Sénile, le chef d’état-major de l’armée algérienne radote.
Le 04/08/2021 à 18h03
Le général Said Chengriha, chef d’état-major de l’armée algérienne, vient de choisir un autre épisode des luttes et valses interminables des généraux locaux, pour débiter sa rengaine sur de prétendus complots contre l’Algérie. Ses radotages sont emblématiques du chibanisme du pouvoir en Algérie.
La gendarmerie algérienne a un nouveau et énième patron. Le 3e en moins de deux années. Et c’est bien évidemment le chef d’état-major de l’armée algérienne qui l’a nommé, le décret signé par le président algérien n’étant qu’une formalité, puis l’a installé dans ses fonctions ce mardi 3 août 2021.
Une occasion saisie par Said Chengriha, qui a fêté ses 76 ans révolus le 1er août, pour sortir un vieux disque rayé afin de débiter la rengaine qu’il ressasse depuis sa nomination à la tête de l’armée algérienne, il y a moins de deux ans.
A savoir que des «complots» imaginaires menacent l’Algérie de toutes parts.
«Je voudrais souligner en cette occasion, que les complots et les manœuvres qui se trament contre l'Algérie, et les conspirations échafaudées contre son peuple, desquels nous n'avons cessé de mettre en garde à maintes occasions, ne sont pas le fruit de l'imagination comme prétendent certains sceptiques, mais sont une réalité désormais évidente et manifeste, dont les dessous sont connus par tous», a-t-il déclaré devant un auditoire tout en vert-kaki.
Même si les médias algériens qui ont rapporté ce discours ont mis en exergue la crise politique et sanitaire en Tunisie, l’instabilité en Libye, le terrorisme au Niger et au Mali, pour donner l’impression d’une Algérie «encerclée», Chengriha n’a fait référence, même si c’est indirectement, qu’au Maroc, qu’il accuse de vouloir se «venger» de l’Algérie.
Il a ainsi ajouté que «la campagne intense et acharnée ciblant notre pays et son armée, à travers certaines tribunes médiatiques étrangères et réseaux sociaux, n'est que la partie émergée de cette guerre perfide déclarée contre l'Algérie, en guise de vengeance pour ses prises de position immuables envers les causes justes, son engagement à préserver sa souveraineté nationale, et ses décisions libres et affranchies de toute forme de soumission ou sujétion».
Tout cela pour dire que l’armée algérienne, pourtant très contestée pour sa corruption et sa mainmise mafieuse sur le pays depuis l’indépendance, va «contrecarrer» tous ces prétendus complots.
Cette nouvelle sortie médiatique a cependant eu le mérite de mettre à nu la soumission de la présidence algérienne et autre gouvernement à l’état-major de l’armée. En effet, bien avant la cérémonie d’installation du nouveau commandant de la gendarmerie par Said Chengriha, la présidence algérienne a sorti auparavant un communiqué, dans la même journée du mardi 3 août, annonçant la réunion, ce mercredi 4 août, du Haut conseil d’Etat algérien.
On peut y lire que «le président de la République, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale, M. Abdelmadjid Tebboune présidera, mercredi, une réunion périodique du Haut conseil de sécurité, consacrée à l'examen et au suivi de la situation générale prévalant dans le pays sur les plans, sécuritaire et sanitaire, ainsi qu'aux préparatifs pour les prochaines échéances locales».
Or, toute cette thématique a été abordée par Said Chengriha, bien avant la réunion du Haut conseil de sécurité, reléguant ainsi le Président et ses principaux ministres au simple rang d’exécutants de ses ordres. Chengriha a ainsi doublé le Haut conseil de sécurité algérien, présidé par Abdelmadjid Tebboune, et dont sont membres les ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Justice et des Finances, en plus bien sûr le chef d’état-major de l’armée.
Au lieu donc de se limiter à présenter les orientations et la feuille de route du nouveau commandant de la gendarmerie algérienne et les défis qu’il aura à affronter, Said Chengriha s’est substitué à tous les hauts commis de l’Etat algérien.
Mais ces nouveaux radotages d’un général sénile, diminué et malade, ont le mérite de mettre à découvert une armée, malade du chibanisme des hommes qui la dirigent.
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