Le coût de production des détergents s'envole !
Au terme d'une enquête réalisée de façon confidentielle auprès de ses adhérents - qui représente 80% des industriels du secteur - l'Afise (Association française des industries de la détergence) tient à alerter sur le contexte très difficile auquel font face les professionnels de l'hygiène.
« Beaucoup d'experts pensaient que la situation serait passagère. Mais depuis la fin de l'été dernier la conjoncture est très compliquée, eu égard notamment à l'augmentation du prix des matières premières.
Les conclusions de l'enquête menée auprès de nos adhérents, très représentatifs de ce secteur d'activité, montrent qu'aucune matière première n'est épargnée : Tensio-actifs, éthanol, solvants, substances actives biocides...
Par rapport aux six derniers mois la hausse s'échelonne entre 5% et 35% selon les produits, et si l'on compare à 2020 la progression varie de 10% à 45% ! » détaille Virginie d'Enfert, directrice générale de l'Afise.
Un coefficient multiplicateur de 7 à 10
Une spirale inflationniste qui se traduit aussi par une augmentation de 8% à 45% du prix des emballages plastiques, le plus souvent incontournables, mais également par une explosion du coût d'acheminement depuis l'Asie de certaines matières premières avec un coefficient multiplicatif de 7 à 10. Une hausse des prix qui s'accompagne de réelles difficultés d'approvisionnement, imposant aux fabricants des solutions alternatives intéressantes mais souvent limitées.
« Après la très forte demande en produits biocides rencontrée en 2020 la situation est redevenue plus conforme à la normale. Même si les besoins sont très importants notamment dans le secteur agricole avec la flambée de la grippe aviaire. Il n'en demeure pas moins que toutes les équipes de nos adhérents sont sur le pont pour faire face aux problèmes d'approvisionnement, de logistique pour livrer les clients, mais également de formulation des produits.
Compte tenu de l'explosion du prix des matières premières et des fluctuations de leur cours au jour le jour, un pourcentage significatif de nos adhérents ont pu décider de façon autonome de s’engager dans la reformulation afin de substituer des ingrédients en forte tension » poursuit la dirigeante de l'Afise,
Si les fabricants peuvent reconnaitre l'impérieuse nécessité de procéder à des hausses de tarifs ils les jugent toutefois « raisonnables ». En entamant leurs marges les industriels risquent de limiter ainsi leur capacité d'investissement en 2022 et notamment leur marge de manœuvre en matière de recrutements.
Comité de crise sur les approvisionnements
Le Gouvernement vient de décider d’élargir les missions du « Comité de crise sur les délais de paiement », mis en place en mars 2020, aux tensions d’approvisionnements. Cette instance, créée pour lutter contre les mauvaises pratiques des acteurs privés et publics, a montré son efficacité, selon le bilan dressé par Bercy. Elle s'attaquera désormais aux questions d'approvisionnements (matières premières, composants électroniques, etc.) qui impactent actuellement de nombreux secteurs avec des délais de livraison allongés, des prix en hausse ou des ruptures. « Ce comité permettra, en premier lieu, de détecter les comportements anormaux d’acteurs économiques structurants, privés ou publics, susceptibles d’accroître significativement les tensions du marché, par remontées d’informations, notamment des organisations professionnelles. Il traitera les situations critiques en toute confidentialité vis-à-vis des acteurs identifiés, en privilégiant le dialogue avec ces derniers et en visant la recherche d’une solution équilibrée. Enfin, il valorisera les comportements solidaires et les bonnes pratiques notamment en termes d’achats responsables » détaille le ministère de l'Economie dans un communiqué.
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