Macron veut préparer les Français à des temps encore plus difficiles
Emmanuel Macron a prévenu mercredi les Français que les prochains mois seraient difficiles, parlant de « la fin de l’abondance », juste avant une rentrée qui pourrait être mouvementée, les conséquences socio-économiques de la pandémie et de la guerre en Ukraine se faisant sentir.
« Le moment que nous vivons peut sembler être structuré par une série de crises graves (…) Je crois pour ma part que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une allocution devant ses ministres, exceptionnellement retransmise.
Citant les effets de la guerre en Ukraine, débutée il y a six mois jour pour jour, et de la crise climatique, il a mis en avant « la fin de l’abondance », que ce soit « des liquidités », « des produits de technologie », des matières premières ou de l’eau.
Chaîne de production perturbées par la pandémie, inflation dopée par la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation du fait de la guerre en Ukraine, hausse des taux d’intérêt qui renchérit le coût du crédit… Les ménages français sont sous pression, et l’horizon ne promet pas d’embellie.
Pire, la perspective d’une explosion des prix de l’énergie pendant l’hiver risque de limiter leur capacité à se chauffer, et les marges budgétaires du gouvernement pour les y aider ont été réduites par les dépenses engagées, depuis deux ans, pour amortir l’impact du Covid-19 sur l’activité.
Le président français avait déjà annoncé en juillet vouloir préparer un « plan de sobriété » énergétique pour la France.
Les Français sortent aussi d’une période estivale marquée par une canicule et une sécheresse historiques, révélateurs de l’effet du réchauffement climatique.
Réaction du peuple ?
Face à ce changement de paradigme, et alors que la France se souvient du mouvement des Gilets Jaunes, creuset des colères d’une partie de la population survenu dès l’automne 2018 et ponctué de manifestations violentes, Emmanuel Macron a souligné que « nos compatriotes peuvent réagir avec beaucoup d’anxiété ».
Il a donc appelé son équipe gouvernementale au « respect de la parole donnée et des engagements » pris.
« Le mécontentement est là », prévenait lundi sur la radio France Inter l’économiste Philippe Moati, relevant que selon un sondage de son institut Obsoco en juin, la part des Français qui soutiennent le mouvement des Gilets jaunes est remonté à 60%, autant qu’au plus fort de la mobilisation, en février 2019.
Dans ce contexte, opposition de gauche et syndicats ont critiqué les déclarations du président, largement réélu en avril, mais privé d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale en juin.
« C’est un message décalé. Quand on parle de fin de l’abondance, je pense aux millions de chômeurs, aux millions de précaires », a réagi le patron du syndicat CGT (Confédération générale du travail), Philippe Martinez sur la chaîne d’informations BFMTV.
« Est-ce qu’on demande de nouveaux sacrifices ? Lui, il va les demander. Nous, on va s’y opposer », a prévenu le leader syndical.
Plusieurs organisations ont lancé un appel à la grève et à la mobilisation le 29 septembre.
« Non mais on rêve ! Comme si les Français avaient manqué de soucis et s’étaient trop gavés. 10 millions de Français pauvres à cause de l’insouciance du Président Macron et de la prédation des riches », s’est indigné le secrétaire général du Parti communiste français, Fabien Roussel, sur Twitter.
Alors que certains grands pays européens, Italie et Espagne, vont avoir des élections générales prochainement, Emmanuel Macron a aussi mis en garde contre « la fin des évidences », comme la « démocratie, les droits de l’Homme ».
Le régime démocratique libéral occidental semble s’éroder face aux modèles illibéraux et à certains mouvements politiques dans leurs propres populations.
Enfin, le président français a évoqué la menace cyber dans un contexte où les attaques se multiplient et pourraient encore augmenter cet automne, selon certains observateurs.
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