les autorités ont longtemps fait la sourde oreille. Mais en juin 2014, à l’issue de plusieurs années de combat, l’Égypte a enfin adopté une loi criminalisant le harcèlement sexuel. Une évolution due aussi à la recrudescence des cas d’agressions sexuelles, spécifiquement pendant les manifestations « Place Tahrir », qui ont choqué l’opinion publique. L’une des agressions les plus tristement célèbres s’était justement déroulée en juin 2014. 
La vidéo montrait une manifestante nue, en sang entre les griffes de dizaines d’hommes qui l’encerclaient pendant que les policiers essayaient de la sauver. Ces images révoltantes avaient fait le tour des réseaux sociaux et des médias internationaux. 
L’information, largement partagée, avait même poussé le président Sissi, alors fraîchement élu, à rendre visite à la victime et à s’engager dans la lutte contre le fléau. D’ailleurs, un mois plus tard, sept hommes étaient condamnés à la prison à vie et deux autres ont écopé de 20 ans de prison, pour des agressions sexuelles « Place Tahrir ». Des condamnations exemplaires qui ont porté leurs fruits selon certains observateurs locaux, les harceleurs étant devenus plus « frileux » et les agressions à l’encontre des femmes dans les rues ayant diminué.

Mais, si l’exemplarité des condamnations a quelque peu freiné le fléau, les Égyptiennes estiment encore aujourd’hui que le changement n’est pas « assez rapide ». Ces femmes continuent de dénoncer le harcèlement sexuel notamment sur les réseaux sociaux, devenus une sorte d’exutoire face à l’impassibilité des autorités vis-à-vis d’un phénomène qui ternit tous les ans l’image de l’Égypte à l’international.
Pour information, l’avocat de Mona Al-Mazbouh a fait appel et une audience se tiendra le 29 juillet, selon un responsable au parquet cité par nos confrères de RTL.

Commentaires