Plaidoyer d’un corrompu.


 Plaidoyer d’un corrompu.

Au Maroc, la corruption est plus qu’un phénomène de société, elle est devenue une institution. 
D’ailleurs, très peu de gens peuvent se targuer de n’avoir jamais eu recours à cette pratique qui fait désormais partie de nos us et coutumes.
Elle est tellement ancrée en nous, que la perspective de son éradication me donne froid au dos. Je n’arrive pas à concevoir un quelconque rapport avec le Moqadem, le Caïd, le policier, le gendarme, et autres agents de l’autorité que via le prisme corrupteur-corrompu. 
Du coup, un Maroc sans corruption est une affaire qui m’angoisse au plus haut point. Mais avant de juger injustement ce phénomène de société, prenons le temps de penser à certains de ses avantages.
Tout d’abords, ce fléau a le mérite de ne pas être discriminatoire, il est justement réparti dans toutes les couches de la société. La corruption s’est même hiérarchisée au point qu’aujourd’hui il ne faut surtout pas confondre le corrompu à col blanc et le corrompu à chaussettes trouées, car ça serait manquer de respect au premier.
Ensuite, la corruption au Maroc permet de repousser les limites du réalisable et du légal, et c’est grâce à elle que le  « yes, we can » purement américain, peut se conjuguer aujourd’hui à la marocaine.
Coté relationnel, la corruption rend les ambiances dans nos administrations plus chaleureuses et plus humaines. 
Elle permet aux plus faibles de prendre leur revanche sur les hauts fonctionnaires dont l’arrogance n’a d’égal que leur cupidité, et qui devant quelques billets se métamorphosent à vue d’œil de fauve rugissant en chaton ronronnant.
Coté économique et social, la corruption permet à bien des personnes d’arrondir leurs fins de mois. 
Et si elle se contente de subvenir aux besoins alimentaires des uns, elle permet en revanche à d’autres d’accéder à l’opulence.

Devant tant de points positifs, vouloir lutter contre ce phénomène sans rien faire pour l’enseignement, qui arrive 135éme mondial, relève d’une corruption de l’esprit de synthèse de nos dirigeants. Parole de corrompu.

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